La réforme du système éducatif doit être l'apanage des spécialistes des sciences de l'éducation qui doivent prendre en considération les réalités sociologiques de l'Algérie. C'est ce que préconise le coordonnateur du Snapest qui estime que l'école algérienne est en train de recycler l'échec. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Au moment où les discussions sur la «réforme de la réforme» sont en cours, le coordonnateur du Snapest avertit : il ne s'agit pas de faire dans la précipitation mais d'aller doucement en respectant des objectifs non seulement pédagogiques mais idéologiques également. Invité de la rédaction de la Chaîne III, Meziane Meriane a rappelé comment l'école fondamentale avait instrumentalisé les institutions scolaires à des fins politiques et aura été à l'origine de la décennie noire. La réforme de 2003 est venue corriger les bavures constatées dans l'école fondamentale notamment en matière d'éducation religieuse qui a été mise entre les mains d'enseignants qui ne l'ont pas utilisée de manière pédagogique, rappelle-t-il. Qu'en est-il des recommandations de la commission Benzaghou ? Meziane Meriane rappelle que cette dernière n'a été appliquée que partiellement et affirmer qu'aujourd'hui cette dernière est dépassée est faux tout comme il s'étonne que l'approche par compétence soit abandonnée alors qu'elle opérait une rupture entre l'ancien et le nouveau système. Comment sortir l'école du marasme dans lequel elle se trouve actuellement ? Pour Meziane Meriane, il y a au moins deux volets prioritaires. Le premier consiste à choisir le modèle d'école que l'Etat algérien veut. Aucun modèle importé, dit-il, ne sera une réussite s'il n'est pas adapté à la sociologie de l'Algérie. Idem pour les manuels qui peuvent véhiculer une idéologie contraire à celle que voudrait véhiculer le système éducatif si une attention particulière n'y est pas apportée. Autre volet important de ce que devraient être les solutions urgentes, la formation des enseignants. Il n'est plus possible, dira Meriane, de recruter dans le tas des universitaires n'ayant aucune connaissance en matière de pédagogie et de psychologie. Le bagage scientifique à lui seul ne suffit pas à faire face à une classe. C'est pour cette raison qu'il plaide pour un retour en force des ITE qui ont par le passé fait un travail colossal en matière de formation des formateurs. La mauvaise formation des formateurs est à l'origine de 50% des échecs scolaires. Pour gagner la bataille de la qualité, Meziane Meriane préconise une spécialisation précoce des enfants en fonction de leurs compétences afin d'éviter des déperditions et des orientations anarchiques, avant de conclure que le taux de réussite de 70% au baccalauréat n'est pas le reflet d'une amélioration du niveau car, estime-t-il, il est tout à fait possible d'élaborer des sujets qui garantissent jusqu'à 80% de réussite.