Plus de 648 500 élèves ont passé hier l'examen de fin de cycle primaire. L'épreuve imposée à des élèves de 10 ans n'est-elle pas un examen de trop ? Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – La ministre de l'Education nationale a déclaré au cours de cette semaine qu'une réflexion est en cours pour que l'examen de la 5ème année primaire devient «un simple test national qui permette de diagnostiquer la situation et le niveau de l'élève». Y a-t-il lieu de supprimer l'épreuve de fin de cycle primaire ? Selon le pédagogue en sciences de l'éducation, Badrina Mohamed Larbi, le système éducatif finlandais occupe la première place du classement mondial de l'Unesco. Un classement «du premier élève de meilleure qualité d'enseignement » qu'il occupe depuis vingt ans. Une performance que la Finlande a réalisé, explique ce pédagogue, sans instaurer l'examen de la sixième (fin de cycle primaire). Mieux, un élève finlandais passe son premier examen à l'âge de 16 ans. L'élève en Finlande entame sa première année scolaire à l'âge de sept ans. De l'âge de sept ans jusqu'à l'âge de dix ans, le système éducatif finlandais ne s'occupe que de l'éducation de l'enfant et des principaux fondements de sa personnalité. La même méthode est adoptée par le Japon, selon M. Badrina. Jusqu'à l'âge de dix ans, leur système ne s'occupe que de l'épanouissement de la personnalité de l'enfant. D'ailleurs, dit-il, les systèmes éducatifs japonais et finlandais sont basés tous les deux sur une éducation de l'industrie. Le système éducatif algérien, dit-il, est inspiré du système français. Sauf qu'en France, l'examen de fin de cycle primaire n'est qu'une formalité évaluative du parcours de l'élève. Selon M. Badrina, il ne faut pas donner de l'importance à l'examen de fin de cycle primaire, mais il faut plutôt instaurer un système de compétence. Les conseillers pédagogiques, dit-il, seront chargés d'évaluer juste les compétences intellectuelles de l'élève. D'ailleurs, poursuit-il, selon les rapports internationaux, l'enfant algérien avant sa scolarisation possède les mêmes compétences que les autres enfants de par le monde. Mais le système éducatif algérien, déplore-t-il, repose sur un travail de mémoire au détriment de l'innovation et la création. Mezaïne Meriane, coordonateur du Snapest Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) estime aussi de son côté que cet examen n'a aucune raison d'être. Il trouve, d'ailleurs, qu'il y a une contradiction avec cet examen du moment que la législation algérienne stipule que la scolarisation est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. Le syndicaliste s'interroge comment garder un adolescent de 16 ans dans le cycle primaire avec un enfant de 6 ans ? Meriane propose deux options : soit aller vers la suppression définitive de cet examen du moment que la scolarisation est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans, soit penser à une autre solution pour placer ces adolescents de 16 ans, ayant un déficit intellectuel, dans des classes spéciales, pour éviter qu'ils soient dans la même classe que les élèves de dix ans. Meriane a précisé que l'examen de fin de cycle primaire doit être juste une simple évaluation. «L'examen de fin de cycle primaire, dans les autres pays, est beaucoup plus une évaluation de la réforme du système scolaire que l'évaluation de l'enfant lui-même. On teste uniquement, à travers les notes de l'enfant, les résultats de la réussite ou l'échec de la refonte scolaire» a-t-il souligné. La ministre de l'Education nationale, avec la suppression, cette année, de la session de rattrapage pour les élèves de 5e année primaire, a mis fin à une tradition instaurée depuis une dizaine d'années. Benghebrit ne s'arrête pas là et annonce d'autres réformes.