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La pédagogie, un volet négligé dans notre système éducatif
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 10 - 2013

La formation est un enjeu pour tous les pays. Elle est un levier d'équilibre et un élément de développement économique et culturel, et contribue à la promotion sociale. Mais une formation sans pédagogie reste vouée à l'échec.
Qu'est-ce que la pédagogie ?
Dans son ouvrage intitulé Emile ou De l'éducation (1762), Rousseau définit la pédagogie comme étant «l'art de former les hommes» (préface). Et Emile Durkheim ajoute que «la pédagogie est une théorie pratique», comme la médecine ou la politique. La pédagogie est à la fois une théorie et une pratique : une théorie ayant pour objet de réfléchir sur les systèmes et sur les procédés d'éducation, en vue d'éclairer et de diriger l'action des éducateurs. De nos jours, les théories et pratiques de l'éducation scolaire en Algérie laissent à désirer. A l'aune des classements internationaux, notre pays a enregistré un recul considérable. L'échec particulièrement lourd en premier cycle universitaire alimente la déception et l'inquiétude des étudiants, parents et enseignants. Ma démarche aujourd'hui est de pointer la réalité qui dépasse de loin les histoires qu'on s'invente pour se rassurer. Elle ne vise à blâmer personne en particulier car nous sommes tous à blâmer si on considère le vide abyssal dans la recherche concernant l'évaluation du système de formation.
le sens de pédagogie dans nos écoles qui renvoie davantage à la manière dont va se faire la formation d'un élève/étudiant qu'au contenu proprement dit de cette formation. C'est une pédagogie qui privilégie la démarche didactique de l'enseignant en oubliant le système d'appropriation du savoir de l'élève. Si le triangle pédagogique qui représente trois pôles : l'enseignant, l'apprenant et le savoir, porte le regard sur l'aspect irréductible de la conception de l'acte d'enseigner, il donne aussi une image de la complexité de cette situation dans notre pays. Dans son approche orientée par une préoccupation de quantité plutôt que de qualité, il a conduit au délaissement et à la déconsidération de la fonction de transmission de savoir de l'école. Résultat : nos enfants sont pris dans l'idée d'obligation scolaire et ont perdu toute motivation.
L'esprit critique et créatif, l'un des piliers du curriculum, est jeté aux oubliettes. Dans notre souci de faire vite, nous n'avons, hélas, pas «formé» des hommes. Nous les avons déformés. Nous avons façonné de petits perroquets, des automates et en voulant leur inculquer un savoir, nous avons fait en quelque sorte des illettrés. Comment pourraient-ils un jour impacter leur communauté ? Comment pourraient-ils participer à la dynamisation du tissu économique et social de leur pays ?
Comment expliquer cette chute abyssale de l'école algérienne ?
Le rôle du médiateur : le maître
Considérons ces analogies : si la performance d'une voiture ne dépend pas tant de sa puissance que des compétences du conducteur et si l'intelligence est la puissance de la voiture, alors un enseignant est la compétence qui utilise cette puissance. Si nous poursuivons l'analogie de la voiture, nous aboutissons à deux conclusions essentielles :
1- Si vous avez une voiture puissante, vous devez améliorer vos compétences de conducteur. Sinon, vous ne profiterez pas pleinement de la puissance disponible. Vous risquez également de représenter un danger pour les autres.
2- Si vous avez une voiture moins puissante, vous devez aussi améliorer votre niveau de conduite afin de compenser le manque de puissance.
3- Les apprenants sont des graines, qui selon les espèces, ont des caractéristiques différentes. C'est la connaissance de ces différences que le responsable d'une station de semences, ici l'enseignant, va mettre à profit pour séparer et éliminer les graines étrangères et les grains malades. A chaque étape du processus de «fabrication», des analyses sont réalisées pour orienter le choix et le réglage des «appareils». Et c'est cette réussite du triage que j'appellerais «Pédagogie» avec un grand «P».
De même si le terme «enseigner» est une façon de transformer l'information en Savoir, la pédagogie serait donc le «traitement du texte», soit la transformation de l'Information par la pratique relationnelle et l'action de l'enseignant en classe. Par conséquent, il y a là une forme de contrat pédagogique. Ce qui amène à dire que l'enseignement ne peut produire ses fruits que s'il y a accord entre l'enseigné et l'enseignant et surtout les programmes. Faire preuve de pédagogie signifie donc l'aptitude à transmettre un savoir ou une expérience par l'usage des méthodes les plus adaptées à l'audience concernée, d'une part, et au processus de formation et des objectifs à atteindre, d'autre part.
Quels sont donc les fondements de la pédagogie ?
Poser une telle question, c'est aussi remettre en cause le rôle de l'enseignant et surtout le contenu des programmes qui restent dominés par l'enseignement traditionnel et la scolastique. Mais c'est aussi reconnaître qu'il doit se créer une interaction entre le maître et l'apprenant. Celle-ci est d'autant plus riche et gratifiante qu'elle permet une meilleure compréhension et une meilleure assimilation du contenu. Cette question permet donc de poser la pédagogie en termes de communication et remet en cause la relation traditionnelle d'autorité entre celui qui enseigne, qui possède la connaissance, le maître absolu (The Absolute Master) comme l'appellerait Jacques Lacan, et celui qui reçoit passivement cet enseignement.[1] Ainsi on passe de la passivité à l'interactivité. Un autre paramètre inexistant dans nos écoles est le développement de l'autonomie de l'apprenant. Comment peut-on former des chercheurs si on ne leur apprend pas «comment chercher» ? Bien sûr, on demande à nos enfants déjà dans le primaire de faire des «recherches» mais à quoi aboutissent-elles puisque l'enfant télécharge l'information de l'Internet et est bien noté par l'enseignant ? Et souvent, ce sont les mamans qui sont mises à rude épreuve car elles se voient retourner à l'école dès que leurs enfants sont scolarisés. Il en va de même à un niveau universitaire. Combien de thèses ont été plagiées ? Est-ce la faute de l'étudiant ? Je répondrais que les choses sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui car il y a une grande défaillance dans le domaine de la pédagogie. De par ma grande expérience dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, il m'a été donné de constater que l'étudiant est avide de savoir et ne demande qu'à apprendre à travailler. Est-ce la faute de l'enseignant ? Pas tout à fait. Comment un enseignant peut-il être efficace si on lui assigne des enseignements qui n'ont rien à voir avec ses qualifications ? Un agriculteur ne peut pas être médecin s'il n'a pas reçu la formation de médecin et vice-versa. Comment un enseignant peut-il être un enseignant s'il n'a pas été formé en ce sens ? Un autre facteur qui a contribué à la baisse du niveau en Algérie est le contenu des programmes qui ne répond pas aux réalités algériennes, voire même aux réalités humaines de par la surcharge des emplois du temps des apprenants. A quoi riment toutes ces matières, tous ces modules s'ils n'aboutissent à aucun résultat ?
Comment rendre donc l'enseignement plus efficace ?
Afin d'impulser un véritable mouvement de réussite, je n'insisterai que sur deux points :
1- Il faut démocratiser l'enseignement : tout ça n'est pas magique, la démocratisation du supérieur sera la résultante de la démocratisation des scolarités. Contrairement à l'air du temps, très élitiste, qui veut qu'on démocratise par le haut, il faut démocratiser par le bas. C'est évident sur le long terme. Cela signifie que la priorité doit être donnée aux petites classes. Il faut donc s'attaquer au problème d'échec scolaire dès le primaire : tant que les élèves ne savent pas bien lire et compter en fin de primaire et qu'on n'a pas résolu les difficultés scolaires très en aval, on ne progressera pas. Il y a trente ans, être bachelier était «la» référence. Aujourd'hui, l'image du bac est brouillée. Bien sûr, si on regarde les chances d'entrer dans le supérieur, en cinquante ans le système s'est indiscutablement démocratisé, du simple fait qu'aujourd'hui le nombre de bacheliers a augmenté. Mais il faut regarder aussi qualitativement. Très peu de bacheliers de nos jours sont vraiment «lettrés» au sens propre du terme. Les principaux obstacles à une démocratisation réussie de l'enseignement supérieur résident en premier lieu dans l'orientation ainsi que dans les conditions d'études et de vie des étudiants. N'est-il pas aberrant qu'un ordinateur puisse décider de la carrière d'un nouvel étudiant ? C'est le frein sur lequel on bute. La démotivation, l'abandon des études sont souvent liés à cette orientation. Le système doit donc permettre d'orienter l'étudiant vers sa place, (étant dans le domaine, je suis tout à fait consciente des problèmes que vit l'université algérienne en matière de surcharge des classes et en manque d'encadrement mais il faut réfléchir, et très vite, à des solutions à long termes) et là où il trouvera sa place au plan personnel et social afin d'éviter les décalages entre volonté et capacités et surtout afin d'éviter les déperditions en cours d'études.
2- Mettre l'accent sur la qualité : sur le plan qualitatif, il importe de contribuer au dynamisme de l'enseignement en lui donnant un horizon, certes ambitieux, mais surtout pragmatique. Notre système éducatif, à tous les paliers, demande donc à être revu à la base pour répondre au défi principal posé à la formation : favoriser la qualification de tous pour assurer un développement des activités au niveau national. Pour atteindre ces objectifs, la mise en œuvre d'un véritable plan de réussite sur les conditions d'enseignement et la transition entre lycée et université est indispensable. Bien sûr, prétendre rattraper ce qui a mis des années à s'installer peut paraître comme de la poudre aux yeux, mais la situation est telle que si nous n'agissons pas rapidement, toutes les générations à venir seront sacrifiées. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Nous devons tirer des leçons de nos erreurs pour construire un meilleur avenir pour nos enfants et pour la prospérité de notre pays.
M. R.
1- J'invite le lecteur à lire mon article intitulé «Knowledge is not always a Virtue», publié par The International Journal of Learning (Etats-Unis), dans lequel je développe ce concept de «banking».


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