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Ici mieux que là-bas
Instantanés de Boudjima sur cœur
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 05 - 2016


Par Arezki Metref
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Dans un coin de cette salle de la bibliothèque communale baptisée cette année du nom de Mohya, l'homme qui sent le soufre et fleure la bonne terre poétique de la Kabylie irrédentiste, Tarik Aït Menguellet, fils du célébrissime chanteur Lounis, dédicace ses bouquins. Abderrahmane Yefsah nous présente sur le mode : «Vous vous connaissez, non ?»
- Est-ce vous qui avez fait une apparition fugace en tant que chroniqueur au Soir d'Algérie ? Lui demandé-je, sincèrement impressionné alors par la maturité élégante de son style.
Souriant mais engoncé dans une réserve qui a les accents de la timidité, il répond, lapidaire :
- Oui, mais j'ai arrêté...
- Dommage pour nous, lecteurs...
Le compliment le fait rougir.
A côté de lui, à une autre table encombrée de livres, se tient, tourmenté, soucieux, pensif, Abderrahmane Yefsah. On comprend qu'il n'ait pas fait le deuil de son petit frère. L'assassinat le 18 octobre 1993, à l'âge de 31 ans du frangin Smaïl, journaliste charismatique de la télé, a été pour Abderrahmane le choc qui a accouché d'un écrivain.
Et Caen tua Abel, son premier roman, publié à compte d'auteur, met évidemment en scène la période trouble et dramatique des attentats contre les journalistes. Le traumatisme de la perte fut si grand qu'il n'a su la combler que par l'écriture. Nous avons gagné un écrivain qui construit une œuvre. Il se fait comme un point d'honneur de venir à chaque salon du livre avec un nouveau bouquin. Je partage la table avec le vieux pote Nadjib Stambouli. A vrai dire, nous sommes tellement entourés qu'il ne manque plus que le thé et le jeu pour qu'on transforme cette séance de dédicaces du Salon du livre de Boudjima en partie de dominos. Il est quand même incroyable que cette petite gloriole survive depuis l'époque du néolithique de la presse, celle d'Algérie Actualité. On nous en parle encore !
Au bout d'un moment, on reçoit la visite d'un autre jeune homme. Souriant. C'est Djaffar Aït Menguellet, le frangin de Tarik. Lui, je l'ai reconnu du premier coup. La veille, j'ai suivi sur je ne sais plus quelle chaîne de télé une émission qui lui était consacrée. J'ai adoré la simplicité et la sincérité avec lesquelles il parle de la musique, de ses instruments préférés – il est poly-instrumentiste –, qu'il présentait à l'écran, de ses rapports humbles avec son géant de père. Quand on porte le patronyme d'Aït Menguellet, c'est encore plus méritoire de gagner un prénom. Il nous prend les livres, à Stambouli et à moi, et à d'autres auteurs. On voit à la façon de soupeser du regard les opus que nous avons à faire à un lecteur. Un vrai. Pour se rendre à l'étage de cette pimpante bibliothèque municipale inaugurée il y a trois ans en même temps que la première mouture du Salon, il faut se frayer un chemin entre les étals des libraires et les essaims de visiteurs, essentiellement en ce jeudi après-midi, des enfants bruyants et joyeux encadrés par des enseignants. Dans la salle de conférences, sous la direction de l'increvable Farroudja Ousmer, les débats se succèdent, serrés en temps et en problématiques. Omar Fetmouche vient de parler de l'adaptation au théâtre devant un parterre attentif. Puis, Rachid Oulebsir causa, lui, de quelque chose qui a avoir avec la culture kabyle. L'après-midi, ce sera le tour à Bibi de parler d'Apulée. Ce devait se faire avec l'ami Maâmar Farah qui, ayant eu un empêchement de dernière minute, me pria de l'excuser. Ce que je fis en public, au vu et au su de tous. Je raconte cela pour dire aux journalistes qui jouent les «envoyés spéciaux dans les programmes» de vérifier, quand ils rédigent leurs papelards, si tel invité est venu in fine ou pas. Un peu de sérieux, les confrères quand même !
Puis il y aura une conférence de Saïd Sadi autour du meilleur de ses bouquins – je crois que c'est ce qu'il pense lui-même – L'échec recommencé. Ecrit en taule, il fut publié dans les années 1980 et réédité tout récemment par un jeune éditeur. Juste deux mots sur cette conférence. On aime ou pas Saïd Sadi, on adhère ou pas à sa ligne, on ne peut cependant pas ne pas reconnaître son talent d'orateur et celui d'écrivain. Même quand on est en désaccord avec lui, c'est un vrai régal de l'écouter. Avant d'être un politique, c'est un intellectuel de haut vol. Et ça, on ne peut le lui enlever. Ah oui, pourquoi nous sommes là, tous ? Une quinzaine d'éditeurs et une quarantaine d'auteurs et quelques centaines de visiteurs ? C'est la 3e année consécutive de la tenue du Salon du livre de Boudjima. J'aurais dû commencer par ça, en fait. Par cette ambiance cool, comme dirait ma nièce que désormais tu connais. Par ces échanges intenses autour des livres et des auteurs. Par cette curiosité en sautoir des gens du coin.
Boudjima ? Une municipalité nichée sur un flanc de montagne, en surplomb de Tizgirt. Depuis trois ans, l'APC-RCD, dirigée par le jeune et fringant Smaïl Boukherroub, a institué ce Salon du livre sur la base du volontarisme. Dans cette petite ville au bout du monde, on pourrait croire que c'est une coquetterie. Mais, non ! Si on a décidé de consacrer une fête au livre, et non aux bijoux, au couscous, aux figues, par ailleurs sans doute utiles, c'est parce qu'on s'est dit qu'on n'est pas que des œsophages ou des danseurs aguerris. On est aussi des militants de la libération culturelle.


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