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A FONDS PERDUS
Les maladies du pouvoir Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 12 - 2005

Au fond, le climat malsain de rumeurs et de supputations dans lequel baigne notre pays depuis l'hospitalisation du pr�sident de la R�publique et la poursuite de sa convalescence � Paris ne doit pas nous surprendre outre mesure. Rumeurs et supputations, haines et trahisons, reniements et repositionnements sont les ingr�dients l�gitimes d'un syst�me construit sur les intrigues de palais, les all�geances et les servitudes et ce, en d�pit du vernis r�publicain destin� � les couvrir.
Ce qui est en cause ici, ce n'est pas tellement l'absence de �strat�gie de communication coh�rente� que d�plorent la plupart de nos confr�res. Comment un tel syst�me peut-il se d�partir de ses r�flexes anciens pour leur substituer une telle strat�gie ? Poser la question, c'est d�j� demander � un syst�me archa�que d'entrer dans la modernit� sans en avoir les attributs. Ce dont r�vent ici les confr�res est l�gitime. Les �tats-majors militaires modernes font de la communication un acte de commandement et lui attribuent une v�ritable fonction op�rationnelle. Dans la gestion des crises, ils �tablissent comme indispensables les facteurs de coh�rence, d'anticipation et de transparence *. Le besoin de coh�rence est ici irr�alisable parce que le pouvoir est pass�, en une seule g�n�ration, de choix de soci�t�s diam�tralement oppos�s (du parti unique et socialisme au pluralisme politique et � l'�conomie de march�). La coh�rence est d'autant plus faible que les changements se pratiquent non pas � la faveur de la succession d'�quipes issues de programmes politiques, suite � des alternances de type d�mocratique, mais par le revirement bien apparent et marqu� de gouvernements qui abandonnent leurs positions de d�part. L'absence d'anticipation est d'autant plus �vidente qu'aux anciennes options fondamentales, d'autant plus claires qu'elles sont dites irr�versibles, et � l'ancienne planification succ�dent des emprunts conceptuels souvent peu �lucid�s du fait du faible appui des intellectuels infantilis�s, plac�s dans une situation d'irresponsabilit� ou marginalis�s lorsque leur sens critique est jug� aigu. La lassitude de l'opinion n'est pas prise en consid�ration. Bien que disposant du service de grands commis de tr�s haute valeur et sensibles au respect de la discipline et du service public, le Centre fait l'impasse sur les r�actions pr�visibles de l'opinion. La rupture entre l'Etat et la soci�t� fait le reste. Le manque de transparence, nourri par le secret d'Etat d�plac�, digne du NKVD, � l'heure de la communication globale, et les manipulations polici�res laissent cohabiter des certitudes et des assurances de fa�ade avec des doutes tr�s profonds sur l'avenir, y compris pour ceux-l� m�mes qui, aujourd'hui, font et d�font les trajectoires et les situations. Nous y voyons deux raisons � cela : primo, le syst�me repose sur la violence ; secundo, celle-ci est inscrite dans les institutions ; tertio, elle est de type f�odal, archa�que. Primo : le syst�me reposera sur la violence tant que ne sera pas soulev�e, et pacifiquement trait�e la question de la reconstruction d'une historicit� longtemps et toujours pervertie par un enseignement, une �ducation et une formation qui fait de la violence le seul langage et la seule ressource de g�n�rations successives format�es dans la peur et l'angoisse de �l'ennemi ext�rieur� au risque de ne plus exister sans lui. On ne le r�p�tera jamais assez : multiforme, ambivalente et paradoxale, la violence est inscrite dans le mode d'exercice du pouvoir et n'autorise de respect et de consid�ration que pour le guerrier, le porteur d'armes, au m�pris du tribun et de celui qui manie la plume, comme si tous ceux qui nous ont pr�c�d�s sur cette terre sont tous des h�ritiers des janissaires, n'ont rien fait d'autre que guerroyer, r�sister, tuer, se faire tuer et, �pisodiquement, s'entretuer, sans jamais cr�er, aimer et penser. Omar Carlier traduit mieux que nous cette obsession filiale, cong�nitale de la violence : �Un homme valide s'impose et se positionne socialement non par le respect dont il s'entoure, mais par la crainte qu'il inspire. Le conte, le mythe, le proverbe, la chanson v�hiculent une norme de conduite qui valorise le recours � la force et � la ruse. Ils d�finissent les �l�ments d'une �ducation populaire qui contribue � enraciner dans les repr�sentations collectives la pertinence pernicieuse et l'efficacit� suppos�e de la violence.� ** Les b�b�s jet�s vivants dans les fours, les vieillards �gorg�s, les femmes enceintes vid�es de ce qu'elles portent comme vie � coups d'�p�es , les t�tes coup�es, les cadavres dynamit�s questionnent la communaut� nationale sur son rapport s�culaire � la violence. C'est un rapport que n'effacera pas d'un simple coup de chiffon aucune disposition de loi. La contraction ultime de l'Etat sur l'arm�e et les services de s�curit� s'imposant alors invariablement comme ultime recours pour sa survie. Secundo : c'est une violence syst�mique, inscrite dans les institutions et diffus�e dans tout le corps social L'indigence du personnel politique scotch� aux sph�res intimes ou p�riph�riques du pouvoir est masqu�e par le peu de visibilit�, pour ne pas dire l'opacit�, qui affecte ces sph�res. Pr�dateurs-ponctionnaire, fourbes et ingrats, soumis sans �tre d�vou�s, dobermans, faux d�vots, sans foi ni loi, ce qui est en cause ici ce sont les m�canismes de cooptation qui, de la base au sommet de la pyramide, pourvoient aux fonctions d'autorit� en fonction d'une r�gle immuable : servir le chef du moment, quitte � le trahir � sa premi�re d�convenue, et non l'Etat. Ob�ir � une loi, souvent non �crite, � une autorit�, souvent occulte, � un pouvoir de l'ombre, c'est adh�rer � un groupe et trouver une s�curit�, une identit� et une valorisation. On a donc le plus souvent besoin d'un groupe solide, qui ne peut exister que par son leader et son autorit�. Ici, contrairement aux apparences et aux illusions d'optique institutionnelle, le Centre n'est pas forc�ment l� o� l'indique la Constitution pourtant syst�matiquement amend�e par tous les locataires d'El Mouradia. Si Boumediene avait �t� un chef et Chadli un candidat, tous leurs successeurs n'auront �t� que des �coopt�s�. Les sentiments d'humanisme, de compassion, de rectitude, de droiture, et d'autres valeurs ne peuvent trouver place ici parce qu'elles r�sultent fondamentalement des syst�mes m�ritocratiques qui mettent en relation des hommes libres et �gaux, reli�s par des conventions n�goci�es, hi�rarchis�s et mis en conditions de comp�titivit� par leur seul m�rite. Faute de cela, les m�canismes de r�gulation restent d'essence polici�re, et non militaire comme nous avons d�j� eu l'occasion de le pr�ciser ici m�me. Ces m�canismes remontent aux premiers temps du mouvement national. La guerre d'Alger a toujours fait la part belle aux services sp�ciaux et nous en avons h�rit� du bon et du mauvais. Les Fran�ais ont substitu� aux �bureaux arabes� de la conqu�te une noria de services en 1954. Les �ma�tres Jacques de la colonisation� que sont les �bureaux arabes� concentrent la recherche op�rationnelle, le renseignement politique et la police politique. Quatre premiers types d'officiers leur succ�deront pendant la Seconde Guerre : l'officier de renseignement proprement dit relevant du deuxi�me bureau, l'officier du service �action�, l'officier d'action psychologique relevant du 5e bureau et l'officier de SAS. Il faudra leur ajouter la Gendarmerie nationale, les officiers du contre-espionnage ou SDECE d�l�gu�s en Alg�rie et les organismes civils relevant de la police (Surveillance du territoire, Police judiciaire, Renseignements g�n�raux). Par mim�tisme, par paresse ou par manque d'intelligence, le camp adverse a, souvent, eu tendance � s'aligner. L'inquisition sous le PPA et l'av�nement du Malg, puis les p�rip�ties de l'ind�pendance, inspirent de nos jours aux historiens le qualificatif de �r�gime policier� de pr�f�rence � celui de �dictature militaire�. Le radicalisme retrouve ici � notamment chez le PPA � plusieurs origines, dont l'une, et non des moindres, est fort pertinemment associ�e par Ferhat Abbas � l'existence d'une �secte politico- religieuse qui tenait de l'esprit de zaou�a, de la solidarit� franc-ma�onnique et de la discipline stalinienne�. �Sept ans de guerre ont privil�gi�, au sein des deux camps, la manipulation, la propagande et la tentation totalitaire�, rel�ve fort pertinemment Fr�meaux dans un bilan ��quilibr� de la guerre d'Alg�rie***. Ce qui est en cause ici, ce n'est pas le pouvoir en lui-m�me. Chacun d'entre nous exerce, � des degr�s divers, une forme de pouvoir, en tant que parents vis-�-vis de nos enfants, en tant qu'enseignants vis-�-vis de nos �l�ves, en tant que chefs d'entreprises vis-�-vis de nos employ�s. Dans les soci�t�s civilis�es, le pouvoir est incarn� par la loi et l'autorit� qui lui donne corps. Le pouvoir est ici affaire d'�quilibre, de r�partition, de rapport � et non d'�preuves � des forces et des tensions, de contr�les et de contre-pouvoirs. C'est une dynamique constante, que l'on retrouve dans tous les groupes, qu'ils s'appellent soci�t�, communaut�, partis, associations, cellule familiale, entreprise... La psychiatrie moderne s�rie les hommes politiques et les dirigeants de grandes entreprises, les hommes de pouvoir en fonction de deux constantes : leur �ducation et leur rapport au pouvoir. Sur la premi�re constante, l'�ducation, elle rel�ve que presque tous ont v�cu une relation quasi fusionnelle avec une m�re adorante, hyperprotectrice et gratifiante (de laquelle ils tirent une confiance et une assurance narcissique), et un rapport conflictuel, hostile, m�prisant ou simplement distant avec leur p�re � dont ils tiennent une volont� m�galomaniaque de prouver de quoi ils sont capables. Sur la seconde constante, leur rapport au pouvoir, elle constate plus grave encore : ils l'identifient � la vie. Gage d'�ternit�, ils s'y accrochent � n'importe quel prix. Nulle place ici � l'id�e de leur mort, ni que le monde puisse leur survivre. En cela, ils agissent comme des enfants qui sont persuad�s que le monde leur ob�it et leur vision du pouvoir est avant tout une preuve d'immaturit�. Point de conviction ici, si ce n'est la seule et l'unique ambition de parvenir au pouvoir. Point de cause � d�fendre autre que celle du vainqueur du moment, quitte � s'en �loigner plus tard, aussi vite qu'on l'a rejoint. Imaginez alors que Bachir Ridouh autorise le port d'armes au sein de l'�tablissement psychiatrique Frantz-
Fanon de Blida et vous aurez une id�e exacte du spectacle que le microcosme, fou � lier, du pouvoir offre dans un contexte o� il n'y a pas d'autres arbitrages que la violence et la r�pression.
A. B.
* EMA, Etat-Major des arm�es, �Communiquer, la gestion m�diatique des crises�, Arm�es d'aujourd'hui, septembre 2000, (pp. 57-58).
** Omar Carlier, �Entre nation et jihad - Histoire sociale des radicalismes alg�riens�, Presses de Sciences Po, Paris 1995.
*** Jacques Fr�meaux, �La France et l'Alg�rie en guerre�, Economica et Institut de Strat�gie Compar�e, Paris 2002.


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