1) Un enfant d�Alg�rie assassin� dans l�indiff�rence g�n�rale Le tintamarre sciemment entretenu, durant les deux semaines �coul�es par le secr�taire g�n�ral du FLN et consorts, avait pour fonction principale, de tenter de convaincre l�opinion publique (au sens large du terme) que le coup de force en r�gle r�alis� contre l�ancien chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, n�en �tait pas un. Je reviendrai plus loin sur ce coup d�Etat, appel� par son principal b�n�ficiaire �alternance au pouvoir�. Je veux surtout rappeler que dans le tohu-bohu g�n�ral, destin� � cr�er l��v�nement l� o� il n�existait pas, un enfant, le petit Ali Hadjar, a �t� assassin� et son corps jet� dans un puits. C�est l�un des deux pr�sum�s auteurs de ce crime qui a conduit les gendarmes au puits. Cela s�est pass� la semaine derni�re � Souk-El-Tenine. La petite victime avait sept ans, elle �tait l�enfant unique de M. et Mme Hadjar ses parents, et faisait partie en qualit� de benjamin de l��quipe de football de son village. Ali Hadjar �tait un enfant alg�rien et Souk El Tenine est situ�e � 35 km de B�ja�a, en Alg�rie. C�est dans l�indiff�rence des plus hautes instances et autorit�s politiques que cet enfant qui aurait pu �tre celui de n�importe lequel d�entre nous a �t� enterr�. Hormis les commentaires de la presse ind�pendante ( Libert� 23 mai 2006) et la solidarit� des habitants de Souk-El-Tenine, je n�ai pas lu un seul message dans la presse, d�indignation du premier magistrat du pays, d�non�ant et condamnant ce crime. Sans doute l�animation �tait-elle ailleurs n�est-ce pas ? Sous d�autres cieux, les assassinats d�enfants constituent la une des journaux t�l�vis�s. Je citerai les exemples r�cents de la petite Madison et du petit Mathias en France, victimes � quelques jours d�intervalle de meurtre (ou assassinat) et de viol pour Mathias. Tous les journalistes des cha�nes t�l�vis�es du service public se sont mobilis�s pour extirper leurs compatriotes � leur indiff�rence. Le pr�sident Jacques Chirac, les ministres de l�Int�rieur, de la Justice, se sont exprim�s pour dire leur indignation et leur solidarit� avec les parents des petites victimes. Ali Hadjar, l�enfant d�Alg�rie, a �t� enterr� sans que quiconque au palais d�El-Mouradia s��meuve. Il est vrai que Ali Hadjar n��tait pas un enfant de la nomenklatura. Et puis Souk-El-Tenine c�est loin... tr�s loin d�Alger et de ses coups fourr�s. Pour autant, sommes-nous moins �go�stes ou moins sourds que les gouvernants ? J�en doute. Pour preuve notre silence, notre �r�signation� face aux assassins d�enfants. Il para�t que dans mon pays, un texte de loi serait en pr�paration pour mieux prot�ger l�enfant. Les textes existent d�j� et en tr�s grand nombre. Il suffirait de consulter le code p�nal pour s�en convaincre. Ce qui manque c�est une r�elle volont� politique de prot�ger les citoyens contre les atteintes � leur personne (ou celle de leurs proches) et leurs biens. Et le petit Ali Hadjar � paix � son �me d�innocent et beaucoup de courage � ses pauvres parents � ne sera h�las certainement pas le seul enfant victime d�auteurs d�abus sexuels, de demandeurs de ran�ons, ou d�actes de vengeances et d�actes de terroristes islamistes. D�vor� bien �videment par son ambition, le secr�taire g�n�ral du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n�allait tout de m�me pas perdre son temps et sa salive pour un enfant assassin�. Il avait mieux � faire que de s�occuper de Souk-El- Tenine... 2) Il est l� o� il voulait : ou la continuit� du coup d�Etat du 8e congr�s du FLN Apr�s avoir, on s�en souvient, menac� M. Ahmed Ouyahia alors chef de gouvernement d�une motion de censure, le secr�taire g�n�ral du FLN se ravisa et d�clara que son parti n�accepterait pas le passage du chef du gouvernement devant l�Assembl�e nationale pour pr�senter sa d�claration de politique g�n�rale conform�ment � l�article 84 de la Constitution. Evidemment on l�a fort bien compris : le secr�taire g�n�ral du FLN ne fit pas cette volte-face de son propre gr�. Son grand chef a d� lui rappeler qu�il n��tait pas question de critiquer son programme � puisque c�est le sien � encore moins le rejeter. Comment en effet soutenir son pr�sident et sa politique aveugl�ment et refuser de cautionner son programme ? D�s lors et face � l�insistance de M. Ahmed Ouyahia de s�acquitter de son obligation constitutionnelle � car c�est une obligation et non pas une simple facult� � l�unique �solution� qui s�offrait au secr�taire g�n�ral du FLN, �tait le coup d�Etat consistant pour le pr�sident de l�APN, instruit lui aussi, de ne pas fixer de date au chef du gouvernement et donc de lui refuser la pr�sentation de d�claration de politique g�n�rale de son gouvernement. Il ne s�agissait en l�occurrence ni d�une crise constitutionnelle et pas m�me d�une crise politique. Il s�agissait tout bonnement pour le chef de l�Etat de limoger son chef du gouvernement en utilisant les hommes et les institutions qu�il fallait pour ce faire. Pi�tiner la Constitution ? Quelle importance ? Est-ce la premi�re violation ? Sera-t-elle la derni�re ? Le chef du gouvernement a alors pr�sent� dignement sa lettre de d�mission. Et dans la pure continuit� du 8e congr�s du FLN version Abdelaziz Belkhadem, apr�s la d�cision du Conseil d�Etat du 24 mars 2004 invalidant le 8e congr�s du FLN ayant �lu M. Ali Benflis secr�taire g�n�ral, celui-ci fut enfin port� l� o� il voulait �tre : chef du gouvernement. La question n�est plus l�. Elle est ailleurs. Pour quelles raisons, le chef de l�Etat commanditaire � il est impossible de penser un seul instant que Belkhadem et consorts aient boug� seuls � du coup de force contre M. Ouyahia ait choisi cette �solution� alors que la Constitution lui permet de nommer le chef du gouvernement et de mettre fin � ses fonctions (article 77 de la Constitution) sans cette mise en sc�ne inutile ? En d�autres termes qu�aurait- il pu reprocher � M. Ahmed Ouyahia pour asseoir sa d�cision de limogeage ? Rien. Absolument rien. Voici le bilan que dresse Jeune Afrique (n�2 364) de l�action de M. Ouyahia : �5% de croissance annuelle en moyenne, baisse du ch�mage. PIB sup�rieur � 100 milliards de dollars au 31 d�cembre 2005. Multiplication de nouvelles infrastructures (routi�res notamment). Et il n�est pas s�r qu�il tire un quelconque b�n�fice politique de ces succ�s. Tout se passe comme s�il tressait les lauriers dont le pr�sident est ensuite coiff� ( Jeune Afrique30 avril/6 mai 2006). Ainsi donc le chef de l�Etat aurait �t� bien embarrass� de fonder le limogeage de son chef du gouvernement sur un �chec de celui-ci. Il lui fallait alors un autre sc�nario. Aujourd�hui, il y a surtout lieu de relever que le secr�taire g�n�ral a sans doute r�alis� son ambition personnelle : devenir chef du gouvernement. Non pas pour permettre � la majorit� de gouverner (FLN) comme il l�a pr�tendu mais pour une ambition, voire des ambitions tr�s personnelles. Mais � qui ferait-il croire qu�il a toutes les cartes en main, qu�il agira comme il veut, o� il veut, quand il veut, comme s�il �tait ma�tre du temps, ma�tre de lui-m�me, de ses d�put�s, voire de son parti ? A cette question, le chef de l�Etat vient de r�pondre : tous les membres du gouvernement Ouyahia ont �t� reconduits. Belkhadem n�a consult� personne comme il l�avait pr�tendu. Belkhadem n�a choisi personne. C�est son pr�sident et lui seul qui a fix� les r�gles de jeu. Belkhadem a �t� plac� l� o� il r�vait d��tre pour ex�cuter ce que son chef lui ordonnera de faire et s�ex�cuter. Est-ce seulement pour cette r�vision constitutionnelle dont il ferait sa priorit�, a-t-il annonc� ? Est-ce pour d�autres objectifs ? Nous finirons par le savoir. Car enfin, bien na�fs ceux qui croiraient que le changement de chefs de gouvernement serait une fin en soi. C�est certainement un �norme �cran de fum�e qui cache mal, tr�s mal une guerre de tranch�es sans concessions et une guerre de succession. Et les positions de M. Ouyahia sur la r�vision constitutionnelle qualifi�e par lui � juste titre �comme non prioritaire� ne suffisent pas � elles seules � expliquer le d�sir du chef de l�Etat de le remplacer. Le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia n�a pas �chou�. Alors ce serait Ahmed Ouyahia l�homme qui est devenu encombrant parce que concurrent s�rieux quand bien m�me il n�y a � aucun moment fait la moindre allusion. Comment en effet, justifier au niveau du pr�sident la d�mission de son Premier ministre alors m�me que le changement ne s�imposait pas ? La preuve : le m�me chef d�Etat n�a op�r� aucun remaniement minist�riel. Ce qui est pour le moins surprenant � mais pas tant que cela � lorsqu�on se souvient que lors de sa visite dans la wilaya d�Alger � au mois d�avril 2006, il avait laiss� exhaler publiquement sa col�re contre certains ministres ! Toutes ces incoh�rences pr�sidentielles laissent � penser que le chef de l�Etat veut aller vite, tr�s vite, si vite, qu�on a l�impression qu�il est d�j� tard bien tard. Et dans ces conditions l�enjeu ne se situe plus au niveau d�un changement de chef du gouvernement mais tout � fait ailleurs : que rechercherait le chef de l�Etat dans une �ventuelle r�vision constitutionnelle ? Un mandat � vie ? Un septennat ? Un troisi�me mandat ? Un vice-pr�sident que lui seul nommerait ? Et pouvoir nommer ainsi son successeur en cas d�emp�chement. Une chose est s�re : il serait grand temps d�affranchir les citoyens que nous sommes, totalement absents � et il faut s�en f�liciter � du coup d�Etat qui vient d�avoir lieu, sur l��tat de sant� du premier magistrat du pays. En disant cela, je ne pr�tends rien, ne suppute rien, ne sugg�re rien. Je dis seulement que le brouillage des cartes actuel ne saurait �tre �ternel. La violation de la Constitution a �t� un coup de force de trop. La d�signation d�un chef du gouvernement demeure certes une pr�rogative du pr�sident. Encore faut-il que les institutions ne soient pas discr�dit�es comme elles l�ont �t�. Encore faut-il que le chef de l�Etat n�utilise pas celles-ci pour des ambitions personnelles au point d�offrir au monde entier un spectacle aussi affligeant que celui d�un chef du gouvernement pouss� � la d�mission par son pr�sident parce qu�il a r�ussi ! Et nous avons le droit de savoir pour quelles raisons il y a eu tout ce �chahut� et El Watan tout ce tintamarre. Nous avons le droit de conna�tre la v�rit� toute la v�rit� sur l��tat de sant� du premier magistrat du pays. Je sais que certains diront que je me suis �loign�e du sujet. Absolument pas. La r�vision constitutionnelle dont a reparl� Belkhadem d�s sa �d�signation� n�est pas innocente. Pourquoi consid�rer celle-ci comme une priorit� y compris dans le timing ?� Il restera que face aux gr�ves (la plus grave �tant celle de l�universit�) au m�contentement quasi g�n�ral (SNVI qui rappelle un certain 5 octobre 1988...) la malvie, la d�gradation des conditions �conomiques et sociales, Belkhadem devra faire plus que des discours. Mais a-t-il �t� plac� l� o� il est pour r�gler des probl�mes et gouverner ou pour d�autres t�ches ? L� est la question. Sans oublier, faut-il le rappeler, les sympathies islamistes affich�es du premier magistrat du pays et celles islamistes aussi de son d�sormais chef du gouvernement. Osmose sur ce point. Osmose aussi sur les coups de force. Mais que Belkhadem ne s�avise pas � jouer la partition pour lui-m�me ! Son pr�sident a consomm� en sept ans quatre chefs du gouvernement ! Ce qui est �galement �tabli c�est que le d�part de M. Ahmed Ouyahia n�a pas suscit� l�hallali et le lynchage m�diatique contre lui (la presse est l� pour le prouver) mais contre un pouvoir politique de plus en plus honni. Alors M. Ahmed Ouyahia homme fini ? Alors M. Ahmed Ouyahia impopulaire ? Comme l�ont laiss� entendre ses d�tracteurs. Il n�a jamais �t� aussi pr�sent et aussi populaire, et savez-vous pourquoi ? Pour une raison simple toute simple que le pouvoir feint de ne pas voir : nous n�aimons pas et n�aimerons jamais la �hoggra�. Et nous sommes nombreux � Dieu merci � � refuser de nous y soumettre. C�est exactement ce que m�a dit un commer�ant hier qui s�est dit non politis� alors qu�il l�est : �Dans notre pays, le pouvoir n�aime pas les gens qui travaillent. Il aime ceux qui complotent.� Lui ferai-je l�injure d�ajouter quoi que ce soit ? Ce n�est absolument pas n�cessaire. Je dirai seulement qu�en 2009 ou avant 2009 qui vivra verra... 3) Islamologues alg�riens ind�sirables Le pr�sident du Haut Conseil Islamique, cheikh Bouamrane, a �t� interview� par un journaliste du quotidien Le Jour (mercredi 24 mai 2006). A la question de savoir pour quelles raisons il est fait appel � des th�ologiens �gyptiens alors que le HCI pouvait faire venir des islamologues alg�riens. Comme Messieurs Mohamed Arkoun, Ghaleb Bencheikh, Malek Chebel, le pr�sident de ladite institution a r�pondu que �ces Alg�riens ne vivent pas dans une soci�t� musulmane, qu�ils ont pris une nationalit� �trang�re et que l�islam ne peut se r�nover � partir de th�ories import�es�. Vous avez bien lu ? Les Egyptiens import�s n�ont pas une nationalit� �trang�re alors que des islamologues alg�riens de la dimension de Monsieur Arkoun importeraient l�islam parce que �trangers ! Etrange raisonnement que celui-ci ! Et pourquoi ne pas dire clairement que le HCI pr�f�re des chouyoukh �gyptiens pour enr�ler des int�gristes plut�t que nos islamologues capables d�apprendre � la jeunesse alg�rienne � raisonner � faire fonctionner ses m�ninges et son esprit critique ? Des islamologues qui seraient � m�me de prendre la t�te du HCI lequel serait certainement plus dynamique. Et comment interpr�ter l�intol�rance d�un homme de religion, refusant �l�alg�rianit� et �l�islamit� � des th�ologiens et islamologues alg�riens au motif qu�ils auraient une autre nationalit� ? N�ai-je pas raison de dire que le seul pr�sident du Haut Conseil Islamique qui nous ait v�ritablement marqu�s fut le regrett� Abdelmadijd M�ziane? Cultiv�, comp�tent et surtout ouvert au dialogue. 4) Amar Tou et les �tapotements� L�on se souvient de l�appellation pompeuse donn�e aux hauts fonctionnaires choisis par le chef de l�Etat d�s son investiture en 1999 : �Les Hommes du pr�sident�. Ce qui signifiait qu�ils avaient �t� choisis en fonction de crit�res pr�cis : la r�gion ? A ne point en douter. Les comp�tences ? Pas toujours vrai. L��ge ? Absolument et surtout lorsqu�il est question d��ge certain. Cependant l�on avait omis de nous dire qu�il fallait ajouter un autre crit�re : savoir user de ses poings, pour frapper et �tapoter� comme dirait Amar Tou. En un mot malmener ceux qui suscitent la col�re d�un ministre. Comme les journalistes pas exemple... Ainsi donc apr�s le spectacle affligeant de la premi�re responsable de la culture frappant (m�me l�g�rement selon la victime) le directeur de l�urbanisme � Constantine il y a un mois de cela, voici que son coll�gue de la sant�, Amar Tou, s�en est pris � Oran la semaine �coul�e � une journaliste de Libert�, Mme Djamila Loukil parce qu�elle �osa� lui poser des questions d�plaisantes sur son secteur. Aggravant son sort, le sieur Amar Tou fit savoir par une lettre destin�e � la presse, qu�il avait �tapot� du dos de sa main le cartable de la journaliste que celle-ci tenait contre sa poitrine et que c��tait son habitude de s�exprimer ainsi�. Hallucinant ! Un ministre de la R�publique justifie son comportement machiste par le fait qu�il n�a pas frapp� mais �tapot� parce que telle est son habitude. M. Amar Tou, l�homme peut s�adonner � ses habitudes vulgaires � la maison avec ses filles s�il en a, son �pouse, si celles-ci acceptent son comportement. M. Tou, le ministre aurait d� avoir la dignit� de d�missionner et n�aurait surtout pas d� �tre reconduit. M. Tou le ministre et qui plus est celui de la Sant� n�a aucun respect pour la fonction qu�il assume pour la R�publique et pour lui-m�me. Rien, absolument rien ne saurait justifier de tels comportements. A travers la journaliste de Libert� ce sont les femmes qui ont �t� insult�es. Mais l�offense est faite surtout � ceux qui ont choisi Amar Tou comme ministre. Ce sont donc ceux-l� les �Hommes et les Femmes� du pr�sident. Ils frappent et tapotent... Ils sont reconduits... Quel Etat ! Quelle d�liquescence !