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La gloire des chibanis Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 07 - 2006

Canicule. Murs tagg�s. Dominant les fa�ades � moiti� effondr�es, les grues dodelinent dans un ballet circulaire. Une sc�ne est improvis�e : des tapis pos�s entre deux lauriers-roses en fleur. D'autres tapis recouvrent un monticule de terre qui fait comme un amphith��tre. Des gens sont assis en tailleur. Sur une chaise, Jean-Claude, com�dien, lit des extraits de �Combat de n�gres et de chiens� de Bernard-Marie Kolt�s.
Des deux c�t�s de la rue Alcazar, des maisons sont �ventr�es, donnant � voir l'intimit� d�risoire de jardins saccag�s. �C'est Sarajevo�, dit quelqu'un. Eboulis. On croirait qu'un bombardier est pass� par l�. Sur la sc�ne, les fameux sacs Tati, gonfl�s comme des ballots, tr�nent en accessoires embl�matiques pour �La r�volution des chibanis�, une pi�ce dont on verra des extraits un peu plus tard dans l'apr�s-midi. Une jeune fille lit, pour le moment, du Blaise Cendras : �Je suis triste et malade/ Peut-�tre � cause de vous/Peut-�tre � cause d'un autre.� Une rafale de mistral d�place les sacs au milieu d'une tirade. �Nous avons laiss� notre peau. Nous ne sommes pas des squatters. Nous ne sommes pas venus par charit�. Je regrette d'avoir pass� 40 ans � travailler en France, loin de ma famille. Et pour nous remercier, on nous met � la porte. Nous ne sommes pas des chiens�, clame Amar au micro d'Etienne de Radio- Gal�re. Amar est le boute-entrain des chibanis du 24 de la rue Jean Alcazar, cette art�re du quartier ouvrier du Rouet qui porte le nom d'un militant des Jeunesses communistes, mort en d�tention � l'�ge de vingt et ans, pendant la Seconde Guerre mondiale. Amar est originaire de Jijel. Il arrive en France dans les ann�es 1960. Apr�s un crochet par Paris, il s'installe � Marseille o� il bosse dans le b�timent. Il a construit, entre autres, l'h�pital La Timone. Il emm�nage tr�s vite au 24 de cette rue Alcazar, dans un meubl�. Aucun probl�me pendant des ann�es jusqu'� ce jour de 2004 o� l'immeuble ayant chang� de main, on demande aux locataires de mettre les voiles parce qu'on allait le d�truire pour reconstruire � la place un de ces b�timents flambant neuf et sans personnalit�, fruit de la sp�culation. L'immeuble appartenait � un particulier. Il est d�sormais propri�t� de la Ville de Marseille qui le voue � un �programme de requalification immobili�re�, euph�misme pour ne pas dire qu'on va construire des appartements de standing qui ne seront pas accessibles aux petites bourses. Les chibanis chass�s ne b�n�ficient pas de mesure de relogement en Zone d'am�nagement concert�e (ZAC), comme tous les autres habitants concern�s. Ils ne veulent pas sortir, � raison. La Ville de Marseille les tra�ne en justice. Cette derni�re d�cidait, le 21 juin, de leur expulsion. Hogra! Pour les soutenir, l'association �Le Rouet � c�ur ouvert� se mobilise. C'est elle qui a appel� au rassemblement de solidarit� de cet apr�s-midi. Des artistes, des militants associatifs, des citoyens viennent manifester leur �motion et leur d�sir ne pas laisser faire : �Ce n'est pas un hasard si on expulse les chibanis au moment m�me o�, en application de la loi Sarkozy, on met les enfants dans les avions�, s'indigne un homme. Messaoud, un septuag�naire � la moustache balai, articule au mieux : ��a fait 42 ans que j'habite dans la m�me maison. O� voulez-vous que j'aille maintenant ?� Michel Pirrottina fait l'historique du Rouet. �C'est un quartier ouvrier qui a vu passer toutes les immigrations. La population s'est constitu�e et s'est m�lang�e au fur et � mesure que les �migr�s sont arriv�s d'Italie, des pays du Maghreb, des �les Comores. Ce quartier fait partie du territoire industriel de Marseille. Jusqu'� il y a quelque temps, on voyait l'une des derni�res chemin�es des savonneries. � Dans le fumet des grillades de merguez, on discute. Dans un coin du bar de fortune, Anne Le�la Ollivier d�dicace son livre Enqu�te en zone d'attente (Esprit frappeur), une plong�e dans le monde des �trangers sans visa retenus � Roissy. Sahra fait circuler une p�tition du Comit� de soutien aux chibanis marseillais. On y apprend que les chibanis �ont le choix � �tre soit SDF en France, soit rentrer d�finitivement au pays perdant ainsi leur droit � la sant�, au compl�ment vieillesse, etc. Derri�re cette d�cision, c'est l'immigration jetable qui s'installe�. Elle convainc les participants de plus de solidarit�. Un guitariste et deux com�diens. L'un est v�tu � l��arabe� et l'autre porte l'in�vitable veste froiss�e de l'�migr�-type. Les deux personnages s'�merveillent de leur arriv�e � Marseille et, d�senchant�s quelques ann�es plus tard, ils s'aper�oivent qu'ils ont d�pos� leur jeunesse par petits paquets dans les chantiers. Ils se r�voltent ? C'est �La r�volution des chibanis�, une protestation � peine audible, un murmure, une coupure de son. La nuit commence � tomber. Un chanteur de Massilia Sound System, l'un des deux groupesphares du rap marseillais, slame avec, aux commandes, quelqu'un d'IAM, l'autre groupe. Il voue un long po�me en rafales comme les staccatos d'une temp�te � la M�diterran�e. Un com�dien met en espace un texte de l'auteur africain Dieudonn� N. C'est un homme qu'on a mis dans une cale de bateau. Il d�barque en Europe. Et parce qu'il n'arrive pas � �tre �un type normal�, il se retrouve dans un asile psychiatrique. Un texte d'une force et d'une justesse ! La musique arrive avec les �toiles. Un jeune chanteur de Bejaia essaye de capter l'attention avec �A vava inouva�, version guitare et voix. Karim, un rocker orthodoxe jusqu'aux lacets des chaussures bicolores, l�che le phras� grave de �In the Ghetto� d'Elvis Presley. On vient de prendre une d�cision : un rassemblement devant la mairie de Marseille, jeudi 13. Cette soir�e de solidarit� avec les chibanis marseillais est, de l'avis de tous, un succ�s. Il ne faut pas s'en arr�ter l�. D'autant que la proc�dure d'expulsion ne s'arr�te pas, elle. Chibanis, c'est le nom affectueux donn� � tous ces hommes qui ont us� leurs plus belles ann�es � construire la France et qui, aujourd'hui vieillis, fatigu�s, sont jet�s comme des �pluchures.

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