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ALG�RIE, UN �T� 62� CARTOUCHES GAULOISES UN FILM DE MEHDI CHAREF
C'�tait la guerre...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 01 - 2008

Printemps 1962... Le dernier de la guerre d�Alg�rie. A tort ou � raison, Mehdi Charef s�est d�cid� � raconter son histoire, son enfance, son Alg�rie. Un regard. Celui d�un enfant de 10 ans pris dans les filets de la guerre des grands. Ses amis, la cabane qu�ils ont construite, la mort au coin de la rue, le mur contre lequel sa tante Habiba est fusill�e, les Fran�ais, les harkis... La mis�re. Une souffrance partag�e pour l�amour d�un seul pays. Mehdi Charef a �crit Cartouches gauloises comme on �crit un journal intime. Cependant, en le projetant sur les �crans alg�riens, il prend le risque d��tre hu�, bafou� par le public. Des exactions commises par les Fran�ais.
Les Alg�riens n�en ont rien oubli�. Et aujourd�hui encore, l�Etat alg�rien demande la repentance de la France ! Pour les pieds-noirs, �a a pris le temps mais ils sont quand m�me revenus. M�me Enrico Macias, qui continue de r�ver d�un p�lerinage officiel qui le conduirait l� o� il est n�, peut revenir s�il le souhaite. Mais pour les harkis, c�est plus compliqu� ! Pour Mehdi Charef, Cartouches gauloises n�est autre que la vision d�un enfant sur la guerre. Un recoin de m�moire qui rejaillit � un �ge o� l�on ne voit pas plus loin que le bout de son village. A travers le personnage de Ali, c�est sa propre histoire qu�il revit. Son rapport aux communaut�s qu�il c�toyait. De son enfance, il tente aujourd�hui de comprendre le geste du harki. Sa l�chet� et la terreur qu�il a inflig�e � ses fr�res alg�riens sacrifi�s au nom de la guerre, d�un territoire� Les harkis ont finalement trouv� une place dans l��v�nement Alger, capitale de la culture arabe. Avec Cartouches gauloises, Mehdi Charef souhaite que les Alg�riens se posent des questions sur le contexte d�une �poque qui n�a pas �t� favorable aux harkis. Des circonstances et des cons�quences endur�es aujourd�hui encore par leurs enfants et petits-enfants qui continuent d�en payer le prix. Plaie b�ante trac�e entre deux nations pour un amour impossible. Deux rives qui s�entrechoquent par une histoire commune. Des enfants qu�ils partagent aussi. Ici aussi, l�histoire a �t� retranscrite � l�encre rouge. Et les victimes des massacres de leurs parents et familles continuent � revivre le cauchemar de la guerre d�Alg�rie. Cartouches gauloises : une contribution.
Sam H.

MEHDI CHAREF AU SOIR D�ALG�RIE
"Je ne plaide pas la cause des harkis"
Pourquoi le titre Cartouches Gauloises ?
C�est un jeu de mot pour ne pas dire balle fran�aise, des cartouches de fusil. Cartouches Gauloises, c�est vrai qu�il n�y a pas un lien direct avec le film. Par contre, quand je rentrais dans les bars pour vendre les journaux, j�aimais l�odeur des cigarettes que les soldats fran�ais fumaient.
Qui est Ali ?
Ali, c�est un petit Alg�rien qui vend des journaux dans les ann�es 1960. Il attend que son p�re revienne. Il ne sait pas o� il se trouve. En m�me temps, il nous entra�ne dans sa chronique � lui : l��cole, ses amis, sa m�re, ses cousins, sa guerre.
C�est donc votre histoire, votre vie que vous racontez...
Oui. Il y a beaucoup de choses dans ce film qui se sont r�ellement produites dans ma famille. Ce film, c�est aussi le r�cit de la guerre d�Alg�rie � travers le regard d�Ali. Dans son village, � Maghnia. Ce n�est pas la guerre d�Alg�rie, dans toute l�Alg�rie mais juste dans son village. Ali ne savait pas que l�Alg�rie faisait cinq fois la superficie de la France. J�avais envie de parler de ma famille. De ce qui nous a traumatis�s, ce qui a provoqu� aussi beaucoup de d�g�ts dans ma famille. J�avais envie que mes petits neveux et mes ni�ces le sachent. Je voulais qu�ils sachent qui �taient leurs grands- parents. Qu�ils sachent pourquoi on est venu en France. Je voulais leur raconter ce que ma m�re avait v�cu pendant la guerre d�Alg�rie parce que mon p�re n��tait pas l�. Comment, nous, mon fr�re et moi, avons grandi pendant cette guerre.
Vous avez assist� � tous ces assassinats, notamment celui de votre tante ?
Je n�y �tais pas. Ils ne voulaient pas que je regarde. Je me suis quand m�me faufil�. La derni�re image que je garde en t�te, ma m�re en train de laver le sang sur le mur contre lequel ma tante a �t� fusill�e. Les gens qui �taient l� avaient racont� un peu plus tard : la pauvre, elle avait mis sa plus belle robe, elle s��tait maquill�e, du souak, elle savait qu�elle allait �tre fusill�e. Ce sont des bribes de souvenirs. Je ne voulais pas poser de questions parce qu�un jour mon p�re me la demand�. �a l�a traumatis� ; il a raison, je sais.
L�amiti� entre les quatre enfants a r�ellement exist�...
Oui. J�ai parl� de quatre copains mais nous �tions onze enfants. Un Espagnol, un chr�tien, un juif, un Italien, un Fran�ais, un Arabe... Dans l��quipe de foot, il y avait onze joueurs, mais j�ai pr�f�r� n�en prendre que quatre pour le film.
Parfois cruels, souvent touchants, ces enfants repr�sentent une sorte de symbole, de message...
Non. C�est la soci�t� qui �tait comme �a. Les enfants s�aimaient bien. Mais ils r�agissaient comme leurs p�res, comme leurs parents. C��taient quand m�me les patrons. �a a chang� � la fin de la guerre. On les voyait beaucoup moins. Entre nous, parfois �a allait, d�autres fois� Pour moi, c��tait �a l�int�r�t du film. Ce n��tait pas de raconter la guerre. Mettre en images ce rapport. D�ailleurs, j�ai revu cinq d�entre eux juste apr�s la projection du film en France, cinquante ans apr�s.
On n�aper�oit pas la mis�re de la guerre, on n�a pas le sentiment quand on voit Ali...
Mon fr�re et moi n��tions jamais � la maison. Il n�y avait rien � manger, pas de jouets. Ma m�re nous lavait, on mangeait des tartines matin et midi, du pain tartin� au sucre en poudre quand on allait � l��cole. Pendant les vacances, il n�y avait rien du tout. Il avait une sacr�e dignit�.
Avec Cartouches Gauloises, vous portez un regard tendre sur les harkis et les colons, ce ne sont pas les Alg�riens que l�on voit...
Parce que c��tait comme �a. Je les ai connus comme �a. Moi, � cette �poque, je les d�testais. Je les ai revus plus tard, en France. Quand on d�couvre leur d�tresse, on a plus le m�me sentiment de haine que l�on avait envers eux. Parce qu�on se rend compte que le choix qu�ils ont fait d�aller vers l�arm�e fran�aise, ils l�ont vraiment fortement pay�. J�ai chang� de regard sur eux. Je sais que �a risque de choquer ici. Mais c�est le sentiment que j��prouve. Un jour, un vieux harki m�a dit : �Vous avez de la chance vous les Alg�riens, vous �tes mieux aim�s que nous ici en France. � C�est dr�le, ils sont interdits l�, ils sont d�test�s l�- bas aussi. C�est dur pour leurs enfants. Parce que pour les adultes, c��tait clair que ce sont des tra�tres. Mais pour les enfants qui ont grandi apr�s la guerre, qui se sont mari�s, c�est autre chose. C�est de la souffrance. Le symbole de leurs parents. Cette image de p�re harki est toujours l�.
Vous plaidez la cause des harkis ?
Je ne plaide pas la cause des harkis. Je dis comment les gens sont. Comment l��tre humain peut �tre. Comment on d�couvre l��tre humain. C�est �a qui m�int�resse. Un moment, il est question de compassion pour quelqu�un. Au d�but, on le hait et puis on se met � le conna�tre. Conna�tre dans quelles circonstances il s�est engag� dans l�arm�e fran�aise. Comment �a s�est fait ? Comment il a continu� � vivre ? Est-ce que �a l�a rendu heureux ? C�est �a qu�il y a dans le projet du film. Ce sont toutes ces questions. Apr�s �a, les sentiments changent.
Vous souhaitez que le regard des Alg�riens change envers les harkis ?
Non. Je veux juste que l�on se pose des questions. C�est dur. Il ne faut pas chercher de solutions, mais juste savoir ce qui s�est pass�. Avant d�avoir un regard dur ou doux, j�aime suivre le personnage longtemps. Savoir comment et pourquoi il a pris cette d�cision. J�adore faire �a. Apr�s, il faut le d�fendre. C�est tr�s difficile de le faire.
Pourquoi avoir attendu longtemps pour faire Cartouches Gauloises?
D�abord, j�avais envie de faire autre chose avant. Ensuite, �a �t� tr�s dur pour moi d��crire cette histoire. Je savais qu�il y a des choses dans ce film qui ne plairaient pas aux Alg�riens, d�autres aux Fran�ais ou encore aux harkis. Je ne savais pas comment �crire le sc�nario. Au d�but je l�ai �crit soft. L�histoire des enfants �taient l�. Raconter l�histoire de ces deux enfants (Ali et Nico). L�un veut l�ind�pendance pour ses parents, et l�autre une Alg�rie fran�aise parce que ses parents adorent ce pays. Donc �a, c�est la colonne vert�brale. Apr�s il fallait montrer la guerre, les gens qui l�ont faite, et comment je l�ai affront�e.
Comment vous avez v�cu le tournage ?
Comme d�habitude, quand je tourne, je me d�brouille pour que �a ne soit que de la fiction. Alors que l�, j�ai eu beaucoup de moments difficiles pendant le tournage. Lorsqu�Ali courait apr�s le camion pour voir o� on allait enterrer nos morts, ou qu�il marchait devant sa m�re pour chercher � manger. La mort de la tante Habiba, l� aussi j�ai d�prim�. �a m�a rattrap�. J�ai oubli� que c��tait de la fiction.
Ali assiste impassible aux drames qui se d�roulent autour de lui�
Oui, �a glissait. Les gens sont tr�s surpris. D�autres ont compris que ce m�me avait beaucoup de force. Il subit tout �a sans qu�on le voit pleurer ou se cacher les yeux, le visage. Le probl�me, Ali ne pouvait pas faire �a dans le sc�nario. Pas plus. S�il avait pleur�, ce n��tait plus Ali. Il aurait �t� foutu. Il n�aurait pas rejailli � l��cran autrement. C�est celui qui prot�ge le film. Cette fa�ade, c�est Ali. Je suis s�r que je ne r�agissais pas comme �a quand j��tais enfant. Ma m�re me l�aurait dit. Sinon, je me souviendrais qu�en rentrant du village ma m�re m�aurait dit : mon petit t�a pleur�, excuse- moi, je n�aurais jamais d� t�emmener avec moi. Et puis, il y a eu des choses pires que dans le film. Mon p�re absent, elle ne pouvait pas sortir seule � cause des voisins et du qu�on-dira-t-on, donc je l�accompagnais toujours. M�me en France, elle me faisait �a. En arrivant en France, c�est moi le premier qui lui ai appris � aller au dispensaire, aux courses... Parfois, elle me faisait manquer l��cole ou attendait les jours f�ri�s. Elle a mis deux ans pour se passer de moi. Par contre, moi j�ai commenc� � pleurer, � avoir des malaises, des d�boires, une quinzaine d�ann�es plus tard.
Comment expliquer qu�� l�annonce de l�Ind�pendance, Ali accourt plut�t vers ses amis fran�ais ?
Il est paum�. Il est perdu. Il est heureux, il veut faire la f�te avec eux. D�ailleurs, il y a des Fran�ais qui ont f�t� l�Ind�pendance avec les Alg�riens.
Alors que les enfants quittent un � un la cabane, � la fin du film, on y retrouve Djelloul, le harki�
Au d�but, on l�a faite pour les copains, mais la sc�ne o� Djelloul se retrouve dans la cabane, �a me surprend. C�est une question que je me pose. Je n�ai jamais eu le temps. C�est quelque chose qui pr�te � analyse. Plusieurs fois, il m�est arriv� d�analyser dans mes autres films des s�quences que dix ans plus tard. Pour Djelloul, je n�en ai aucune. �a me surprend mais peut-�tre qu�il esp�rait que les enfants ne le balancent pas. Ce sont les seuls qui peuvent m�aider � m�enfuir en France. Le probl�me c�est qu�Ali le d�nonce sans faire expr�s.


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