Tout, ou presque, a �t� dit et �crit au sujet de la faillite de ce syndicalisme perverti qu�incarne de nos jours cette UGTA. Pilier du r�gime pour lequel elle fait office de pompier, cette organisation a, depuis une dizaine d�ann�es, cess� d��tre le bon m�diateur du peuple des travailleurs. Que ses dirigeants s�escriment maladroitement � justifier leurs accointances en invoquant un suppos� pragmatisme ne les d�douane gu�re de leur l�gendaire passivit�. Alors que la situation est suffisamment grave au plan social, Sidi Sa�d, son secr�taire g�n�ral, ne s�est-il pas content� de r�pliquer par des incantations quand il e�t fallu qu�il soutienne clairement les mouvements de contestation qui se multiplient ? Cette ligne qu�il a imprim�e � �l�Union� depuis le 10e congr�s (octobre 2000) jusqu�� devenir la nouvelle doctrine de ce syndicalisme, � partir de 2004 (la r��lection pr�sidentielle), explique en grande partie son effondrement. En agr�ant de saison en saison les d�cisions n�olib�rales des gouvernements, n�a-t-il pas fini par ass�cher le r�servoir de la syndicalisation et du m�me coup alimenter celui des �autonomes� ? Aujourd�hui donc, l�UGTA paye, par la d�saffection des adh�rents, le prix de sa trop grande proximit� avec le pouvoir. M�me le congr�s tardif (il aurait d� se tenir en octobre 2005 !), qui se tient � partir de ce samedi, ne risque pas de restaurer son image. Le mandarinat qui la r�gente actuellement n�a-t-il pas fait l�essentiel en verrouillant par avance le d�bat afin de postuler � sa reconduction ? La messe de l�h�tel El-Aurassi est d�j� dite d�s lors qu�elle est orchestr�e par la sph�re du pouvoir au lieu d��tre r��crite par la base. Ces congressistes, au nombre de mille, n��tant que des figurants dans une mise en sc�ne commandit�e en haut lieu ne pourront que se mordre les doigts quand ils s�apercevront, � partir de leur province, que l�une apr�s l�autre les sections vont dispara�tre. Ainsi, ce congr�s o� l�on jouera la petite musique de la stabilit� (sic) ne sera finalement qu�un requiem pour accompagner l�enterrement d�une organisation charg�e d�histoire. Rattrap�e par dix ann�es de turpitude de ses dirigeants, l�UGTA se d�peuple et ne survit que par la gr�ce de la puissance publique qui lui a toujours dict� ce qu�elle doit faire. Car enfin l�on ne peut oublier que la seule fois ou son ex�cutif (CEN) appela � la gr�ve g�n�rale fut en 2002. Un �trange d�brayage, pour faire bonne mesure et qui, paradoxalement, fut sugg�r� par le premier cercle du pouvoir ! A l��poque, la presse n�a pas manqu� de relever cette �tranget� jusqu'� soup�onner Sidi Sa�d de jouer � l�agitateur de service. C��tait curieusement dans cette inconfortable position que s��tait alors retrouv�e l�UGTA, somm�e de s�expliquer sur la raison d�un mot d�ordre, l� o� il �tait attendu que les gouvernants se d�fendent de leurs erreurs et �tayent leur politique. Au motif qu�il n�a fait que consulter le barom�tre social, le secr�taire g�n�ral s�est fendu d�une explication confuse laquelle justement conforta tous les soup�ons � l��gard de son initiative. Cette p�rip�tie rocambolesque, qui nuit en lumi�re la vassalit� de l�organisation, entachera d�finitivement le cr�dit d�une direction. Depuis, jamais plus elle ne soutint les gr�ves sectorielles par m�fiance alors que de bonnes raisons existaient pour la plupart d�entre elles. Par ailleurs, en diff�rent de mois en mois et d�une ann�e � une autre la tenue d�un congr�s ordinaire, la CEN voulait � tout prix se soustraire � quelques mises en accusation qui circulaient dans l�opinion et dont la plus r�cente (2007) touchait directement Sidi Sa�d et quelques membres du directoire. Le scandale de l�affaire Khalifa Bank est encore pr�sent dans les m�moires. Avec son �j�assume �, d�livr� comme un acte de responsabilit� devant le tribunal, Sidi Sa�d n�avait-il pas jet� le trouble quand il croyait se blanchir ? Les pertes occasionn�es aux caisses de S�curit� sociale et retraites dont il �tait membre des conseils d�administration ne m�ritent-elles pas une plus longue explication que cette lapidaire formule ? Et que dire de la cession unilat�rale d�un bien immobilier (le si�ge du journal R�volution et travail) appartenant au patrimoine des travailleurs ? M�me si dans les deux cas l�on peut admettre qu�il n�y avait pas d�enrichissement personnel, l�on ne peut comprendre les raisons de son silence et cette pratique de l�omerta qui l�emp�chent de designer les donneurs d�ordre. Il est vrai que m�me la justice n�a pas souhait� en savoir plus, se contentant d�appr�cier an aval les d�lits sans remonter � leurs origines. C�est par cons�quent cette ob�issance aveugle aux ordres destin�s � couvrir et � �pargner certains caciques du r�gime qui rend suspecte cette direction syndicale ayant rat� tous les bons rendez-vous avec sa vocation cardinale. Devenue le cheval de Troie du politique, elle est aujourd�hui une organisation profond�ment bless�e par la somme de ses compromissions. Ainsi, ce 11e congr�s sur lequel tablait le dernier carr� de syndicalistes honn�tes, afin de refonder l�organisation, risque de ne d�boucher que sur un nouveau glacis uniquement profitable � la coterie r�fractaire au changement et pr�f�rant � celui-ci le jeu de la cooptation en cercle ferm�. Ces assises de dupes plac�es sous le signe de la �stabilit� et la solidarit� seront justement celles de la confortation d�un certain mandarinat et de l�entente r�ciproque du clan qui le compose. Quant � la �modernit� dont il est question dans le triptyque de ce slogan il consistera joliment � faire du neuf avec du vieux. En somme, une affaire de langue de bois � d�poussi�rer