Le nombre de personnes atteintes du cancer ne cesse d'augmenter d'année en année dans la wilaya de Tizi Ouzou, en témoignent les chiffres effarants annoncés par les responsables du CHU Nedir Mohamed, à l'occasion de la Journée mondiale du cancer. En effet, pas moins de 130 nouveaux patients ont été déclarés atteints de la maladie du cancer rien que durant le mois de janvier de l'année en cours, a indiqué Abderrahmane Nemmar, responsable au CHU Neddir Mohamed de Tizi Ouzou, alors que le nombre de nouveaux malades recensés durant l'année 2017 au niveau du même hôpital a atteint 1 200 cas. Un chiffre en nette progression par rapport à l'année 2016 où il a été recensé 1 163 nouveaux malades de tous types de cancer au niveau du CHU de Tizi Ouzou, ajoute le même responsable qui s'exprimait sur les ondes de la radio de Tizi Ouzou à l'occasion de la Journée mondiale du cancer, le 4 février dernier. Des statistiques qui confirment la tendance à la hausse du nombre de nouveaux cancéreux recensés chaque année dans notre pays ces dernières années, où le nombre a atteint plus de 42 000 nouveaux cas en 2016, selon les données épidémiologiques du réseau national des registres des cancers, qui précisent que ces données s'inscrivent dans la tendance évolutive mondiale et indiquent que l'incidence annuelle des cancers continuera d'augmenter, en passant de 41.870 cas en 2015 à 49.000 cas en 2020 et à 61.000 cas en 2025, en Algérie . Selon le responsable au CHU de Tizi Ouzou, le cas les plus répondu pour cette année est le cancer colorectal chez l'homme et la femme alors qu'en 2017, le plus grand nombre de cancers diagnostiqués était celui du sein et du col de l'utérus chez la femme et le cancer de la prostate et des poumons chez l'homme. Selon le même responsable, la prise en charge des malades du cancer coûte très cher, en révélant que 70% du budget du CHU Neddir Mohamed est destinée au traitement des malades cancéreux, soit une enveloppe de 166 milliards de centimes par année. La prise en charge d'un cancéreux peut atteindre 1 milliard de centimes par an dans certains types de cancers, affirment les spécialistes. Lors d'un séminaire de sensibilisation sur le cancer, organisé le mois d'avril dernier par l'APW de Tizi Ouzou, le professeur Sedkaoui, du service oncologie du CHU de Tizi Ouzou a indiqué que cette structure, enregistre une vingtaine de nouveau cas de cancer par jour en provenance de plusieurs wilayas du pays, et effectue une cinquantaine de consultations au quotidien dont vingt séances de chimiothérapie. Selon la conférencière, le service oncologie du CHU de Tizi Ouzou, situé à l'hôpital de Belloua sur les hauteurs de la ville et destiné aux patients de six wilayas du pays, traite en moyenne 1 200 patients par année atteints de cancer. En 2016, le même service a traité 1163 malades dont 316 cas de cancers digestifs, 285 cancers du sein et 126 cas de cancer du poumon. en 2017, le nombre de nouveaux cas de cancéreux recensés au CHU de Tizi Ouzou a atteint 1200 malades. 1 200 malades traités en 2017 Selon la même source, 13% des malades sont décédés et 200 autres ont été perdus de vue, ce qui dénote, affirme un intervenant lors de la séance débat, du manque de moyens pour la prise en charge de nombreux malades notamment ceux qui nécessitent des soins dans les cliniques privées en raison de l'absence de service de radiothérapie au niveau du CHU de Tizi Ouzou dont le coût chez le privé peut atteindre 30 millions de centimes par séance. Un constat relevé par de nombreux professionnels de la santé qui espèrent voir le projet du centre anti-cancer (CAC) de Draâ Ben Khedda, livré au plus vite afin de permettre aux cancéreux de la wilaya de disposer de soins nécessaires. A propos de ce centre, inscrit à l'indicatif de la wilaya en 2007 et dont les travaux entamés en 2011 accusent un énorme retard, le nouveau directeur de la santé et de la population de Tizi Ouzou, Pr Abbes Ziri a affirmé récemment que les premiers soins en radiothérapie y seront effectués vers le mois de mai prochain au grand bonheur des malades de la wilaya de Tizi Ouzou qui n'auront plus à faire de longs déplacement jusqu'à Alger ou Blida pour des séances de radiothérapie dans les hôpitaux publics et surtout éviter à débourser des sommes astronomiques pour ce genre de soins au seins des cliniques privées. Les intervenants ont également mis l'accent sur la nécessité de vulgariser cette maladie qui prend de proportions alarmante à travers le monde notamment dans les pays sous-développés et surtout de procéder systématiquement à des campagnes de dépistage chez toutes les couches de la société. «Il ne faut surtout pas négliger le dépistage, car il faut savoir que le cancer de la prostate est le premier cancer chez les hommes. Pour cela, il est recommandé de se faire dépister régulièrement à partir de 45 ans afin d'éviter une éventuelle complication car si la tumeur atteint un stade métastasique surtout à un âge avancé, l'espoir de se voir guérir est quasiment nul», affirme t-il en citant le cas d'un patient qui s'est présenté à son service pour se faire soigner d'une pathologie et qui s'est retrouvé après analyses atteint d'un cancer de la prostate. «Il faut savoir aussi qu'en plus du fait de pouvoir permettre aux malades de guérir de son cancer s'il est diagnostiqué à un stade précoce, le dépistage permet surtout de faire des économies sur le plan financier ce qui veut dire que l'on va consacrer cet argent pour améliorer les qualités de soins dans le service public», ajoute t-il en citant à titre d'exemple qu'une boite de Zétiga, un médicament indispensable pour le traitement d'un cancéreux de la prostate coûte 40 millions de centime par mois. Un chiffre qui en dit long sur le coût exorbitant pour le traitement des malades cancéreux arrivés à un stade avancé de la pathologie, d'où la nécessité, affirment les intervenants, de la mise en place d'une stratégie nationale pour une campagne régulière de dépistage qui devra toucher l'ensemble de la société et des régions du pays afin de diagnostiquer à temps, cette maladie qui fait peur et qui reste encore un tabou. Intervenant dimanche dernier à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le cancer, le Coordinateur régional du Réseau national des registres du cancer (RNRC), le Pr Mokhtar Hamedi Chérif, a qualifié de ‘défi' la prévention, dans la mesure où elle permet de «réduire le taux de mortalité induite par cette redoutable pathologie», considérant le dépistage précoce comme «second défi à relever». La prévention, a-t-il argumenté, devrait permettre de «réduire de 15% les nouveaux cas annuels prévus en Algérie à l'horizon 2025 et dont le nombre prédit se situe autour de 61.000».