Les parents des enfants scolarisés au primaire et au CEM et qui sont pris en charge par les crèches à leur sortie de l'école, notamment à midi et en fin de journée, ont protesté jeudi devant la direction de l'action sociale (DAS) de Bouira. Ils contestent la décision qui a été prise récemment par la DAS pour interdire aux établissements d'accueil de la petite enfance de prendre en charge des enfants de plus de cinq ans. La réglementation est pourtant claire. Mais les parents sont dans le désarroi. Si la direction de l'action sociale venait à appliquer la loi, qu'adviendrait-il de leurs enfants ? Qui les emmènera à l'école et les récupérera ensuite à midi et dans l'après-midi des deux parents fonctionnaires ? Doit-on arrêter de travailler pour s'en occuper ? Ce sont autant de questions que ne cessent de poser les dizaines de parents reçus hier par Mme Harkat Saliha, directrice de l'action sociale de Bouira, dans son bureau. «Je sais que la loi interdit ça, mais que faire quand on est fonctionnaire et qu'on ne peut pas être devant le portail de l'école à 11h15 ou à 14h quand l'enfant sort de classe ? Personne ne pourra être partout à la fois, nous devons travailler, c'est pour nos enfants que nous le faisons. Nous aimerions que les autorités concernées trouvent une solution qui arrange tout le monde», a déclaré une fonctionnaire, mère de deux enfants scolarisés dans une école primaire du chef-lieu de wilaya. Comme cette fonctionnaire, plusieurs familles en souffrent. Les crèches, faut-il le souligner, en plus de la prise en charge de la petite enfance âgée entre zéro et cinq ans, assurent également des prestations supplémentaires qui consistent à accueillir des élèves du primaire et même du CEM qu'elles emmènent le matin à l'école, récupèrent à midi pour le déjeuner et en fin de journée. Ces prestations sont assurées en contrepartie d'une somme dépassant les 4000 DA par mois. «Nous sommes déjà au milieu de l'année. Nous devons être avertis à l'avance de ces mesures. Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour vous solliciter de trouver une solution définitive à ce problème», souligne un parent en s'adressant à la directrice de l'action sociale. De son côté, Mme Harkat a tenu à rassurer les parents que les centres d'accueil de la petite enfance viennent tout juste d'être mis en demeure et que ce n'est pas dans l'immédiat que les sanctions tombent. «Nous comprenons les préoccupations des parents. Mais il faut faire appliquer la loi de la République. Nous tenons à rassurer les familles que nous allons soumettre leurs doléances aux autorités locales pour trouver une solution», a-t-elle rassuré. Toutefois, elle a insisté sur le respect et l'application de la réglementation. Car, pour ce qui est de la gestion et la prise en charge de la petite enfance, les gérants de ces établissements ne cessent de bafouer la loi, selon la DAS. L'anarchie y règne et des dépassements ont été constatés. «Après des visites d'inspection effectuées conjointement par la direction de l'action sociale et la direction du commerce sur la gestion des établissements d'accueil de la petite enfance, on a constaté qu'il y a des dépassements et une anarchie. La majorité de ces établissements accueille des enfants qui sont en âge de scolarisation au primaire et au CEM, ce qui est clairement interdit par la réglementation en vigueur. Le décret exécutif n° 08-278 fixant les conditions de création, d'organisation, le fonctionnement et le contrôle des établissements et centres d'accueil de la petite enfance est clair», a déclaré Mme Harkat Saliha. Des responsables de la DAS affirment qu'il y a des crèches surchargées à telle enseigne que lors les enfants scolarisés arrivent pour le déjeuner, on fait sortir dans le jardin des enfants de deux ans, faute de place. «Ils accueillent un nombre important d'enfants scolarisés. Ce qui fait que l'espace vital qui de 1.40 m2 par enfant réservé pour la petite enfance est largement squatté», dit-il.