Dans le cadre des festivités commémoratives du 38e anniversaire du printemps amazigh du 20 Avril 1980 initiée par les différentes directions de l'exécutif de la wilaya de Tizi-Ouzou et qui se poursuivent jusqu'à après-demain (lundi Ndlr), plusieurs conférences-débats ont été au rendez-vous pour marquer cet événement majeur dans le long combat pour la restauration de l' identité. Avant-hier, le petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri a abrité, une conférence de presse qui a pris pour thème : «La langue Amazighe, l'écriture et son évolution» qui a été animée par un chercheur au niveau du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) ex : CRAPE, Yacine Sidi Salah en sa qualité doctorant dans les études du préhistorique au niveau de la faculté d'archéologie d'Alger. A cette occasion, le conférencier a abordé le sujet des inscriptions rupestres des abris sous roches de la région de Tizi-Ouzou. Tout en précisant que ces inscriptions sont transcrites avec plusieurs caractères de la langue Amazigh (tifinagh, libyque, latin...). «Les habitants de l'Afrique du nord écrivent leur langue Amazigh que ce soit en caractère libyque, ou bien en arabe et en hébreux pour la région saharienne pour exprimer leurs pensées, idées....». Dans le même contexte, le conférencier a tenu à expliquer à l'assistance que les inscriptions rupestres sont des roches naturelles sur lesquelles il y a des inscriptions qui sont généralement des petits textes allant de 3 caractères jusqu'à 95 textes comme ce fut le cas dans l'abris d'Ifigha (à 38 km à l'est de Tizi-Ouzou) qui est le premier site qui compte le grand nombre d'inscriptions, non seulement en Algérie, mais en Afrique du Nord. Ce site est d'une capacité de 8 mètres de longueur et 3 mètres de hauteur. Tout en affirmant que «le premier qui a signalé l'existence des inscriptions rupestres à Tizi-Ouzou c'est bien Saïd Boulifa en 1909 sur ce site d'Ifigha». Se référant aux études des archéologues, Sidi Salah a affirmé que «la région compte 56 sites qui portent des caractères de l'art rupestres». Ces sites, dira t-il sont recensés plus précisément de Dellys (dans la wilaya de Boumerdès) à Yakourène (Tizi-Ouzou) en passant par Azazga qui compte un nombre important de sites. Ainsi, il a précisé qu' «il y a une concentration de sites qui portent des inscriptions rupestres dans la localité de Makouda et Ouaguenoune en passant par Boudjima où il y a eu la découverte d'un grand site qui porte des inscriptions libyques et rupestres qui est Azrou lmeyazen au village Tarihan, dans la commune de Boudjima». Ce site comporte quelques peintures représentant des représentations humaines qui schématisent des êtres-humains qui ont été inscrits durant la période protohistoire ou ce qu'on appelle l'art schématique. Le même archéologue a tenu à dénoncer le manque d'intérêt pédagogique accordé pour les sciences humaines en général et à l'archéologie en plus particulier en Algérie, puisque d'après lui, aucune étude n'a été effectuée dans la découverte des inscriptions rupestres depuis 1964. Ce laisser-aller a causé un retard flagrant en matière d'avancée de l'archéologie dans le pays contrairement aux autres pays arabes qui accordent un intérêt majeur pour ce créneau stratégique comme l'Egypte. «Certes que beaucoup d'efforts ont été consentis, notamment avec les recherches scientifiques effectuées par les étudiants en archéologie, mais il est temps de donner plus de prérogatives à ce genre d'études archéologiques pour revaloriser les connaissances linguistiques».