Le deuxième finaliste du Mondial 2018 sera connu, ce soir, à l'issue de la seconde demi-finale entre l'Angleterre et la Croatie qu'abritera le stade Loujniki de Moscou. Une demi-finale inattendue. Les deux équipes, qui étaient plutôt classées dans la catégorie des outsiders en début de compétition, ont réussi à se frayer dans le dernier carré avec parfois un peu de réussite (la Croatie l'a emporté deux fois aux tirs au but) et sont désormais en position de disputer la finale de ce Mondial. Ce serait une première pour les Croates, tandis que les Anglais rêvent de faire un nouveau pas vers le deuxième titre de champion du monde de leur histoire, après leur sacre de 1966. Souvent moqués pour leurs éliminations précoces, les Anglais ont à cœur de faire taire leurs détracteurs. Suite à un parcours relativement calme, sans éclat, les joueurs de Southgate affrontent l'autre surprise du tableau final, la Croatie. Après avoir surclassé l'Argentine en poules (3-0), les Croates ont fait preuve d'une grande force mentale pour se retrouver en demi-finale. La bande de Modric a eu besoin de deux séances de tirs au but pour se défaire du modeste Danemark puis de la Russie. Avec ces dynamiques, l'issue de cette demie parait éminemment floue. La séduisante Angleterre de Gareth Southgate renoue avec un glorieux passé, quand l'équipe des Terry Butcher, Chris Waddle, Gary Lineker et Paul Gascoigne avait buté sur la RFA des Andreas Brehme, Rudi Völler, Lothar Matthäus et Jürgen Klinsmann en demi-finale du Mondial-1990 (1-1; 4 t.a.b à 3). «Nous ne sommes pas un produit fini, nous n'avons pas encore de joueurs de niveau mondial reconnus, mais, une jeune équipe qui se prépare à jouer au niveau mondial», a nuancé le sélectionneur anglais Southgate. Les hommes de «Captain Kane» auront un petit avantage: Les Croates ont joué deux fois en prolongation, en 8e et en quart de finale. Et leur gardien Danijel Subasic a serré les dents, touché derrière une cuisse. La génération Modric en rêve Ils s'appellent Luka Modric (Real Madrid) et Ivan Rakitic (Barcelone) et sont les nouvelles stars de la Croatie. Ils ont répondu aux attentes: guider l'équipe au damier vers le dernier carré de la Coupe du monde. Comme l'avaient fait avant eux les Slaven Bilic, Zvonimir Boban et Davor Suker (aujourd'hui président de la fédération) au Mondial-1998 en France. L'aventure s'était terminée brutalement sur un doublé inattendu de Lilian Thuram (2-1), défenseur des Bleus, futurs champions du monde 1998. Les Croates risquent d'avoir laissé beaucoup de gomme dans leur huitième et leur quart de finale. D'autant qu'à la débauche d'énergie physique s'ajoute une possible fatigue nerveuse. Le penalty raté de Modric face aux Danois, la course-poursuite avec les Russes ce samedi... les deux prolongations jouées par les hommes de Dalic ont aussi été éprouvantes psychologiquement. Reste à savoir si l'euphorie de la victoire peut gommer tout cela, face à une Angleterre elle aussi passée par les tirs au but en huitièmes, mais qui a pu davantage gérer son effort face à la Suède. Si elle retrouve un standing certain à l'occasion de cette Coupe du monde, l'Angleterre a tout de même bénéficié d'un parcours relativement clément pour arriver jusqu'en demi-finales, avec une Colombie privée de son maître à jouer James Rodriguez et une Suède usée par ses batailles intenses du premier tour. Elle n'a pas encore affronté d'énorme client, et si la Croatie balbutie depuis deux matches, elle est un cran au-dessus des Cafeteros et des Nordiques. Le plus dur est à venir, donc, pour l'équipe de Gareth Southgate, davantage envisagée comme une formation en devenir avec beaucoup d'éléments encore très jeunes. Dans un contexte plus relevé, on serait tenté de penser qu'il est encore tôt pour que son heure vienne. Mais ce Mondial 2018 semble ouvert au «dégagisme».