Suite à la diffusion d'une vidéo montrant l'agression d'un enfant subsaharien par un individu à Annaba, et qui a soulevé un tollé parmi nos concitoyens, le ministère de la Justice s'est saisi de l'affaire. Les individus auteurs de cet acte ignoble ont été identifiés et arrêtés et le ministre de l'Intérieur a promis que la loi sera appliquée strictement. En Algérie, les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important et font de plus en plus réagir les autorités locales. Les dépassements en tous genres, comme les appels à la violence contre les femmes, dénoncés sur la toile, ont pour conséquence soit des dépôts de plainte ou alors ce sont carrément les autorités locales qui se saisissent de l'affaire et lancent la machine judiciaire à l'encontre des individus qui commettent des actes répréhensibles. Il y a aussi l'affaire du maire de Ras El-Ma à sidi Bel Abbès qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux. En effet, suite à la diffusion d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant un adulte giflant violemment un enfant subsaharien à la gare routière d'Annaba, les services de la wilaya d'Annaba ont déposé mercredi dernier une plainte contre X, et suite à l'enquête déclenchée, deux individus ont été arrêtés jeudi dernier dans cette ville côtière. Le communiqué de la cellule de communication de la wilaya d'Annaba précise que les individus interpellés sont «l'agresseur et l'instigateur de cette agression». Aussi, l'individu, identifié, qui a filmé la scène «demeure activement recherché», selon la même source. Sur les réseaux sociaux, un communiqué des services de la wilaya d'Annaba a été posté mentionnant que «toute atteinte à l'intégrité physique ou psychologique d'une personne, sans distinction de sa race ou de sa nationalité, fera l'objet de poursuite pénales, conformément aux lois de la République». Réagissant à cette affaire, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, a affirmé hier sur les ondes de la Chaîne 3 qu'«une enquête doit suivre son cours». Noureddine Bedoui, en visite de travail jeudi dernier dans la wilaya d'El Tarf, avait déclaré en présence des médias : «On va dans un premier temps identifier la vidéo et si l'agression se confirme, des sanctions seront prononcées bien évidemment. Des sanctions sévères seront prises à l'encontre de l'individu qui a commis cet acte inhumain envers cet enfant qui vit dans une situation sociale précaire». Dans cette vidéo, la scène se passe, selon toute vraisemblance, au niveau de la station de bus Souidani Boudjemâa de Annaba où deux très jeunes enfants d'origine subsaharienne font la manche. L'un d'eux s'approche d'un individu corpulent, chauffeur ou vendeur de tickets, et insiste pour avoir une pièce de monnaie. L'adulte le pousse à plusieurs reprises, puis avec une rare violence le pousse une nouvelle fois jusqu'à le faire tomber par terre dans une grande flaque d'eau – la scène aurait eu lieu durant l'hiver et la vidéo diffusée mercredi dernier. Alors que l'enfant éclate en sanglots, on entend des rires sarcastiques de personnes ayant assisté cette agression, sans que personne ne vienne au secours de l'enfant violenté. Le CNDH «profondément choqué» Par ailleurs, le Conseil national des droits de l'homme a réagi jeudi dernier en soulignant être «profondément choqué et bouleversé» par cette affaire, appelant, à travers un communiqué diffusé par l'APS, les services compétents à «prendre leurs responsabilités et exercer leurs attributions pour que cet acte ignoble puisse être puni avec toute la rigueur que requiert la loi pour de telles violences exercées contre une personne vulnérable». Dans ce sens, le CNDH a réitéré «la prohibition des actes de violence contre toute personne, d'autant plus que la Constitution prévoit que l'Etat garantit l'inviolabilité de la personne humaine», soulignant que «toute forme de violence physique ou morale ou d'atteinte à la dignité est proscrite». Néanmoins, le Conseil national des droits de l'Homme a estimé que «cet acte isolé n'entachera en rien les efforts importants déployés par l'Etat en matière de protection et de promotion des droits de l'enfant, qui reste vigilant quant au respect de ses engagements régionaux et internationaux en la matière». Pour rappel, ce n'est pas la première fois que les réseaux sociaux se soulèvent contre des comportements irrespectueux, voire contre des menaces, comme c'était le cas en juin dernier, lors d'appels à la violence envers les femmes qui «s'habillent de façon indécente», incitant les jeunes à leur jeter de l'acide sur le visage pour les «éduquer». Plusieurs femmes avaient déposé plainte auprès du service de la cybercriminalité de la Sûreté de la Gendarmerie nationale pour menaces. Suite à ce dépôt de plainte, le ministre de la Justice, garde des sceaux, Tayeb Louh, avait confirmé l'arrestation d'un des auteurs de ces appels et précisé que la justice n'épargnera pas «ceux qui veulent nous ramener aux années 90».