La forte hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers, prévue en France pour la prochaine rentrée, inquiète le monde universitaire, là-bas comme ici. Néanmoins là-bas, on essaye de relativiser, en s'appuyant sur les premiers chiffres de préinscriptions d'étudiants venant du Sénégal avec 11%, du Mali avec 5,6 %, ou encore de 8 % pour le Bénin. La ministre de l'Enseignement supérieur aurait pu ajouter la Russie et la Chine avec des plus de 8,60 %. Mais, cet «oubli» aurait été, en fait, révélateur de la baisse des candidatures de plusieurs pays, dont l'Algérie (- 22,95 %), la Tunisie (- 16,18 %), le Maroc (- 15,5 %) ou le Vietnam (- 19,72 %), faisant pourtant partie de ceux qui envoient le plus d'étudiants en France. En réalité, les chiffres disponibles, par Campus France en février, ne concernent que les préinscriptions en licence 1, alors que pour les autres années de licence, de master ou de doctorat, parlent d'une baisse de 10 %. Ce pourquoi l'arbre relativisant l'impact de cette hausse des frais d'inscriptions cache mal la forêt qui attend l'accueil des étudiants étrangers, les extra-communautaires. De prime abord, cette hausse annonçait de nouveaux moyens dégagés pour des bourses à certains étudiants internationaux, et envoyer un signal de qualité aux étudiants qui verraient en l'actuelle «gratuité» un signe de médiocrité. En fait, ça n'est que du pipeau, au moment où la résurgence des antisémites et le conflit des «gilets jaunes» tétanisent un gouvernement aux abois. Aussi, à un mois de la clôture des préinscriptions, tabler sur une «stabilité» et affirmer que «les craintes du monde universitaire s'avèrent infondées», relève d'abord d'un effet de sidération, puis d'inquiétudes chez les étudiants, et pas qu'algériens ou Tunisiens et autres. «Beaucoup ont envoyés des mails à nos universités pour se renseigner avant de candidater», affirme un vice-président d'association estudiantine, en charge des relations internationales à Rennes-II, conscient du mal qu'ils ont à joindre les deux bouts malgré le soutien de leurs parents ou autre. «Nous nous y attendions un peu, et l'effet dissuasif est en train de jouer à plein pot», précise ce dernier soixante-huitard progressiste. Pour lui, l'effet d'éviction est manifeste, mais à l'instar des autres universités, il estime que la seule indication concrète sera le nombre d'élèves définitivement inscrits, à l'issue de l'été 2019. Pour notre part, on peut en déduire que ces frais d'inscription ainsi rehaussés permettront en fait, de financer un désengagement de l'Etat dans les universités, devenues «autonomes» depuis une loi datant de 2007 déjà. La gestion de la masse salariale, mécaniquement croissante avec l'ancienneté et l'évolution des qualifications, est devenue un casse-tête, et surtout un boulet financier pour le gouvernement. Dit autrement, les universités devront le financer sur leurs ressources propres qui comprennent, notamment, les droits d'inscription ainsi rehaussés. Et évidemment, ce ne sera pas aux étudiants algériens ou autres d'avoir du souci pour les dites ressources. La France choisit donc de suivre le chemin emprunté par d'autres pays européens, comme l'Angleterre, point barre. La contestation «jaune» qui prend un tour de plus en plus insurrectionnel, se fiche royalement de ces étudiants étrangers, dernière roue de la charrette. Ils ne pourront pas dire, toutefois, qu'ils n'étaient pas prévenus…