La soirée théâtrale qui a lieu à la maison de la culture Ali Zaâmoum dans la nuit de samedi n'était pas un simple spectacle organisé dans le but d'égayer la veillée ramadhanesque d'un jeûneur. La soirée était plutôt une pause que l'on marque pour regarder du côté des opprimés, du côté de ceux et celles qui vivent sous le joug d'un tyran. La pièce montre l'oppression à l'échelle d'une patrie mais aussi de l'être humain. Mama Algeria est le titre de la pièce théâtrale qui a été produite par l'association culturelle Itran de Takerboust (Aghbalou) et l'association culturelle Tamazgha de Tirourda (Iferhounène) en collaboration avec le théâtre régional Kateb Yacine et la direction de la culture de Tizi Ouzou. La comédienne Nacira Benyoucef et Makhlouf Aoudia ont su traduire en un peu plus d'une heure le profil de l'opprimé. Nacira Benyoucef qui joue le rôle d'une mère qui symbolise aussi la «patrie», a résumé l'immense bonheur et la profonde douleur de donner naissance à un enfant et de le voir mourir, tué par l'ogre, ce personnage invisible sur scène mais qui constitue une menace réelle. Cet ogre qui reflète à la fois les forces du mal qui menacent la stabilité des pays et le côté obscur de l'être humain. Sur scène, la comédienne n'a pas besoin de mots pour s'adresser à son public. Le langage corporel en est un moyen efficace pour pouvoir attirer l'attention d'un public pas ou peu habitué à ce genre de spectacle. «Mama Algeria, c'est l'histoire de tous les pays qui ont vécu et vivent encore sous l'oppression. C'est un spectacle écrit en arabe et réalisé par la tunisienne Samira Messikhi. Je l'ai traduit et adapté à la langue amazighe. Mama Algeria raconte la réalité que l'on vit. C'est la tyrannie de l'être humain. Chacun peut être l'ogre», a déclaré Nacira Benyoucef à la fin du spectacle. «Ce spectacle est un hommage à toutes les patries qui ont vécu des heures sombres dans leur histoire», ajoute la comédienne qui a tenu en haleine le public. Ainsi, l'artiste ne s'est pas rendue à l'évidence de l'oppresseur. Elle ne s'est pas résignée. Du fond de son épuisement, son déchirement et son insondable douleur, elle se relève pour tenir tête à l'ogre. Elle préserve la mémoire de son enfant. Elle résiste. «Je reste ici, j'attends l'arrivée de l'ogre. Je n'ai nulle part où aller», crie-t-elle sur scène. «Mon message est que tous les peuples puissent vivre dans la sérénité et que chaque être humain ait sa part de paix et de bonheur», conclut-elle.