En Tunisie, le premier tour pour l'élection présidentielle s'est déroulé hier avec en lice 27 candidats, dont le président par intérim sortant, Moncef al Marzouki, et le très populaire Béji Caid Essebsi, leader du parti Nidaa Tounès, créé il y a seulement deux ans, et qui a déjà raflé la mise lors des élections législatives du 26 octobre 2014, imposant un cuisant échec au parti islamiste Ennahda. Les Tunisiennes et les Tunisiens élisent librement à partir d'hier le premier président de l'après-Ben Ali, poussé à l'exil après la révolution du jasmin de janvier 2011. La Tunisie, qui a connu la révolution du jasmin en 2011, avant que ce qui est appelé «le printemps arabe» ne sème le chaos dans plusieurs autres pays arabes, dont la Syrie, démontre que le dialogue peut aider à éviter le désordre et l'instabilité. L'élection présidentielle en Tunisie considérée par de nombreux observateurs comme étant «une phase très importante dans la construction de la démocratie» dans ce pays représente l'espoir du peuple tunisien de relancer l'économie du pays, d'entrer dans une stabilité durable et de venir à bout du terrorisme qui menace le pays depuis quelque temps. Organiser des élections législatives et présidentielles malgré la menace terroriste est déjà un défi relevé et gagné face aux terroristes qui ont fait plusieurs victimes civils et militaires dans ce pays. Le Premier ministre actuel, Mehdi Jomaa, ancien ministre de l'Industrie, chargé en début d'année de conduire le pays jusqu'aux élections conformément à la feuille de route signée par les principaux partis, s'est dit «très confiant» dans le déroulement de ces échéances, est-il rapporté. Il voit dans la présidentielle de ce dimanche un «espoir» pour la région. «C'est un espoir, un grand espoir pour la région (...) Nous étions les premiers à entrer dans ce cycle de changements qu'on a appelés printemps arabe. Nous serons les premiers (à en sortir) mais d'autres suivront, a-t-il déclaré avant-hier, lors d'une visite dans la région de Béja (120 km à l'ouest de Tunis) pour superviser les préparatifs en vue de l'élection. Près de 5,3 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes hier (depuis vendredi pour les Tunisiens de l'étranger) pour ce scrutin. Cinq des 27 candidats postulant à la magistrature suprême en Tunisie ont jeté l'éponge au cours de la campagne électorale. Le parti islamiste Ennahda, au pouvoir de fin 2011 jusqu'à début 2014 et deuxième aux législatives d'octobre n'a, lui, pas présenté de candidat et décidé de «laisser ses membres et partisans faire leur propre choix» ; il a été battu par Nidaa Tounès de Béji Caid Essebssi présenté comme étant «grand favori» de cette élection présidentielle face à ses concurrents, dont Moncef Marzouki. De son indépendance en 1956 jusqu'à la révolution de 2011, la Tunisie n'a connu que deux présidents : Habib Bourguiba, déposé le 7 novembre 1987 par un coup d'Etat de son Premier ministre Ben Ali, resté président jusqu'à sa fuite en Arabie saoudite le 14 janvier 2011, chassé par la colère de la rue. Après avoir évincé le parti «islamiste» Ennahda aux élections législatives du 26 octobre, Nidaa Tounes, dirigé par Béji Caid Essebsi, semble déterminé à faire face à un autre concurrent, le président par intérim sortant, Moncef al Marzouki. La victoire de Nidaa Tounès aux législatives du 26 octobre, nette mais insuffisante pour former une majorité (86 sièges sur 217) contre 69 au mouvement «islamiste», renseigne sur la grande popularité dont bénéficie Béji Caid Essebssi.