Les spectateurs venus nombreus au théâtre de verdure Saïd-Mekbel, situé au bois des Arcades à Ryadh El Feth, Alger, ont profité, durant la soirée de vendredi, d'un voyage épicé aux atmosphères électriques. Les soirées thématiques de la 5e édition du Festival culturel international «Eté en musique à Alger» se poursuivent et ne se ressemblent pas. Après une soirée d'ouverture andalouse, suivie d'une deuxième typiquement algéroise, le festival entame sa deuxième semaine musicale. Jeudi passé, les mélomanes de la chanson kabyle ont pu apprécier une prestation des plus honorables de l'artiste Lounis Aït Menguellet. Pour ce vendredi, place est donnée à la chanson tergui et gnaoui. C'était à la formation Tissilawen d'ouvrir les festivités. D'emblée, le groupe arrive à capter l'attention du public composé majoritairement de jeunes, férus de musique gnaoui venus nombreux assister au spectacle. Très vite, le jeune groupe originaire du Tassili N'Ajjer a enchaîné avec des titres qui ont fait leur succès, Ayatmanine, Awin Akalin, Tamiditin, Ayallal, invitant le public à chanter avec eux et à les rejoindre sur scène pour danser sur les rythmes du guembri. Tissilawen (pluriel de Tassili) est un groupe de musique targui, originaire de Djanet dans le sud algérien. Créé en 2006 par des jeunes d'un seul quartier Zerouaz, le groupe est composé, actuellement, de six musiciens chantant le style tergui mélangé au jazz, accrochant aussi d'autre styles tels que le tindi, une musique et une danse spécifiques aux Touaregs, où les femmes jouent de l'imzad et les hommes dansent sur les chameaux. «C'est aussi une manière de préserver ce patrimoine pur du Sahara algérien», souligne Bakada Bahous, leader du groupe. Quand la batterie rencontre le bendir La deuxième performance de la soirée émane de la belle région de Tamanrasset. Afous Dafous ont pour leur part enflammé la scène du théâtre de verdure. Cette jeune formation est composée de six musiciens de différentes régions du pays, à savoir Ghardaïa, Tamanrasset, Djanet et In Salah. Les membres de ce groupe font des kilomètres pour retrouver leur public algérois. Bien qu'existant depuis 2012, Afous Dafous s'est produit plusieurs fois en Algérie, en Lybie et au Niger. Le groupe a enchanté l'assistance durant une vingtaine de minutes. Leurs fans étaient nombreux et reconnaissables leur chèche bleu, une tenue typique du Grand-Sud algérien. Les six comparses investissent la scène d'un pas déterminé et aussitôt enflamment la scène. Les applaudissements laissent place aux performances de danse de chaque membre du public en totale symbiose avec les membres du groupe. Les instruments s'élancent à forts décibels. Les cordes des trois guitares électriques s'aiguisent au gré des doigts des musiciens. La batterie et le bendir s'invitent timidement pour prendre, ensuite, un élan des plus saccadés. Le leader du groupe Kader Tarhanine, réputé pour son timbre de voix particulier, salue le public et lui demande de reprendre avec lui en chœur le célèbre tube et titre de leur premier album Tirhani Teguela (Mon amour est parti).
La magie du Sud domine la soirée
Essed, le troisième groupe monte sur scène pour créer comme à son accoutumée, l'événement avec ses rythmiques particulièrement entraînantes qui enchantent le public. Essed, qui nous vient de Kenadsa, au nord de Béchar est un groupe ayant évolué depuis ses début dans le genre gnaoui, mais aussi dans d'autres styles proches du ghiwane. Le groupe, plein d'entrain, a suscité une vive interactivité avec le public qui ne se fatigue pas. Les notes du mandole, du gumbri, du karkabou et autres percussions, comme le bendir, la batterie ou le synthétiseur, confèrent à chaque phrase musicale du caractère et de la teneur. Essed n'a pas vieilli bien qu'il existe depuis 1983. Passant une longue traversée du désert, le groupe s'est reformé en 2000 avec de nouveaux membres, jeunes et dynamiques. Pour conclure cette belle soirée, Ouled El Hadja Maghnia ont fait sensation. Avec une intro des plus ambiantes, Besmelah Bdit, louange au Tout-Puissant, le leader du groupe Ouled El Hadja Maghnia, Youcef Merghache, gagne l'attention et le cœur du public, déjà chauffé à blanc. Les sons émanant de leurs instruments ont fait vibrer le public pour conclure en apothéose en interprétant Sellina âla nabina, suivie par Zayrat el wali, avant d'enchaîner avec Baba Mimoun, ou encore Ya sidi Belahmar, inspirée du rituel diwane. Ouled El Hadja Maghnia ont prouvé leur maturité musicale, eux, qui fêtent leur 20 ans de scène et qui comptent à leur actif neuf album en attendant la sortie du prochain. Avec une instrumentalisation basée essentiellement sur les percussions, le Def donne une couleur authentique à la musique du groupe qui se distingue par ses rythmes saccadés et qui trouvent de bons échos auprès du public.
