Une grande opération «d'approvisionnement» de Daech à partir de l'Europe vient d'être déjouée par la police espagnole. Pas moins de 20 000 tenues militaires destinées à cette organisation terroriste en Syrie et en Irak ont été saisies. Les 20 000 uniformes militaires saisis dans les ports de Valence et Alicante, en Espagne aurait pu «équiper toute une armée». Sous couvert d'aide humanitaire, un réseau devait les transmettre aux terroristes actuellement en Syrie et en Irak. La police espagnole a annoncé, jeudi, avoir saisi quelque 20 000 uniformes militaires destinés à des organisations djihadistes, dont Daech, actives en Syrie et en Irak. Cette quantité serait «suffisante pour équiper toute une armée», a indiqué la police espagnole dans un communiqué. Les uniformes ont été découverts dans trois conteneurs saisis dans les ports de Valence et Alicante, au sud-est du pays, lors du démantèlement par la police d'un réseau qui envoyait des armes et du matériel militaire aux organisations djihadistes sous couvert d'aide humanitaire. Sept personnes avaient alors été arrêtées dans le cadre d'une enquête ouverte en 2014 sur «les structures étrangères» fournissant un soutien logistique à l'EI et au Front Al Nosra, branche d'Al Qaïda en Syrie. «Les conteneurs transportant les uniformes étaient déclarés comme ‘vêtements d'occasion' afin de ne pas éveiller les soupçons et pouvoir passer les différents contrôles douaniers sans difficulté», a ajouté la police. «Avec les quelque 20 000 uniformes militaires et accessoires, il aurait été possible d'équiper toute une armée prête à combattre sur n'importe quel champ de bataille des organisations terroristes djihadistes dans le monde», selon le communiqué. L'une des entreprises gérées par les suspects arrêtés en février se consacrait à l'importation de vêtements usagés. L'un des suspects arrêtés organisait l'envoi en Syrie et en Irak «de matériel militaire, d'argent, d'équipements électroniques et de transmission, d'armes à feu et de précurseurs utilisés pour la fabrication d'explosifs» par l'intermédiaire d'une société, avait expliqué la police à l'époque. Le matériel était expédié dans des conteneurs fermés sous couvert d'aide humanitaire et les envois étaient financés par la hawala, un système islamique informel de transfert de fonds, beaucoup plus discret que les transferts bancaires classiques. Le chef du réseau avait en outre des relations «constantes» avec un membre de Daech, qui lui avait demandé à plusieurs reprises de recruter des femmes en vue de les marier à des djihadistes en Syrie. Cette organisation terroriste acculée par la coalition international essaye toutefois de se redéployer notamment en Libye, car elle perd beaucoup de ses éléments. Ces derniers sont «soignés» en Turquie, accuse le chef des milices d'autodéfense populaire de la ville syrienne d'Afrin, dans le nord-ouest du pays, Abdou Halilia. Dans une interview à la chaîne RT, Abdou Halilia est catégorique : «Un terroriste blessé de Daech, s'il se trouve dans un hôpital turc, bénéficie d'une immunité, d'une protection, on ne peut même pas le regarde.» «De quelles preuves avez-vous encore besoin ?», lance Halila. Il a également rapporté que certains terroristes du Front Al Nosra, trouvés morts sur le champ de bataille, avaient des papiers turcs. «Nous avons aussi trouvé des documents qui leur permettaient de franchir la frontière (pour des munitions, ndlr). On a donc officiellement donné le feu vert», a-t-il ajouté.