Un groupe de jeunes de la commune de Takeslent, distante d'environ 70 km de la ville de Batna, table sur la remise au goût du jour des anciens jeux populaires traditionnels pratiqués dans la région des Aurès, à l'occasion de grandes et heureuses circonstances. Ce groupe qui active au sein des associations culturelles locales dont Idhourar Naith Soltane (montagnes d'Ouled Soltane), Idhourar Aâlane (Hautes montagnes), Marakounda pour la culture et des arts de Takeslent et Thaziri (la lune) de Merouana a initié récemment un festival local des jeux traditionnels. En dépit des moyens limités, ce festival qui est à sa deuxième édition commence à «gagner de la notoriété», notamment parmi les jeunes des Aurès qui ont eu à découvrir des distractions d'un autre genre, où se mêlent le patrimoine, la mémoire collective, la joie, la bonne humeur et la détente. Ces jeux que les ancêtres pratiquaient et appréciaient notamment lors de fêtes de mariage, des saisons de moissons-battage ou de récolte, ont suscité une sorte de nostalgie même parmi les plus jeunes qui se disent «rassurés et épris» lorsqu'ils voient des vieux s'adonner au jeu de la kharbga (un jeu populaire ressemblant au jeu d'échecs qui est pratiqué sur le sol à l'aide de petites pierres). L'idée d'organiser un festival local sur les jeux populaires qui font partie du patrimoine commun de la région n'a pas été fortuite mais inspirée de l'image de ces vieux qui pratiquent avec passion le jeu de la kharbga, ont témoigné Omar Benmahdi et Hamada Bensaci, représentants du comité d'organisation du Festival des jeux traditionnels, organisé à l'occasion du mois du patrimoine (18 avril-18 mai). Cette idée qui paraissait quelque peu «étrange» a été vite adoptée par les habitants de cette localité qui continuent jusqu'à aujourd'hui, notamment au printemps, à s'adonner à des jeux anciens comme l'arc (thakourt), un jeu traditionnel qui ressemble au hockey, ont-ils poursuivi. La relance de ces jeux «procréateurs» de joie aussi bien pour les grands que les tout petits s'inscrit dans le cadre de la «préservation du patrimoine et de la mémoire collective, menacée aujourd'hui par l'oubli», soutient M. Bensaci. La 2e édition du Festival des jeux populaires traditionnels de la région a été organisée et marquée par la programmation d'une quinzaine de jeux traditionnels qui ont capté l'attention des visiteurs composés essentiellement de jeunes gens venus de plusieurs localités de la wilaya. L'image des groupes de personnes concentrées à pratiquer un jeu «reflétait l'intérêt accordé à un pan de la mémoire collective de la région», ont estimé les organisateurs qui misent sur la continuité de ce festival qui, de l'avis des participants «a éveillé quelque chose du passé, des souvenirs lointains, de moments de joie et de partage». Sans le moindre complexe, les jeunes en habits traditionnels chaouis qui ne connaissaient de ces jeux traditionnels que les noms se sont mis de la partie et ont pris part à cette manifestation, offrant des scènes saisissantes aux amateurs de photographies. Pour les jeunes de Takeslent, la revalorisation du patrimoine culturel de la région à travers la relance des jeux traditionnels populaires constitue «la meilleure tactique» pour faire découvrir cette riche parcelle des Aurès, avec ses sites archéologiques romains, son artisanat, son histoire, ses plats populaires et ses jeux traditionnels.