En public ou en privé, sur les réseaux sociaux, dans les cafés, les bistrots ou aux hammams, peu importe, on entend tous les sons de cloche à propos de ce qui fait l'actualité de cette fin mai. Sans ambages, le ton martial, à défaut de loi martiale (…), dénonce, critique, s'enflamme, blâme et juge les Chakib Khelil, Rebrab, Grine, Sellal, Idir, Aït Menguellat, Takfarinas etc. Chacun en prend pour son grade et c'est normal, paraît-il. Mais, aucune soustraction ne pourra épuiser le sens démentiel de certains commentaires ! Avec les premières chaleurs et le proche Ramadhan, ça promet de drôles de «sauces» assaisonnées aux cervelles de moineau… En démocratie, avec ou sans dérision, tout semble permis dans ce pays. Violation des vies privées, insultes, invectives, atteinte à la dignité des citoyens, régionalisme ou «fitna» orchestrée ou pas, tout passe à la moulinette ! Mais au fait, pourquoi cette hystérie et ces suspicions, en veux-tu en voilà ? Pour le philosophe ou le sociologue, pour qui rien ne va de soi, c'est la faute aux gouvernants et autres mal élus à l'origine de polémiques, aussi bien politiques, économiques qu'idéologiques. Jouer les procureurs de circonstance est la fâcheuse tendance. Et là, on constate que l'irrationnel ne rode pas uniquement chez des élites et autres experts autoproclamés. Cet irrationnel impacte aussi la réactivité émotionnelle des citoyens. Tout est alors bon pour se mettre en colère, dénigrer et accuser le système en cherchant des coupables. C'est une douce panique généralisée à laquelle s'ajoute une tendance à l'agressivité, à l'incivilité, le tout relayé par des hâbleurs et des fanfarons se moquant de la «houkouma». Qu'est-ce donc tout ça ?... Des moutons se transformant en loups ou des carnassiers dévorant le troupeau ? Et où sont passés les bergers devant ce grand carnage ? L'image est caricaturale, mais il faut rester vigilant. Car dans ce monde de fous, se guérir de la folie requiert de la sagesse. Or, tous ces gens qui courent, s'agitent, dénigrent et tapotent sur leur clavier, en donneurs de leçon démocratique, n'ont aucune idée de la sagesse, chère à Socrate, Platon ou Aristote… L'Algérien a le droit d'avoir son opinion, son avis et sa vision des choses sur tout ce qui concerne les affaires de la cité, du foot à la politique en passant par la réalité de «ses» assemblées élues... Mais, ce citoyen lambda a-t-il la possibilité de changer le cours des choses ? Pas sûr, tant que la vertu n'est pas science et que le vice persiste dans les consciences ! Par contre, la sagesse, l'amitié, le courage, la pitié, la solidarité, le vivre-ensemble se doivent d'être but suprême de toute existence. Diviser, alimenter les facteurs de trouble, stigmatiser ou faire des procès d'intention n'a jamais été une pédagogie propre à émanciper les esprits, qu'ils soient indépendants ou encartés partisans, bien au contraire. Aussi, face au torrent de démagogies oiseuses qui ne répondent ni aux énigmes ni aux interrogations, il est grand temps de relativiser face à ces tailleurs d'images négatives ! Conformistes, suivistes et soumis au baratin populiste, ces soi-disant éveilleurs de peuple ont perdu l'habitude de réfléchir seuls. Vautrés dans leurs salons, ils excluent toute personne suspectée d'indépendance d'esprit. Une indépendance d'esprit qui, sans être moraliste par le délire ou la forfanterie, estime que la représentation humaine sera toujours ahurissante, singulière, désopilante, malveillante et, à la fin très salutaire à notre bonne et mauvaise conscience. Faut juste savoir séparer le bon grain de l'ivraie. Et tout ira mieux, savoureux et même jubilatoire, dans un monde meilleur où les prix du baril de pétrole auront rebondi à 70 ou 80 dollars …