La cyber-attaque intentée par les Etats-Unis et le Maroc contre le ministère de la Défense nationale est «immense». Pas moins de 3500 tentatives de piratage sont enregistrées quotidiennement, nous révèle une source proche du département du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah. «Les logiciels ainsi que le site du MDN sont la cible des hackers localisés dans plusieurs Etats étrangers», explique notre source avant de préciser que les Américains et les Marocains sont ceux qui ont le plus tenté de s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Algérie et de sa sécurité nationale. En moyenne, ce sont plus de 30 000 tentatives qui sont déjouées par mois par les responsables du système de sécurité du réseau internet du MDN. «Au moindre essai de hacking, le système de sécurité signale, en rouge, la provenance de l'attaque», rassure notre source, en affirmant que «jusqu'ici, les pirates du web n'ont jamais réussi à infiltrer le réseau». Outre les deux pays cités, des tentatives de piratage ont émané de l'intérieur même de l'Algérie, selon nos informations. «Nous avons localisé des pirates à l'intérieur du territoire national. Mais une chose est sûre, ils ne resteront pas impunis», certifie notre source en soulignant que «les informations internes liées à la sécurité du pays sont placées sous haute vigilance». En pourcentage, le piratage cible dans 70% des cas le site web du MDN et 30% sa boîte mail. Le site du ministère de la Défense, a-t-on appris, n'est pas la seule cible des tentatives de piratage. La banque de données informatiques du réseau des Forces navales, des Forces de défense aérienne du territoire, de la Garde républicaine et de la Gendarmerie nationale, a elle aussi failli être pénétrée. Il y a à peine un an, un site d'un autre département gouvernemental a, lui, par contre été infiltré par des hackers marocains, celui du ministère de la Culture en l'occurrence. En effet, en mai 2015, le groupe de pirates nommé «Moroccan Ghosts», (Les fantômes marocains), s'est introduit dans le système informatique du ministère au lendemain du match de football qui a opposé l'ES Sétif au Raja de Casablanca. Les hackers y ont laissé une lettre adressée «au peuple algérien et ses commandants», en réaction aux violences enregistrées entre les supporters des deux équipes. Menaces informatiques, l'Algérie toujours vulnérable Si Internet a révolutionné le XXIe siècle, il a aussi ouvert une brèche à une nouvelle forme de criminalité. La cybercriminalité. Les Etats du monde entier ont multiplié les campagnes de prévention contre le côté dévastateur de cette technologie. L'Algérie, elle, peine à protéger ses sites des menaces informatiques. En 2014, une étude réalisée par Kaspersky Lab a placé l'Algérie à la tête des 10 pays les plus «vulnérables». Elle indique que 3,7 % de la faille de sécurité «CVE-2010-2568» ont infecté les ordinateurs des utilisateurs algériens en l'espace de huit mois (2013-2014). Une preuve que le système informatique algérien n'a pas été assez sécurisé. D'ailleurs, lors d'un séminaire organisé, mardi et mercredi derniers, par la Gendarmerie nationale sur le thème de la cybercriminalité, des participants ont relevé la réaction «tardive» de l'Algérie dans cette lutte. L'expert en informatique, le Canadien Bachir Halimi avait justifié ce retard par l'«incompréhension» des dirigeants algériens de l'ampleur de cette menace, car n'ayant pas évolué avec l'informatique. Ironie du sort, des Américains présents à ce séminaire ont reconnu que l'Algérie est exposée dangereusement à la menace des cybercriminels.