Le programme des réformes initié par Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, nécessite encore du temps pour son application sur le terrain. La précipitation et l'improvisation sont les principaux reproches faits à ce programme dont les principaux axes sont : un programme dit de 2e génération, destiné aux élèves de 1re et 2e années primaires et 2e année moyenne et des changements à introduire à l'examen du baccalauréat. En effet, la refonte du système des examens, le mode d'évaluation pour corriger les lacunes est un défi de taille relevé par Mme Benghebrit à travers le lancement d'un ambitieux programme de réformes qui sera inauguré la prochaine rentrée scolaire. Ainsi, l'année prochaine sera celle de la concrétisation des réformes qui se veulent une «rupture totale» avec l'ancien système. En résulte un dysfonctionnement qui se traduit par l'échec et la déperdition scolaires. 30% des élèves de 1re année scolaire refont leur année, 32% quittent les bancs de l'école avant l'âge de 16 ans, alors que 14% est le taux de doublants dans la 2e année primaire. Ce constat illustre bien la défaillance d'un système scolaire et non celui d'un élève, selon Mme Benghebrit. Pour remédier à cette situation, un nouveau programme visant la concrétisation d'une volonté de changement qualitatif a été lancé par la ministre. La «précipitation» est la critique formulée par certaines parties, y compris celles qui approuvent la démarche de la ministre. «Nous avons l'impression qu'on travaille dans la précipitation», avait déclaré Omar Djefafla, membre de l'Union nationale des parents d'élèves (UNPE). Ainsi, annoncer un nouveau programme avec l'élaboration d'un nouveau manuel scolaire dès l'année prochaine inquiète vraiment les parents d'élèves. Il reste que la conception de ce programme dont le modèle d'enseignement fait appel aux facultés cognitives de l'élève fait l'unanimité de tous les acteurs du secteur. Il en est de même pour les modifications qui toucheront l'examen du bac, dont la nécessité de réduire la durée à 3 jours et l'introduction de la fiche de synthèse dès la deuxième année, font l'objet d'une concertation entre la ministre et ses partenaires sociaux. La décision de réformer totalement et rapidement le baccalauréat dès l'année 2016-2017 montre, encore une fois, la poursuite du bricolage des réformes, affirme le Conseil des lycées d'Algérie (CLA). «Nous passons de ministre en ministre sans voir un véritable changement, c'est toujours la même rengaine et nous continuons à importer des réformes qui ne sont pas adaptées à la réalité algérienne», reproche le syndicat qui voit la solution pour redonner à cet examen sa vraie valeur et instaurer un bac professionnel, dans l'ouverture des lycées techniques. «Voilà, le secteur poursuit sa politique d'improvisation et les expériences en laboratoire sur les élèves continuent», dit-il, avant de préconiser l'installation d'un conseil de planification capable de prendre des décisions adéquates qui pourront mettre fin aux maux dont souffre l'école. D'autres syndicats, comme le Snapest, le Satef et l'Unpef ont mis l'accent sur le rôle de la formation des ressources humaines qui doit accompagner ce programme. «Il faut lui accorder une formation de qualité», exige le Snapest qui qualifie la démarche de Benghebrit d'«initiative qui donnera un plus à l'école algérienne».