La date du 03 décembre, journée internationale des handicapés, nous rappelle chaque année, la situation de nos concitoyens qui souffrent en silence. Ces invalides, que le destin a condamnés à vivre, privés de l'une des fonctions sensorielles, visuelles, mentales ou de mouvement dont jouissent les personnes valides. En Algérie, les personnes handicapées sont confrontées à une discrimination directe ou indirecte dans tous les secteurs de leur vie quotidienne. Les lieux-dits «publics» sont quasiment inaccessibles aux personnes souffrant d'un handicap physique et ce, en dépit du fait que l'accès soit parfois garanti par la loi. La décision ministérielle, datant de 2011, pour la mise aux normes d'accessibilité des établissements pour les personnes handicapées, n'est pas appliquée sur le terrain. Administrations, commerces, écoles, habitations, transports et voirie demeurent inaccessibles à toutes personnes en situation de handicap. Un calvaire qui dure depuis des années. Hier les personnes handicapées étaient nombreuses à exprimer leur ras-le-bol face à cette situation. «Plusieurs handicapés souffrent de l'impossibilité à suivre des cours, car aucune facilité ne leur est accordée. Ils ne peuvent pas rejoindre les bancs de l'école ou des universités», déplore le président de l'association nationale des myopathes (maladies neuromusculaire), Akli Aknine lors de son intervention hier au forum d'el moudjahid. Il affirme ne pas détenir de statistiques récentes, mais rappelle ainsi des études théoriques, réalisées par des professeurs qui font ressortir que le pays compte environ 40 000 myopathes dont 8 000 à Alger. Outre les problèmes liés au handicap physique, notamment l'accessibilité aux édifices et lieux publics ainsi que la scolarisation des enfants myopathes, l'intervenant évoque, également, le manque de réactifs pour la réalisation de la biopsie. M. Aknine crie haut et fort à la non-marginalisation des handicapés, qui peut être «mortelle» pour leur moral. Il a émis un appel à une mobilisation massive de toutes les associations afin de «faire bouger les choses» et améliorer le quotidien de chaque malade. Il a, par ailleurs, plaidé pour la revalorisation de la pension des handicapés-moteurs, afin, dit-il, «de leur permettre de subvenir à leurs besoins». Un autre cri de détresse a retenti dans la salle. Il s'agit d'un homme qui a, à sa charge, deux frères handicapés. Exclus de l'aéroport Ce dernier dénonce les difficultés auxquelles il est confronté au quotidien. «Mes frères n'arrivent pas se déplacer seuls. Ni le train ni le métro et encore moins les bus ne sont accessibles aux handicapés», s'est-il indigné. L'intervenant a, également, cité la marginalisation de personnes handicapées au niveau des aéroports. «Mes frères ont été exclus des lignes aériennes intérieures parce qu'il n'y avait aucune prise en charge au niveau des avions», a-t-il encore dit. Une mère de deux handicapés est également intervenue pour raconter le calvaire qu'elle vit au quotidien auprès de ses enfants. «Nous en avons marre des belles paroles. Des décrets, des réunions… qui se font chaque année, mais rien ne change concrètement. Nous voulons des actions», a-t-elle lancé à chaudes larmes. De son côté, Abdelkrim Abidat, président du Conseil national pour la sauvegarde de la jeunesse, a poussé un coup de gueule contre les institutions qui n'appliquent pas les lois. «Des handicapés habitent au dernier étage dans des immeubles qui n'ont pas d'ascenseur. C'est inadmissible», a-t-il lancé. L'accessibilité aux personnes handicapées est une affaire nationale, selon lui. «Les ministères, la société civile et les associations doivent s'unir pour mettre en place un programme en vue de faciliter le quotidien des handicapés», a-t-il conclu.