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Un espace paradisiaque et un ring pour pugilat entre exploitants et baigneurs
Oran : Cap Falcon
Publié dans Le Temps d'Algérie le 04 - 08 - 2009

A un jet de pierre de la localité balnéaire de Aïn El Turck, nichée contre un fatras de dunes sablonneuses qui continuent d'aiguiser l'appétit des voleurs de sable, se trouve la plage de Cap Falcon. L'endroit qui a acquis depuis des lustres sa renommée attire des estivants venus des quatre coins du pays.
On y vient même d'Europe pour profiter de la beauté du site qui incite au farniente et qui invite à la rêverie. «Se baigner ici est un véritable mode de vacances que ne savent apprécier que ceux qui ont la corniche oranaise dans le sang», dira un habitant de Tindouf qui avoue passer chaque été quelques jours à Cap Falcon.
Le diktat des concessionnaires
La plage qui s'étire à perte de vue est ouverte à la baignade. Elle est même donnée en concession à des exploitants qui y ont installé des solariums au grand regret de bon nombre de citoyens qui ont dénoncé lors de notre passage cette intrusion. «Ils ont squatté tous les espaces, et ils nous interdisent aujourd'hui l'accès à la plage. Ils nous obligent à louer leurs tables et leurs parasols alors que la réglementation est claire», dira un baigneur contraint à laisser dans sa voiture ses chaises et son matériel de plage.
Un autre ne manquera pas de souligner que selon les clauses du contrat de location, seule 100 m2 carrés sont cédés en concession pour la création de solariums, «mais ils ont pris tous les espaces au vu et au su de toutes les autorités de la commune.L'endroit est envahi par des essaims de colons qui ont créé un boucan à martyriser les tympans de ceux qui aiment lézarder sur la plage pour laisser leur peau à la caresse du soleil.» «Ils sont venus de partout. Ils ont créé une folle animation et parfois nous devenons leurs complices de jeu», affirme une femme qui se dit nostalgique jusqu'au bout des ongles.
«J'habite Barcelone, mais j'adore venir chaque année passer quelques jours de vacances ici à Cap Falcon. La plage a gardé son charme malgré les multiples agressions à l'environnement. Vous voyez toutes ces villas alentour, elles ont poussé comme des champignons ces dernières années. Leurs fosses septiques déversent leur contenu qui envahit aujourd'hui la plage, c'est dommage», dira-t-elle.
A côté d'un parasol… un parasol
Le visiteur est saisi par le spectacle les dizaines de parasols plantés sur toute l'étendue de la plage. Aucun bout de sable n'est laissé libre. «Ce sont les concessionnaires qui ont fait main basse sur toute la plage. Une bagarre a éclaté il y a environ une heure entre un estivant et des exploitants. Je crois qu'il a été blessé, un agent employé par l'exploitant l'a frappé avec une chaise su le dos, il a été acheminé par ses proches à l'hôpital», dira un baigneur compatissant.
L'exploitant que nous avons approché estime être dans son droit.«J'ai une autorisation et j'ai payé les droits d'exploitation. Je suis tenu par la rentabilisation de mon investissement. Et pour parler de l'incident de tout à l'heure, c'est lui qui nous a agressés, et mes agents sont allés déposer plainte contre lui et ses enfants.» Et quand nous lui faisons remarquer que son autorisation ne lui permet d'exploiter que 100 m2 de la plage, il se montre convaincant :
«Oui, je n'exploite que la superficie que m'accorde mon autorisation.» Et quand on lui fait remarquer que toute la plage est hérissée de parasols, il rétorque : « Ce sont deux autres plagistes qui ont loué les autres espaces, ce n'est pas de ma faute si d'autres personnes s'y sont installées.» Un élu de la commune de Aïn El Turc que nous avons contacté fera remarquer que la loi a été appliquée dans toute sa rigueur : «Nous avons donné en concession le tiers de la plage et une commission sillonne les sites pour vérifier la conformité des prestations avec les clauses du cahier des charges.»
Notre interlocuteur restera perplexe quand nous lui faisons remarquer que les deux autres tiers de la plage sont occupés par des exploitants qui exhibent, eux aussi, des documents et des autorisations signés par l'APC. «Je ne sais pas qui est à l'origine de cette situation, je vais entamer des recherches pour connaître qui en est à l'origine.»
Sur la plage, la vie est rythmée par les chants des jeunes colons, les cris des enfants qui barbotent dans l'eau sous le regard de leurs parents, les coups de sifflet stridents des surveillants de baignade et par les vrombissements des jet-skis, qui osent, malgré l'interdiction qui les frappe, s'aventurer parfois jusqu'à la zone de baignade.
«Monsieur plage»
Le sommeil des amateurs de bronzage est perturbé parfois par les cris des vendeurs de beignets et de crème glacée qui investissent très tôt le matin la plage dont la gestion est aujourd'hui confiée à un agent de la commune qui est chargé du respect des obligations contractuelles des concessions, de la sensibilisation des baigneurs sur la protection de l'environnement et la propreté des lieux, sur l'utilisation des douches publiques installées cette année et sur la gestion du parc auto. «Monsieur plage», comme on l'appelle aujourd'hui est au four et au moulin, chaque jour que Dieu fait.
«C'est une nouvelle expérience qui nous a permis de créer des postes d'emploi, de mieux surveiller la gestion des concessions et de préserver les installations réalisées cette année dans cette plage», dira un autre élu.Alors que nous quittions les lieux pour nous diriger vers la plage voisine des Dunes, un surveillant de baignade que nous avions remarqué durant toute notre visite en train d'exhiber ses pectoraux mis en valeur par un bronzage que n'ont pas su modérer les crèmes solaires de contrefaçon qui ont envahi le marché à Oran, s'escrimait à baisser le drapeau vert pour le remplacer par un pavillon orange.
«Le vent a changé de direction et la surface de l'eau est maintenant hérissée de vaguelettes qui peuvent donner naissance à des courants marins qui attirent vers le large», dira-t-il pour expliquer pourquoi il se donnait beaucoup de mal pour dompter la ficelle du porte-drapeau planté dans un coin de la plage.
La plage des Dunes, un site féerique défiguré par l'homme
La plage des Dunes qui attirait jadis les habitués qui venaient profiter de son eau cristalline et de son sable fin a perdu ses attraits. Elle est sans relief, pelée et rabougrie. Les complexes hôteliers qui se sont disputés les moindres mètres soutirés aux dunes de sable qui faisaient l'originalité de ce coin paradisiaque se dressent avec effronterie comme pour narguer les nostalgiques, ceux qui aimaient l'aspect sauvage des lieux. Les voleurs de sable se sont servis à satiété. Creusant, bêchant et remuant les dunes qui ornaient le site, ils ont provoqué une véritable catastrophe naturelle et une véritable agression à l'environnement.
Un vague souvenir
«Pour moi, la plage des Dunes n'existe plus. C'est devenu un vague souvenir qu'on se remémore entre vieux habitués du coin», dira Aâmi Saïd un quinquagénaire rencontré alors qu'il surveillait ses petits-enfants qui s'ébattaient dans l'eau. Les baigneurs qui disputaient les moindres parcelles de sable aux deux concessionnaires qui ont installé des solariums, donnaient l'impression de gens pressés pris dans la bourrasque du temps. Ils ne restent pas longtemps dans l'eau. Ils piquent une tête, osent quelques brasses, mais reviennent très vite se mettre à l'ombre de leurs parasols.
«Ils sont obligés d'être constamment aux aguets pour ne pas avoir des problèmes avec les agents des concessionnaires qui viennent de temps à autre pour débusquer ceux qu'ils qualifient d'intrus, qui n'ont pas payé la location des tables et des chaises», dira Aâmi Saïd qui ne s'empêchera pas d'ironiser : «Vous voyez, ils proposent des chaises en plastique alors qu'ailleurs on installe des chaises transat qui sont les plus indiquées pour la plage. On n'est pas sur une terrasse de café quand même.»
Les gendarmes vigilants
Dans un coin de la plage, un attroupement s'est formé autour d'un homme qui corrigeait à coups de gifle une adolescente. «Aâmi Saïd en homme sage intervient pour sauver la fille des ‘'taloches'' que lui assenait sans ménagement l'homme visiblement courroucé, le visage cramoisi brûlé par la colère et les dards du soleil.
«C'est un voisin qui a découvert sa fille qui discutait avec un jeune dans l'eau. Ils n'ont rien fait de mal, puisque je sais qu'ils fréquentent le même collège. Elle l'a dit à son père mais il n'a rien voulu savoir» fera-t-il remarquer avant d'ajouter : «Et puis il n'avait qu'à ne pas venir à la plage. Sa fille n'a rien fait de mal, elle discutait avec son camarade de classe, où est le mal ?»Des gendarmes qui étaient de passage dans les lieux discutent avec des baigneurs et des familles installées à l'ombre des parasols. Ils sont en mission dans le cadre du plan Delphine et leur présence est rassurante.
Ils viennent souvent pour des contrôles d'identité et demandent aux familles si elles ne sont pas importunées dans leur repos. «Ils demandent aux baigneurs s'ils ne sont pas contraints, par les concessionnaires, à la location des chaises et des parasols», dira un baigneur qui se dit réjoui par ce geste.
Astuces à l'ombre des parasols
Les dards du soleil qui tapaient très fort sont une aubaine pour les plagistes et pour tous les marchands ambulants qui sillonnent la plage. «Les parasols étaient loués en début de journée à 500 DA, mais maintenant, les rares qui restent sont proposés à 600, voire 700 DA», dira un surveillant de baignade qui nous proposera de nous trouver une bonne occasion pour 500 DA seulement, «c'est un voisin qui le loue à l'insu des plagistes», dira-t-il avec un sourire narquois.
Alors que nous continuons notre balade sur le sable chaud de la plage, «M. Plage» que nous avions rencontré à Cap Falcon est venu nous annoncer qu'une commission de la commune a fait irruption dans les sites donnés en concession.
«A El Ançor, ce sont 19 tables et une soixantaine de chaises qui ont été saisies, au cours de cette sortie. C'est sur la base de plaintes de citoyens que la commune a décidé d'agir», dira-t-il avant de préciser que «les concessionnaires sont tenus au respect du cahier des charges et tout contrevenant s'expose à l'annulation de son contrat de location».
Fumets et fin fumeuse
Plusieurs locataires des complexes érigés dans le coin préfèrent délaisser les solariums qui y sont aménagés pour aller lézarder à Cap Falcon ou aux Dunes. «Certes, ils offrent un service de qualité, mais les prix qui y sont pratiqués ne sont pas à la portée de toutes les bourses», affirme un vacancier de Médéa. Alors que nous quittions la plage, nos narines et notre appétit sont titillés par le doux fumet qui se dégageait d'une grillade de sardine que préparait un groupe de baigneurs.
«Vous voyez, ils ont mis les bouteilles de limonade bien en évidence mais dissimulé au fond d'une glacière les canettes de bière qu'ils ont acheté à Bousfer. Ce genre de parties démarre toujours dans la joie, mais se termine le soir par un drame», dira Aâmi Saïd qui nous avait proposé de faire le chemin du retour à Aïn El Turck avec nous.


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