Elle aurait pu être inopinée comme toutes celles effectuées par des responsables US et leurs homologues européens. Mais vu la teneur du message que Robert Gates doit livrer aux troupes américaines, «les Etats-Unis sont là pour gagner», sa visite en Afghanistan n'aurait pu en aucun cas se passer de «com». En plus de venir en soutien à la nouvelle stratégie du président Obama, le voyage du patron du département de la défense US à Kaboul tend à atteindre d'autres objectifs. Réaffirmer l'engagement durable de Washington aux côtés du gouvernement de Hamid Karzaï dont la réélection par fraudes massives est à mettre sur le dos de l'apprentissage démocratique. En outre, sonner le ralliement des troupes face au mollah Omar qui a cru en une victoire prématurée dès lors qu'il a été convié au dialogue. Qu'il descende de sa légendaire moto et remette les pieds sur terre, les Etats-Unis sont là pour gagner. Avec ou sans l'appui mitigé de leurs alliés européens ? Ceux-là viennent justement d'officialiser l'envoi de 7000 hommes supplémentaires en Afghanistan après que Rasmussen ait piqué une gueulante en coulisses avant de louer à la tribune de l'Otan le renouveau des liens transatlantiques. Peut-on parler d'un ordre de bataille des alliés derrière Obama quand la composante des renforts en question ne concerne pas des unités de combat mais des médecins, des instructeurs et des soldats stationnés depuis l'été dernier pour les besoins sécuritaires de la dernière «mascarade» présidentielle ? Dépêchée en toute urgence à Bruxelles pour balayer les réticences des «grands» pays de l'Alliance atlantique nord, Mme Clinton devrait attendre la prochaine conférence sur l'Afghanistan à Londres pour resserrer les rangs. Mais le rendez-vous risque de ne pas être des plus fructueux, il n'y aurait qu'un sommet rassemblant tous les acteurs régionaux pour pouvoir rêver d'une victoire en demi-teinte. En attendant ces retrouvailles en famille chez sa Majesté la reine, les paparazzis sont sommés de ranger leurs boîtiers, Barack Obama a reçu le Premier ministre turc et l'a remercié pour le «vieil» engagement d'Ankara en Afghanistan. Car il n'y en aura pas d'autres, la Turquie voulant être remerciée autrement. L'acceptation de son dossier d'adhésion à l'UE ferait l'affaire alors que les Vingt-sept ont donné leur feu vert pour l'application de l'accord de libre-échange avec Belgrade. En ce temps de dèche en matière de renforts militaires, Barack Obama peut toujours se retourner vers son allié sud-coréen qui a décidé d'envoyer 350 soldats en Afghanistan. C'est toujours utile surtout quand les autorités de Séoul montrent toute leur disponibilité à aider l'Amérique à se débarrasser d'une autre menace autre que celles des talibans et de Ben Laden dont les Américains sont sans nouvelles depuis des lustres. Ainsi, au moment où Barack Obama a envoyé illico-presto un émissaire en Corée du Nord pour les premières négociations directes entre Washington et Pyongyang, sa voisine du Sud s'est proposée de l'aider contre la grippe A qui sévit dans la forteresse communiste. Rien d'inédit dans cette démarche. Durant les années Bush, l'administration républicaine US avait offert de l'aide à la République islamique d'Iran, frappée par un violent séisme. Des années plus tard, rien n'a changé dans les relations irano-américaines. Pis, elles se sont tellement détériorées que le régime d'Ahmadinejad tomberait sous le coup de nouvelles sanctions en janvier prochain. Même sur le plan diplomatique, la grippe A s'avère redoutable et les antidotes sans effets immédiats.