C'est sous un tonnerre d'applaudissements, des youyous stridents, le fond musical de son célèbre tube des années 1970, «pour la jsk» que le chantre kabyle Lounis Aït Menguellet a fait son entrée sur la scène du Théâtre de Verdure à Alger, pour une autre soirée inoubliable. D'une main puis des deux, il salua comme à son habitude son public avec «Azul», un bonsoir et un «soyez les bienvenus parmi nous». Il était déjà 22 heures, soit plus de 30 minutes de retard sur l'heure prévue. Le sage n'a manqué de le relever en s'excusant auprès des présents venus l'écouter et partager avec lui quelques instants de «bonheur». Une fois n'est pas coutume, le poète demanda la permission d'entamer la soirée par ses anciens succès. «Si vous le voulez bien, on va débuter par des anciennes chansons, et à votre signal, on changera», a-t-il dit au public. Ainsi a été lancée une soirée orchestrée d'une main habile de la part du chanteur qui a su comment rythmer son récital, ô combien repris en chœur par le public. En parfaite communion, Lounis a programmé ses chansons de manière a permettre à son «verbe» d'être écouté ou plutôt d'être apprécié sans oublier le volet animation et divertissement. Après deux à trois chansons, au rythme de la parole, il intercale un tube de cadences accélérées, poussant vieilles, jeunes femmes et autres hommes sur la piste de danse, pour des mouvements des hanches spécifiques kabyles. C'est le cas lors de la chanson «Thelteyam dhi laâmriw» (trois jours de ma vie), ou une communion, entre l'artiste et son public à été à son comble. Avec des gestes furtifs avec son fils Djaâfar, un autre chanteur qui monte, Lounis, dirigea son show. A l'issue d'une de ses chansons qu'il achève toujours par un «Thanemirth» (merci), il présenta pour l'une des rares fois son orchestre composé de sept musiciens dont deux de ses enfants : Djaaffar et Tarik, à la flute et à l'harmonica, Said au bendir, Chaavane à la derbouka, Mouloud au banjo et Salem à la guitare. Cette présentation faite, il entama avec la complicité de tous «Ardjuyi» (Attends-moi), dont la connotation est difficile pour celui qui s'accroche au titre. C'est ce qui a d'ailleurs imposé un silence presque olympien dans les immenses gradins des lieux pris d'assauts dès 19 h par le nombreux public fidèle à Lounis, ses poèmes, sa sagesse et sa philosophie sur la vie, l'amour, leurs joies et leurs peines. Au bout de la onzième chanson, dédiée au club phare de la Kabylie «Tapez des mains, pour la JSK on y va» exécuté sur un rythme des plus fous que l'artiste, se retira pour un moment de répit, en laissant son fils Djef, comme il l'appelle, prendre la relève, pour une trentaine de minutes. Djaâfar sur les traces de son père Sans prétendre remplacer le monument qu'est son père, Djaafar, un chanteur qui monte, s'est montré plus communicatif avec le public en se permettant quelques boutades et dialogue avec des présents. Auteur déjà d'un album qui a eu un certain retentissement puisque un de ses succès figure depuis des mois au top Ten de la chaîne II de la radio nationale, Djaâfar habitué aux pistes avec son père est vite entré en contact avec le public, notamment les plus jeunes qui apprécient son rythme et son style. Le refrain de son tube «Assalah» (les saints patrons) a été repris en chœur, à sa demande, par le public qui s'est accordé avec cette star de demain de grands moments de plaisir et de joie. La touche de ce musicien très doué a été remarquée dans les notes ajoutées aux tubes de son papa pour beaucoup plus les alléger. Mais au fond et en dépit de ce contact facile, tout le monde attendait avec patience le retour sur scène de Lounis, que le fiston a fini par comprendre et laisser place au bout de trente minutes. «Je sais que vous voulez que je quitte la scène et que mon père revienne, mais sachez que je vous en veux», a-t-il dit en plaisantant en direction du public, en se pinçant le menton, à la manière des vieilles kabyles quand elles en voulaient à quelqu'un. La seconde manche de la soirée a été beaucoup réservée aux nouvelles chansons, où dominaient la sagesse et l'esprit philosophique des choses de la vie. Par ces tubes repris ou fredonnés, les présents ont voulu témoigner à leur idole la place qu'il occupe dans leur cœur. C'est d'ailleurs à un véritable tabac qu'a eu droit le public tout au long de son répertoire duquel il choisi 19 tubes qui ont été largement appréciés par tous, enfants, jeunes, femmes et homme. Il était minuit largement passé lorsque Lounis entama le tube «Ruh adhakimegh» (Pars, moi je reste), en guise d'un au revoir que le public a compris. La piste a été une nouvelle fois occupée par les fans qui malgré l'heure tardive voulaient faire durer la joie, immense, partagée avec un monument de la chanson kabyle… de la chanson algérienne. Le rendez-vous est donné pour une prochaine fois… certainement au cours des prochaines soirées du mois sacré du Ramadhan.