Situés à l'extrémité du nouveau marché de gros des fruits et légumes, les 24 mandataires qui occupent le pavillon C se croisent les bras depuis quinze jours, soit depuis leur installation sur les lieux. Ces derniers ne cessent d'enregistrer d'importantes pertes sèches, en jetant des dizaines de kilos de fruits et de légumes avariés, faute de clients. En effet, contrairement au plan architectural des ex-Halles centrales limitant la surface exploitée par les mandataires sous une seule et unique bâtisse, le nouveau marché des fruits et légumes d'El Karma est constitué de 9 pavillons, chacun est conçu pour abriter 24 mandataires. Le pavillon C se trouve à l'extrémité du marché, en retrait des autres bâtisses, et de ce fait ne reçoit pas de visiteurs, donc pas de vente. Ceci a causé des avaries de fruits et légumes, lesquels ont tout simplement été jetés. A l'intérieur de ce pavillon, parmi les 24 locaux, il n'y avait qu'un seul box qui avait quelques cageots de fruits exposés. Les autres avaient les devantures fermées avec des caisses d'emballage et le reste, ouvert, mais sans marchandises. Les commerçants, locataires des lieux, étaient très inquiets de leur situation. Ils tournent en rond, et ne savent pas à quel saint se vouer. «Nous sommes en train de jeter des quintaux de marchandises», explique un ancien mandataire. «J'ai jeté 16 quintaux de betteraves et 25 autres de laitue. Le pavillon C que nous occupons est isolé et personne ne vient ici pour acheter. Ceux qui achètent préfèrent s'adresser aux pavillons situés près de l'entrée du marché», révèle-t-il. Un vieux mandataire a ouvert le tiroir-caisse pour nous montrer la recette de trois jours de travail, moins de 2500 DA. «Ce n'est pas possible de continuer à travailler ainsi», se plaint-il. Parmi le groupe de mandataires, un jeune nous a confié avoir jeté cent cageots de pêches et cent autres d'abricots, ainsi que dix quintaux de poivrons doux et 150 caisses de pomme de terre. «Nous venons ici pour nous lamenter et comptabiliser nos pertes qui se chiffrent à des millions de centimes», précise notre interlocuteur. Les mandataires concernés reconnaissent que l'attribution des locaux commerciaux dans les pavillons a été faite selon un tirage au sort en toute transparence et en présence d'un huissier de justice. Mais vu la situation, ils souhaitent être transférés dans le pavillon J qui n'est occupé que par deux mandataires. M. Belarbi Tahar, directeur du marché, dira : «Il s'agit d'un nouveau marché qui n'a ouvert ses portes que depuis quinze jours. Il faut au moins deux à trois mois d'activité pour voir la situation s'améliorer en matière d'approvisionnement et en matière de vente. Je pense même que le pavillon C aura beaucoup plus de clients que les autres. C'est une question de temps», précise-t-il, avant d'ajouter que l'attribution a été faite sur la base d'un tirage au sort en présence des mandataires et d'un huissier de justice et qu'il n'est pas de ses prérogatives de modifier ce plan d'attribution. En ce qui concerne l'hygiène, le directeur du marché précise qu'il existe des locaux pour abriter le service d'hygiène. Malheureusement, les agents n'ont pas encore été affectés même si les démarches sont déjà faites. «Le service de la Direction du contrôle des prix et celui de l'Agriculture sont en place. Il ne manque que celui de l'hygiène et ça ne tardera pas à se mettre en place», précise le directeur du marché. Au sujet des 200 charretiers qui activaient aux ex-Halles centrales et qui n'ont pas été repris dans le nouveau marché, M. Belarbi dira : «Ces pères de famille qui activaient librement au niveau des Halles centrales avec des charrettes complètement désarticulées je ne leur interdit pas de continuer à travailler ici. Toutefois, ils doivent s'équiper de charrettes neuves, qui répondent a certaines règles, particulièrement de sécurité.»