La France n'est pas la principale destination touristique de Krimou. Non pas parce qu'il n'aime pas la France mais parce qu'il n'a pas de destination touristique ! En fait, Krimou n'a rien compris à cette histoire qu'il vient de lire sur le journal : il paraît que la France va délivrer des visas d'un type nouveau qui permettra aux «fidèles» de séjourner à volonté dans l'Hexagone, pendant une période de cinq années. Une sorte de «carte de séjour» comme Krimou en a vu tant et souvent fantasmé sans vraiment y croire. Mais Krimou n'a vraiment rien compris à cette histoire. Doit-il continuer à remplir à perte des formulaires de demande de visa, chaque année, espérer qu'un jour elle puisse aboutir. Et quand bien même on lui concédera une autorisation de séjour «normale», comment va-t-il, par la suite, s'y prendre pour convaincre les autorités françaises qu'il compte bien faire de la France sa destination touristique préférée ? A moins d'espérer avoir un visa à chaque fois qu'il en formule la demande et partir en France jusqu'à ce que les Français se rendent compte d'eux-mêmes qu'il a une passion dévorante pour leur pays, Krimou ne voit pas comment il va faire. Les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères français «ont donné instruction au réseau diplomatique et consulaire d'améliorer, partout où cela est possible, le taux de délivrance des visas de court séjour… ainsi que leur durée de validité», dit un communiqué «officiel». Krimou a bien lu, ensuite il a consulté ses copains, des fois qu'il y aurait des subtilités de la langue française qui pouvaient lui échapper, mais tout était finalement clair. Mais cette partie du communiqué n'est pas pour autant rassurante pour Krimou. Si la France décide d'augmenter le nombre de visas et leur durée, il n'est pas sûr qu'il en soit concerné, alors il est passé à l'autre partie du communiqué officiel : les nouvelles mesures visent à faciliter les choses à «ceux qui veulent créer des emplois, développer des échanges, participer à l'effort de recherche ou de création artistique». Mais là aussi, Krimou n'y est pas, alors il a encore cherché, décidé de toute façon à lire le communiqué jusqu'au bout, plusieurs fois s'il le faut et en consultant toujours plus de monde pour ne pas avoir à regretter une erreur de lecture ou d'interprétation. Il a alors lu : «Convaincus de la nécessité d'une politique des visas équilibrée, répondant aux enjeux complémentaires que sont à la fois la maîtrise des flux migratoires et les enjeux de sécurité, de l'autre l'attractivité de notre pays, les ministres proposeront prochainement de nouvelles mesures destinées à améliorer l'accueil des demandeurs de visa, mais aussi à simplifier et rationaliser les dispositifs d'accès au séjour pour les compétences recherchées.» Comme il n'y était pas concerné, non plus, Krimou s'est dépêché d'aller déposer une demande de visa «normale», il aura peut-être une chance cette fois-ci, avant qu'on se rende compte que la France est sa destination préférée. Même si ce n'est pas vraiment pour y passer des vacances.