Situé à l'Est de la capitale, le marché d'El Hamiz est devenu la mecque des Algériens à la recherche de bonnes affaires. Il est considéré comme une plaque tournante du commerce informel offrant aux visiteurs des produits à des prix imbattables. Dès l'entrée, on est frappé par l'anarchie qui y règne. La première image qui s'offre au visiteur, ce sont des files interminables de voitures, provocant d'inextricables bouchons sur des routes qui le sont à peine. Un chantier éternel, selon les riverains rencontrés sur les lieux. Le décor est agressif, les constructions n'obéissent à aucun schéma architectural établi. A l'exception de la rue principale, aucun chemin n'est encore revêtu de bitume. A l'état de la chaussée, il faut ajouter les ordures entassées dans une multitude de décharges sauvages et l'absence totale de trottoirs. Mais cela n'a pas empêché de créer un semblant de «zone franche», où tout est vendu, des marques authentiques comme des produits «taïwan». Les magasins se comptent par centaines, installés pour la plupart sur les grandes artères ou les ruelles adjacentes. Grossistes ou détaillants, les commerçants sont prêts à répondre à tous les besoins des ménages, offrant quantité de marchandises. «Le client est roi», indique-t-on. Sous l'effet d'une forte concurrence, chacun tente tant bien que mal d'attirer le maximum de clients en optant pour des remises alléchantes. En cette journée de dimanche, on constate une affluence timide, par rapport au week-end. Abdallah, jeune vendeur, fait preuve d'une patience infinie. «Nous faisons de bonnes affaires et les gens préfèrent acheter ici, car les prix sont de loin meilleurs que ceux de tout Alger.» Les boutiques d'électroménager sont les plus fréquentées. Les produits les plus demandés sont les téléviseurs, les démodulateurs et les chaînes hi-fi. «Parfois, nous épuisons nos stocks. Je peux dire que le faible pouvoir d'achat pousse les clients à venir à El Hamiz pour s'équiper en produits de qualité, à un prix accessible. Ce que ne peuvent offrir les commerces du centre-ville.» «Il n'y a pas uniquement les gens peu nantis qui fréquentent ces lieux. Souvent, on traite avec des familles aisées», nous confie Samir, persuadé que son activité n'est pas «illicite», même s'il ne possède «pas encore un registre du commerce». «Les prix sont très abordables pour les petites bourses. Je préfère acheter ici, car il y a de la bonne qualité et en plus, on offre des garanties. A Alger, on nous propose des produits à des tarifs exorbitants», nous fait part Anis, nouveau marié, venu spécialement acquérir une cuisinière de marque Artur Martin pour 25 000 DA. Les démodulateurs sont exposés au prix de 3200 à 4800 DA, selon la qualité, alors que les téléviseurs Plasma varient entre 27 000 DA et 50 000 DA suivant les modèles. A quelques encablures de ces magasins, on apercevra une véritable flotte de transports, des clandestins ayant élu domicile dans cette zone et qui sont organisés de manière à permettre à chacun de gagner sa vie. Distante de 25 kilomètres du chef-lieu de wilaya, El Hamiz ressemble à tout sauf à une ville. C'est un espace «rurbain» sans âme.
