C´est une nouvelle qui tombe brusquement comme un couperet de guillotine. Est-ce vrai? Vraiment va-t-on vers la suppression de la peine de mort? Comme ça, tout bonnement, de but en blanc, parce qu´un ministre de la Justice veut marcher sur les traces de Badinter, homme politique et avocat qui avait bâti la campagne électorale de François Mitterrand avec, comme thème central et comme programme, l´abolition de cet horrible châtiment, qui fait honte à toute l´humanité. C´est pendant une réunion régionale avec des magistrats que cet honorable et respectable philanthrope a lancé son pavé dans la mare! Il va proposer l´abolition de la peine de mort! Dessein qui honore son auteur, mais qui n´élude certainement pas le débat qui doit s´instaurer au sein de toutes les institutions concernées et dans la société civile. La première de ces institutions est l´APN, source normalement de toute législation. Or, jusqu´à présent, cette entité anesthésiée n´en a pas soufflé mot! Quoi qu´il en soit, l´abolition de la peine de mort est une bonne nouvelle, d´abord pour les condamnés à mort, ceux qui n´ont pas hésité à supprimer la vie d´un ou de plusieurs de leurs semblables, dans un instant de colère, d´égarement, par passion, par cupidité, sous l´empire d´une foi exacerbée ou par calcul politique. Le premier de ces bénéficiaires est le plus célèbre des condamnés à mort qui, depuis plus de onze ans, attend patiemment son heure: l´assassin du président Boudiaf dont on va commémorer demain le douzième anniversaire de sa disparition, suivent derrière, des émirs condamnés par contumace, les auteurs de crimes crapuleux, les pédophiles... Le revers de la médaille de cette soudaine indulgence est que les prisons vont connaître un engorgement aggravé déjà par le harcèlement de journalistes et qu´il faut songer à pousser les murs des centres de rééducation. Le second inconvénient est que la peur de la peine de mort décourage souvent les potentiels auteurs de meurtres, sa suppression encouragerait les optimistes qui n´auront plus qu´à attendre à l´ombre, une grâce, une amnistie partielle ou totale ou un événement majeur qui leur permettrait de jouer les filles de l´air, comme un coup d´Etat, un tremblement de terre, une guerre terrible... Et puis, comme disait mon cousin Méziane, si la peine de mort est supprimée pour les individus, on peut toujours l´appliquer à la presse... indépendante!