La grande masse des consommateurs uniquement préoccupée par le besoin égoïste d´améliorer leur niveau de vie se préoccupe peu ou prou de la culture tant elle est soumise quotidiennement aux effets pervers de la mondialisation et de la globalisation. Le seul souci de la majorité est d´élever son niveau de vie, d´augmenter, d´améliorer sa consommation. Une habitation plus vaste que les besoins ne l´exigent et plus luxueuse que celle des voisins. Au diable la dépense ! puisque les dinars pleuvent en veux-tu en voilà ! Alors la culture, on peut s´asseoir dessus! Il y a toujours des pauvres types pour s´y intéresser, ceux qui ont des fins de mois dures à boucler, ceux pour qui le mois de février est un mois béni car il ne compte que quatre semaines pile ! Mais, heureusement, qu´à côté de cette masse d´ilotes, il existe des gens dont le coeur frémit à la seule idée de culture. Ils sont partout à la fois, aux expositions de peinture, aux cafés littéraires si rares, aux conférences, au théâtre quand ils le peuvent. Et leur suprême joie, c´est d´apprendre qu´un nouveau site archéologique vient d´être mis à jour et que des fouilles sont entreprises avec diligence. Des hommes, des femmes passent une vie durant, dans les sables des Pyramides, à guetter le moindre signe, le moindre relief nouveau qui pourrait annoncer une nouvelle veine à explorer. Un travail de fourmi: les manoeuvres peinent inlassablement ; les surveillants ne baissent pas la garde et les archéologues sont suspendus aux gestes des uns et des autres. Quand une nouvelle trouvaille est faite, tout le monde s´arrête. Le silence se fait et c´est le pinceau minutieux de l´archéologue qui remplace les outils primaires du manoeuvre. La joie est intense et la passion qui anime les participants est la même. Cette passion, cette joie est encore plus forte quand l´expédition archéologique comporte un peu de danger: dans les fouilles sous-marines, retrouver une vieille épave enfouie sous la vase à des centaines de mètres de profondeur, relève de l´exploit. Les progrès technologiques ont permis à cette espèce d´archéologues de remonter de véritables trésors de poterie, d´amphores ou d´antiquités. Une véritable fièvre s´installe dès la localisation de l´épave. Suit alors, un véritable ballet de plongeurs équipés de ballons, de filets pour remonter les pièces qui sont délicatement déposées sur le pont du navire. Elles sont amoureusement nettoyées au jet d´eau avant d´être confiées à l´archéologue en chef qui essaie de reconnaître le type, l´époque, l´origine de la pièce en question. Les motifs inscrits ou dessinés sont comparés à d´autres gravures. On jauge la qualité du dessin, de la teinte, on essaie de déchiffrer le message à moitié effacé par la corrosion de l´eau et du sel. On essaie de deviner l´indéchiffrable. On se désole du mystère qui restera toujours autour de cette pièce. Des morceaux de poterie cassée sont soigneusement assemblés pour former un puzzle biscornu... Tant d´amour, tant d´efforts pour une satisfaction purement intellectuelle. Pendant ce temps, des conducteurs de bulldozers incultes, des bétonneurs analphabètes s´attaquent aux ruines millénaires d´un pays défiguré. On ne compte plus les sites sauvagement agressés par des entrepreneurs puissants, après Oran, Constantine! Où s´arrêtera-t-on?