«Il y a des choses de l´enfance que seule l´enfance connaît.» Colum McCann Extrait de Zoli Au moment où les chaînes de télévisions européennes et françaises, diffusaient les images de Tzipi Livni, sortant de l´Elysée, souriante et offrant un dernier baiser à son homologue français, Bernard Kouchner, les télévisions arabes ont passé la journée de jeudi à montrer les images du bombardement de la villa d´un leader palestinien, ramassant sous les décombres les corps frêles, en pyjama et sans vie des enfants, massacrés sans discernement. Mais chaque télévision arabe a choisi son angle d´attaque. Du côté de l´Unique, qui a décrété trois jours de deuil, on remarquera l´excellent reportage réalisé par le correspondant de l´Entv à Ghaza, Wissam Abou Zeïd, sur la situation psychologique des enfants dans la bande de Ghaza sous les bombes. Un reportage réalisé en plein déluge de feu des Israéliens. La caméra, sans trembler, se baladait dans les rues étroites de Ghaza, montrant des enfants errant dans les rues étroites des camps de réfugiés, les yeux braqués vers le ciel, scrutant le moindre mouvement des F16 américains achetés par Israël, qui bombardent sans discernement le camp de cette partie oubliée de la planète. Images émouvantes des ces enfants qui sortent de la crèche et qui n´ont même pas quatre ans et qui crient à tue-tête, à chaque explosion de bombe. Ils ne réagissent pas aux détonations des balles, puisque le bruit des balles fait partie de leur quotidien. Ils savent même faire la différence entre le bruit d´un AK47 palestinien et d´un F16 israélien. Ils savent faire la différence entre le bruit de canon d´un missile Kassem des Palestiniens et celui d´un obus de char israélien Merkava. Des enfants palestiniens, qui sont nés et qui vivent avec l´odeur des morts mélangée avec celle de la poudre des bombes. Dommage que le reportage de Wissam Abou Zeïd ait été un peu effacé par le commentaire, diminuant l´impact médiatique de cette image très émouvante envoyée en plein 1er janvier de l´année 2009. L´Entv ne voulait pas, en fait, trop brusquer les sentiments des Algériens, qui supportent déjà assez mal le fait de ne pas manifester dans la rue. En revanche, Al Jazeera a choisi de heurter de plein fouet, les téléspectateurs arabes en diffusant en boucle cette image terrifiante d´un enfant arrivé mort à l´hôpital et qui est scruté par les infirmiers, avant de découvrir que l´enfant a une perforation au coeur. Une image qui a fait perdre les mots à la journaliste d´Al Jazeera qui regardait ses images en direct. Ou encore cette image de cet enfant arrivé à l´hôpital, le visage ensanglanté et qui a refusé, de peur, de se détacher du secouriste, comme si c´était son père, démontre la grande peine de ses enfants, victimes dans cette guerre qu´ils n´ont pas déclenchée. Au moment où les enfants européens portent des bonnets du père Noël rouge et blanc, à Ghaza, les enfants au regard hagard, le visage ensanglanté, portent un pansement blanc en guise de bonnet, avec une énorme tache rouge sur le front. C´est la vie, malheureusement triste, des enfants de Ghaza sous les bombardements. [email protected]