«Les gens sont des comédiens, nous, nous sommes des acteurs.» (Louis de Funès) Au moment où l´Algérie s´apprête à abriter la 6e nuit des Fennecs, on est en droit de se poser la question: le comédien algérien est-il exportable comme Omar Sharif l´a été pour l´Egypte? Quel marché le comédien algérien pourrait-il investir à l´avenir? Plusieurs lecteurs ont réagi à la dernière chronique en disant que l´Algérie n´a pas de vrais artistes. Mais c´est quoi un véritable artiste? ai-je demandé? L´un d´eux a répondu: «Celui qui pourra rehausser l´image de l´Algérie dans le monde comme le chanteur Khaled.» Clair, net et précis. Est-ce que Hadj Lakhdar, Souileh ou encore Hakim Dekkar sont exportables comme l´affirme une certaine presse? Sur ce plan, il est vrai que les artistes algériens connus dans les domaines audiovisuel et cinématographique ne sont pas très présents et primés sur la scène internationale, hormis les cinéastes. Et encore! Seuls les cinéastes qui travaillent en coproduction avec les pays étrangers réussissent à s´illustrer dans les festivals internationaux. Aujourd´hui, quel est le comédien algérien local capable de jouer dans un film international, un film français ou encore américain? Seul Hassen El Hassani, a pu le faire en interprétant des rôles dans plusieurs coproductions étrangères, dont la plus importante fut le film «Z» de Costa Gavras. Hassen El Hassani, qu´on appelait «Boubagra», était malgré l´apparence d´un paysan avec son 33 tours sur la tête, un homme très cultivé qui lisait Albert Camus. Il a été même élu député à l´APN. Hassen El Hassani était invité en 1986 par le président Chadli pour son premier voyage aux Etats-Unis pour tenter de décrocher un rôle à Hollywood. Mais la maladie le rattrapa et il mourut le 25 septembre 1987. A côté de Hassen El Hassani, l´autre grand nom du cinéma algérien, Sid Ahmed Agoumi, a été un artiste exportable. Il a joué dans plusieurs pièces théâtrales en France et en Suisse. Lui aussi a tenu un rôle important dans «Z» de Costa Gavras aux côtés d´Yves Montand. Mais aurait-il été sollicité si le film n´était pas coproduit avec l´Algérie et n´était tourné à Alger? On n´en sait rien, mais il n´a jamais été considéré à sa juste valeur. Sid Ali Kouiret a eu un parcours presque similaire. Il a eu des rôles dans les films du grand Egyptien Youssef Chahine et une série franco-algérienne La famille Ramdam, sans pour autant exploser à l´écran et devenir une star. Alors qu´on attendait que Keltoum devienne une star après avoir conquis le monde entier à Cannes grâce à son interprétation dans Le Vent des Aurès en 1966, ce fut finalement Biyouna, la seule comédienne algérienne à exploser hors frontières dans les années 2000 et cela grâce en partie à Nadir Moknache. Biyouna qui n´a pas fait de théâtre, a réussi à séduire la critique et le public en France. Elle, qui a depuis investi la scène théâtrale française, sera bientôt la première comédienne algérienne à se présenter à la soirée des Molières, récompensant les meilleurs acteurs de la Comédie française et peut-être décrocher pour la première fois un prix accordé à une comédienne algérienne dans un concours international de grand standing. [email protected]