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«Je voudrais travailler avec des artistes algériens»
HASSAN KACI KOUYATE À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 05 - 06 - 2011

Fils du célèbre comédien griot, feu Sotigui, Hassan est metteur en scène, conteur et acteur burkinabé, vivant en France. Il s´investit beaucoup dans le théâtre surtout dans les pays africains. Invité en tant que membre à la 6e édition du Fntp, il évoque avec nous son métier, sa philosophie de la vie et ses projets.
L´Expression: Vous êtes invité ici en tant que membre du jury au Festival national du théâtre professionnel. Peut-on vous connaître un peu plus?
Hassan Kouyaté: Je précise que je suis burkinabé d´origine, mais je vis en France car j´ai une compagnie à Paris et au sein du Centre dramatique national de Saint Etienne, je suis aussi comédien et conteur.
Issu d´une famille griote. Votre père est le célèbre Sotigui Kouyaté que Dieu ait son âme.
C´est vrai qu´il y a cette tradition. Je suis né dans cette famille, seulement je travaille l´oralité du point de vue du spectacle vivant. Je mets en place des structures et des festivals, pas mal de choses autour de l´oralité, partout dans les pays francophones. J´ai travaillé à faire l´audit sur l´oralité d´un pays. Là, j´arrive de Saint Paolo, du Brésil, où j´ai travaillé sur les arts du récit en règle générale. Car, on a tendance à réduire l´oralité au conte, or dans nos peuples tous les savoirs sont transmis de bouche à oreille. C´est pour cela que je dis quand on parle d´une manière profane, on ne pense qu´au conte. C´est tout ce qui est bouche à oreille, chant, poésie, proverbes, devinettes, épopées, mythes, récits de vie, chroniques de vie, berceuses, complaintes etc. Moi je travaille à deux niveaux l´oralité.
J´ai été initié effectivement sur la connaissance de la mère de la parole. Celle-ci peut être un instrument dangereux ou heureux selon son utilisation. J´ai fait serment par la parole et autour de la parole. Je suis un zèbre, je suis d´une double culture. Le noir et blanc est bien dessiné chez moi. L´arbre que je suis peux faire face aux intempéries du monde, sans craquer. C´est là toute la difficulté. Aujourd´hui, je revendique les deux. Je ne pense pas que le noir et le blanc soient antinomiques ou que cela s´oppose. J´ai donc une réflexion traditionnelle des choses, mais dans le monde contemporain.
Je suis issu d´une double culture. J´ai appris une chose dans la vie, qui est de ne pas se battre contre rien, mais me battre toujours pour quelque chose. Ça paraît simpliste, mais c´est une philosophie de la vie. C´est au-delà du Burkina. C´est une culture mandingue qui regroupe toute l´Afrique de l´Ouest... C´est une manière de vivre, de penser cette philosophie, faite de rites, de rituels.
Les nationalités nouvelles c´est artificielle. Quand on voit la carte géographique, on voit bien qu´elle a été tracée à la règle, c´est pourquoi je dis souvent que je suis de nationalité burkinabée, malienne, française, suisse, mais je suis mandingue de coeur et de sang, de philosophie de vie.
Le théâtre algérien fait souvent appel à la tradition de la parole, vous sentez-vous proche?
Pour le moment, ce n´est pas pour fuir la question, mais je ne pense pas connaître le théâtre algérien. Je le dis. Ce n´est pas parce que je suis membre du jury que je ne veux pas en parler. Je me méfie des gens qui disent: «Je connais».
On devrait sentir son identité dans son théâtre quelque part, mais pour le moment, c´est ce que j´ai vu, car il y a quand même une bonne semaine de festival à tirer, je n´ai pas vu d´identité forte que j´appellerai «algérienne» sur la scène, peut-être par ce que je ne la connais pas. Ce que j´ai vu est quelque chose que je pourrais voir au Pôle nord, au Pôle sud, sauf qu´il y a un fait identitaire qui est la langue.
Celle-ci pourtant est loin de refléter le langage usité par la société, car faut-il le préciser, c´est de l´arabe classique!
Je trouve que les mises en scène, en tout cas, que je vois, sont de la même veine que celles que l´ont voit ailleurs. Qu´on aime ou qu´on n´aime pas. Après, je n´ai pas eu la chance de voir beaucoup de choses. Je suis venu plusieurs fois en Algérie pour d´autres raisons.
Actuellement, je suis en train de monter un projet fédérateur Sud / Sud car je voudrais travailler avec des comédiens d´Afrique du Sud, en plus des comédiens et des artistes algériens.
Si vous permettez, on va remonter un peu dans le temps. En 2009, il y eut à Alger le Festival culturel panafricain, Etiez-vous ici et qu´est-ce que cela représente pour vous?
Je pense que l´Algérie a fait quelque chose de très fort! Avoir l´idée de prendre la décision et réaliser ce rassemblement africain autour de l´art et de la culture, c´est extraordinaire. Je ne remercierai jamais assez l´Etat algérien et le peuple algérien d´avoir acquis cela. Ce n´est pas un discours politique, mais quelque chose qui me tient vraiment à coeur en tant qu´Africain.
Après, on peut parler de l´organisation, du contenu des choses. Je crois que l´Algérie a eu le mérite de lancer la marche.
Pour moi, ça été quelque chose d´extraordinaire. J´aurais aimé que nos chefs d´Etats, nos responsables politiques suivent le pas de l´Algérie pour qu´il y ait d´autres types de rassemblement et pas dans 20 ou 40 ans! Car on en a besoin. Le Panaf a été un lieu de rencontre des créateurs, des artistes africains. Vous savez c´est plus facile d´aller en Europe que d´un pays africain à un autre.
Le Panaf a permis, en quelques semaines, aux gens de se rencontrer et de discuter. L´heure est aux rencontres, d´abord. J´ai vécu le Panaf à 100%, totalement. Il m´a donné chaud au coeur et même donné l´envie de crier mon africanité, autrement la fierté africaine.
Justement, l´année dernière il y eut la célébration du 5e anniversaire des Indépendances africaines dans un contexte où l´on continue à parler de «renaissance de la culture africaine», n´est-ce pas paradoxal?
J´aime les questions de fond qui me mettent dos au mur. Je pense qu´on n´est pas des pays indépendants, rares ceux qui le sont. Ce sont des pays qui ont choisi leur dépendance en la négociant sous diverses formes.
Ceux qui n´ont pas voulu comme Sékou Touré ont été diabolisé jusqu´à les rendre dictateurs. Ceux qui l´ont fait avaient-ils le choix? Je ne peux pas juger, car je n´étais pas là. Le problème n´est pas là. Je ne suis pas nostalgique de ces révolutions, j´ai envie de parler de la réalité, celle que je vis, du moment. Je n´ai pas envie de faire un mauvais état des lieux des choses.
Aujourd´hui, que fait-on de cette dépendance? Le chef d´Etat qui veut rester doit être puissant. Si la nébuleuse internationale ne veut pas, on ne le laissera pas. On n´a pas cette liberté de vivre. Tant qu´ils auront besoin de notre matière première pour faire leur vie, ils auront besoin de notre liberté de vie, qui n´est pas acquise...
Vos propos me font songer au film Bamako de Abderahmane Sissako.
Que je n´ai pas vu hélas! J´étais pourtant sur le tournage. C´est mon petit frère qui a fait le décor et ma soeur le maquillage. Nous sommes une génération d´africains, qui est lucide, sans prétention. En général, on est une génération qui a pas mal mis les pieds dans ses traditions. On les connaît très bien et nous sommes partis après faire nos études à l´étranger et donc appris comment les autres réfléchissent. Il ne faut pas mentir. Je pense aujourd´hui qu´on n´a pas le choix, il y a une nouvelle voie ou alternative à mettre en place c´est celle entre l´Afrique et le Maghreb.
Le Maghreb doit se tourner réellement vers l´Afrique noire. Quand je vois un pays comme l´Algérie et on voit toutes ses richesses culturelle et humaine, on constate que c´est une puissance.
C´est dommage, l´Algérie aurait pu être ce fer de lance. En général, on se complète dans le passé. Moi, je veux qu´on soit et qu´on le devienne. Le Panaf était dans cette veine-là, d´apporter une fenêtre sur l´espoir. C´est pour cela que je lance un appel pour le faire.


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