François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle française de l'an prochain, était accusé hier par la droite de brader les intérêts du pays, en prônant la réduction de la part de l'énergie nucléaire. Championne du monde de l'atome, la France tire 75% de son électricité de son parc de 58 réacteurs. Et pour la première fois depuis 40 ans, une diminution de cette part devient un enjeu électoral, huit mois après la catastrophe de Fukushima. François Hollande a conclu mardi un accord avec les écologistes pour les prochaines élections, présidentielle et législatives, au printemps prochain. Ce compromis permet aux écologistes d'espérer entre 15 et 30 sièges dans la prochaine assemblée nationale, et il dresse la liste des points d'accord et de désaccord entre les deux partis. Le candidat socialiste a refusé l'arrêt du chantier d'un réacteur nucléaire de troisième génération EPR à Flamanville (nord-ouest), voulu par les Verts. Mais il a confirmé sa volonté de réduire à 50% en 2025 la part du nucléaire dans l'électricité française, avec la fermeture de 24 réacteurs. «Il a payé trop cher son troc avec les Verts et c'est les Français qui vont payer la note» par une énergie plus chère, a affirmé la ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. «C'est une régression absolument invraisemblable», s'est indigné le ministre de l'Industrie, Eric Besson, un ancien socialiste. «La mise en oeuvre de cet accord, ça veut dire la fin de la filière nucléaire, ça veut dire une électricité payée extrêmement chère par nos industriels, donc (des) délocalisations inéluctables, des pertes d'emplois par dizaines de milliers voire centaines de milliers», a-t-il estimé, ajoutant qu'il réaliserait un «chiffrage très précis». Le patron du groupe public d'électricité EDF Henri Proglio a affirmé qu' «un million d'emplois seraient mis en péril» par la sortie du nucléaire, un chiffre vivement contesté par les écologistes. Le président Nicolas Sarkozy, qui sera sans aucun doute candidat à sa propre succession, a lui aussi mis en garde récemment contre les projets énergétiques des socialistes. «En tant que chef d'Etat, je ne reviendrai jamais sur le nucléaire», a-t-il assuré. A gauche, François Hollande ne n'est pas engagé sur un abandon à terme de l'atome, auquel est en revanche favorable la patronne du parti socialiste, Martine Aubry. La position du candidat socialiste constitue néanmoins «vraiment une rupture», selon la dirigeante des écologistes, Cécile Duflot. Le nucléaire n'a plus la cote en Europe où plusieurs voisins de la France comme l'Allemagne, la Belgique et la Suisse ont annoncé leur volonté d'en sortir.