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«Qu'au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi Mieux vaut attendre un peu qu'on le change en ami... Que les seuls généraux qu'on doit suivre aux talons Ce sont les généraux des p'tits soldats de plomb...» Brassens LES MAUVAIS ELÈVES
Il y a des moments qui marquent durablement un homme même si les événements qui les suscitent ne le touchent que de très loin. Ce sont généralement des moments que l'on peut qualifier d'historiques puisqu'il arrive qu'ils influent sur la conception qu'on a de la vie et de la politique en général. Ce moment, une partie de la population de mon pays l'a vécu au moment même où l'Algérie était confrontée à un grave problème à sa frontière du Sud-Ouest: notre voisin bien-aimé venait d'envahir militairement le Sahara occidental avec la complicité des pouvoirs espagnols et français et le soutien tacite et efficace de la première puissance impérialiste. L'Algérie se trouvait alors isolée dans la région faisant face au fait accompli d'une opération néocolonialiste. C'est alors que le président Boumediene eut la lumineuse idée d'inviter le grand vainqueur de Diên Biên Phu, le général vietnamien Vo Nguyen Giap qui a dépassé le cap des cent ans. De sa tribune, celui qui a donné des leçons de stratégie aux généraux français a déclaré avec sa bonhomie habituelle: «Les impérialistes sont de mauvais élèves! Ils ne retiennent pas les leçons de l'Histoire!». Cette phrase m'est restée dans la tête et elle revient à mon esprit chaque fois que les armées ou les diplomaties occidentales s'enlisent dans des opérations dictées uniquement par leurs intérêts bassement matérialistes ou financiers. La guerre d'Afghanistan est un exemple qui illustre bien cette impasse dans laquelle s'est fourvoyée l'Alliance atlantique: le conflit dure depuis déjà plus d'une décennie et aucune solution ne pointe à l'horizon. Les taliban redoublent d'audace, de férocité et d'efficacité et les chefs d'Etat des deux principaux pays empêtrés dans le conflit demeurent muets sur la recherche d'une solution parce qu'ils sont tous les deux engagés dans une campagne électorale. Mais ce qui me rappelle un peu plus cette phrase de Giap, c'est la réunion des ministres des Affaires étrangères de 14 pays sur la situation qui prévaut en Syrie. Ces pays prétendent défendre les «populations» syriennes comme elles ont si bien défendu hier les populations libyennes: la diffusion d'une quantité phénoménale d'armes modernes dans le Sahel est le résultat de cette brillante opération menée par l'Otan et financée par les «démocraties» du golfe Arabique. Cette réunion parisienne d'où sont exclues la Chine et la Russie parce qu'elles ne partagent pas le point de vue de l'Otan, rappelle celle qui eut lieu en 1925 à Locarno et qui prétendait régler les problèmes des frontières en Europe: Traité entre l'Allemagne, la Belgique, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie = le «pacte de stabilité» (aussi dit «pacte rhénan»). Ces cinq Etats garantissent les frontières occidentales (rhénanes), donc le statu quo. L'Allemagne accepte la perte de l'Alsace-Lorraine et de l'Eupen-Malmedy, en même temps elle est protégée d'une nouvelle occupation française et belge. Toutefois, l'Allemagne ne reconnaît pas ses frontières orientales ouvrant la voie aux revendications ultérieures des minorités allemandes en Tchécoslovaquie et en Pologne. Des conventions y virent le jour: convention d'arbitrage entre l'Allemagne et la Belgique, convention d'arbitrage entre l'Allemagne et la France. Par ces deux conventions, les pays signataires renoncent à utiliser la force en cas d'un conflit éventuel, convention d'arbitrage entre l'Allemagne et la Pologne, convention d'arbitrage entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie, ces deux conventions mettent en place un système assez compliqué d'arbitrage. L'Allemagne ne reconnaît pas le tracé de ses frontières orientales. La France signe séparément deux traités d'alliance avec la Pologne et la Tchécoslovaquie: chacun promet un soutien armé aux autres en cas d'attaque de l'Allemagne. L'Urss accueille évidemment froidement les accords de Locarno puisqu'ils l'isolent un peu plus. Les Européen récidivent quelques années plus tard, en 1938, avec les fameux accords de Munich, toujours en l'absence de l'Urss. Cette dernière conférence allait enfanter directement la Seconde Guerre mondiale.