Les Algérois et - sans aucun doute - les Constantinois, Oranais, Annabis et autres habitants des grandes et petites villes d'Algérie ont dû remarquer et être surpris par le soudain regain d'activité de nos édiles municipaux avec la subite prise en charge des problèmes quotidiens des citoyens (voiries cassées, nids-de-poule, marchés crasseux et mal tenus, envahissement de l'informel, administrations absentes...) quand durant cinq longues années ces désagréments sont passés par «pertes et profits». Et voilà qu'à moins de deux mois d'une échéance électorale, nos maires retrouvent leur entregent et reviennent à des choses plus terre à terre: s'occuper de ce pourquoi ils ont été élus. Pour ce faire, ils comptent boucler en deux mois ce qu'ils ont négligé durant cinq ans. En tous les cas on assiste depuis quelques jours à un ballet d'engins lourds (bennes, épandeurs de bitume, goudronneuses...) pour réparer des rues longtemps laissées à l'abandon. Faut-il s'en féliciter ou plutôt s'en désoler? Sans doute les deux à la fois. C'est toujours gratifiant de voir des édiles faire le travail pour lequel ils ont été élus et dans le même temps regretter que ces derniers se rappellent qu'ils avaient une mission à accomplir seulement une fois leur mandat arrivé à terme. Et cela est désolant. Faut-il organiser des élections communales tous les six mois pour avoir la certitude de voir, enfin, nos communes retrouver un visage attrayant et humanisé? Et des responsables municipaux qui veillent effectivement et réellement à la propreté et à la bonne tenue des communes pour la direction desquelles ils ont postulé? Ils oublient cependant rapidement, une fois élus, la raison pour laquelle un mandat - en fait un contrat de confiance - leur a été confié par les citoyens. Mais au bout du compte, cette confiance n'est point partagée par des édiles qui effacent vite de leur esprit qu'il existerait un contrat de confiance entre eux et les citoyens qui leur ont confié une mission certes difficile, mais que les édiles se faisaient fort d'accomplir pour le plus grand bien de leurs administrés. Or, les Algériens d'une manière générale, ceux des grandes villes, plus particulièrement, souffrent de l'insalubrité de ces villes, de la saleté et du délabrement avancé de leur cadre de vie. La propreté est, par la force des choses, devenue un terme désuet, inapproprié, lorsque l'on évoque les conditions de vie dans la capitale, à Constantine, à Oran...supposées être la vitrine d'un pays en plein développement. Tout cela n'est en fait que miroir aux alouettes, un leurre tant nos villes sont aujourd'hui à l'abandon, laissées aux rats et défigurées par les déprédateurs qui sévissent dans leurs quartiers. Ainsi, Alger, plus grise que Blanche, est méconnaissable, trop d'ordures, des marchés informels qui squattent ses grandes et petites artères, ses rues cabossées et détériorées. Il fallait donc cet événement quinquennal (les élections locales) pour que les choses bougent, que les épandeurs de bitume retrouvent nos grandes avenues, que les trottoirs de nos villes soient libérés des squatters. Se pose néanmoins la question: cette hypocrisie de dernière minute cache mal en fait l'inculture des édiles municipaux, incapables d'appréhender correctement la mission de diriger une commune et d'être en osmose avec ses habitants en leur offrant un cadre de vie humanisé, sinon confortable, à tout le moins acceptable alors que les grandes villes algériennes, délaissées par leurs premiers responsables sont devenues des repoussoirs où s'accumulent les détritus quand les voies de communication sont souvent impraticables. Que font donc les élus durant les cinq ans de leur mandat pour rendre villes et villages du pays plus présentables et habitables? Or, le cadre de vie laisse beaucoup à désirer, pas uniquement dans les grandes agglomérations mais également dans les petites villes et villages, perdus dans les campagnes. L'Algérie est-elle à ce point dépourvue d'hommes et de femmes capables de penser la ville et de lui redonner sa raison d'être, un lieu de convivialité et de vie? Jusqu'à quand faudra-t-il compter sur les élections pour que nos villes retrouvent un semblant de vie?