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une ville convertie à la laideur
CHERCHELL
Publié dans L'Expression le 08 - 01 - 2013


Cherchell hier, la fontaine romaine
«Segnius irritant animos demissa per aurem, Quam quae sunt oculis subjecta fidelibus» Ainsi, s'exprimait Horace (Quintus Horatius Flaccus), dont la traduction: «Ce qu'entend l'oreille trouble moins aisément le coeur que ce que voient des yeux attentifs»
Et nos yeux voient aujourd'hui, à notre grande déception, une cité plongée dans une laideur repoussante! Ainsi, ce que je vais dire, tout au long de cette contribution, n'est point un fantasme de censeur et, encore moins, une palabre d'insatisfait. Il vous suffit de jeter un coup d'oeil de la «Place Romaine» - aujourd'hui «Sahet ec-Chouhada» - en contrebas de ce que fut jadis le port de Cherchell, pour vous rendre compte du dégât perpétré par les hommes qui n'ont pas su mesurer le degré d'abaissement, plutôt le sentiment de dévalorisation du passé de nos ancêtres qu'ils viennent de remiser au placard de l'Histoire. Et là, vous comprenez cette fantaisie maladive qu'ont nos responsables en voulant réaliser, coûte que coûte, même du-n'importe quoi, dans des délais extensibles exaspérants et à des prix exorbitants, pour plaire quelque part..., et disons-le franchement, pour plaire à «ceux d'en haut», c'est-à-dire à ceux du sérail.
Peine perdue, hélas, car les rayons percent au dehors... Ils leur (et nous) découvrent un visage hideux de ce coin qui, hier - fierté de la côte turquoise - ressemblait à un havre de paix, à un merveilleux petit port agrémenté d'une petite plage qu'il aurait fallu rendre encore plus céleste, avec des aménagements adéquats, comme ont su le faire nos voisins..., à El Kantaoui, par exemple, dans «ce port où il y a des marins en herbe qui dansent avec les grands voiliers en partance, et une foule rieuse qui s'attarde sur les terrasses des cafés...»
Ceux qui ont produit ces dégâts incommensurables, impardonnables, à Cherchell, ne savent-ils pas que si Juba II était de notre siècle, lui qui a agrandi ce magnifique ouvrage phénicien qu'ils ont brutalement et stupidement repris, dans un remplissage qui ne trouve pas son pendant..., tant il est hideux et cruel, ne leur aura jamais pardonné ce massacre? En effet, parce que sur le plan militaire, ce port qui vient d'être «amoché» - d'autres enfants de la Cité Iol-Caesarea, plus déçus que moi, diraient «bousillé», «massacré» -, possédait dans l'Antiquité une escadre d'Afrique. Les archéologues ont pu retrouver les traces de cet ancien port militaire et leurs travaux ont débouché sur un bassin bien abrité entre la côte et «l'Îlot Joinville» qui devait contenir une quinzaine de bateaux, à deux rangs de rames, semblables aux avisos. Ainsi, nos responsables, se sont sottement attaqué à la Cite de Juba II, ce grand souverain qui en fit sa capitale royale, couverte de temples, de palais, de thermes, d'une majestueuse somptuosité, à la parure grandiose des autres Cités de la Méditerranée occidentale.
Mais que voulez-vous, «le goût est toujours barbare quand il mêle les désirs et les émotions à l'appréciation de la beauté». Que voulez-vous encore quand on s'agite avec ce sempiternel «moi» qui apparaît dans ce qu'on se targue d'appeler «ouvrage»? Alors, il ne faut pas aller très loin pour déceler d'énormes imperfections et de graves anomalies qui n'honorent pas nos pouvoirs publics qui ne créent aucune satisfaction chez ceux qu'ils veulent atteindre. Franchement, pensez-vous que le port de Cherchell est un ouvrage sensé, pensé correctement dans son environnement approprié, parce que retouché à la manière de «concepteurs d'aujourd'hui», pardon de son concepteur, qui s'est placé outrageusement au «Hit Parade» de l'application du programme présidentiel, en s'illusionnant d'avoir réalisé des chefs-d'oeuvre en notre pays? Ma réponse n'est peut-être pas juste, car j'avoue être profane, avouant mon incompétence dans ce domaine de la construction, mais je persiste quand même à l'exprimer, hautement, car un résultat pareil, au caractère outrancier, ne peut donner que ce qui révulse et ce qu'un esprit équilibré rejette fermement.
En réalité, on ne peut se révéler, du jour au lendemain, grand «Bâtisseur de la République». La preuve est là et les connaisseurs souffrent de voir de petites, moyennes ou grandes réalisations se terminer dans la laideur. Mais que voulez-vous, comme disait Jean de La Fontaine: «C'est à l'oeuvre qu'on connaît l'artisan». Et notre artisan manque de goût et..., de culture car, si je fais mienne la grandeur de Voltaire, philosophe des Lumières, je me dois de lui emprunter cette métaphore: «Demandez à un crapaud ce que c'est que la beauté, il vous répondra que c'est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête...»
Ainsi, le port de Cherchell, reconstruit dans le cadre du programme présidentiel, malheureusement, n'est qu'un bâti immonde, un paysage qui vous offusque, une géométrie imparfaite, un décor grotesque qui respire le manque de goût et l'argent jeté..., peut-être dans les comptes d'insatiables boulimiques. Les élus locaux auraient dû refuser ce massacre de la nature et opter à la place pour une belle «marina», en réhabilitant l'environnement avec des installations de plaisance. Mais même ceux-là, n'ont pas l'apanage de l'initiative et encore moins de l'ardeur et l'engagement pour donner du sourire à leurs administrés, hier électeurs cajolés ou racolés, c'est selon. Alors, nous pouvons affirmer que le port - qui n'est d'aucune stratégie reconnue -, aurait pu être construit, avec un peu d'intelligence, soit au-delà du «Rocher blanc» à l'est de la ville, soit au niveau de la «Pointe rouge», à son ouest.
Maintenant, pour ce qui est des autres aspects de l'antique Iol-Caesarea..., eh bien c'est toujours le délabrement qui gagne du terrain, sous l'oeil indifférent des principaux responsables qui se complaisent dans des rencontres improductives et se gargarisent d'autosatisfaction avec des rapports qui ne reflètent aucunement la réalité discordante sur le terrain. Savent-ils, ceux-là, que Cherchell pour ceux qui la visitent, parce qu'ils ont cette nostalgie d'antan, en ressortent déprimés, déçus, désabusés? Et comment ne le seraient-ils pas quand ils l'ont connue dans son aspect rayonnant de Cité insulaire, où la prédilection se conjuguait au permanent et où l'accueil et l'affabilité s'arrogeaient le droit d'être constamment au summum de la qualité?
En réalité, le mal que vit la Cité aujourd'hui trouve ses origines dans notre indifférence, plus encore, dans notre silence. C'est notre faute, c'est-à-dire celle du plus simple citoyen de Cherchell, et des centaines d'autres villes qui se délabrent en se désurbanisant, en se déstructurant et en se ruralisant, jusqu'au plus hauts responsables du pays. Faisons la démonstration de cette affirmation qui est claire comme l'eau de roche et comptons les principaux responsables de ce drame qui se perpétue au fil des ans. Primo, le peuple, parce qu'il ne réagit pas devant cette descente aux abîmes, se contentant seulement de se plaindre ou d'être lassé, et de dire très souvent, pour s'acquitter de toute responsabilité, ce que disait le grand-père du Prophète (Qsssl) en (l'an du Fil, l'éléphant): «La Kaâba a un Dieu qui la protège.»
Secundo, les responsables des exécutifs, du ministre aux walis, aux chefs de daïra, parce qu'ils n'ont pas stoppé le massacre en n'ayant pas contrôlé, en leur temps, les programmes de réalisations des communes. Tertio, les élus - ces principaux concernés -, parce qu'ils n'ont pas été fidèles aux serments qu'ils ont faits devant leurs électeurs, notamment le principal, celui de se sacrifier pour le bien de leurs communes.
Ainsi, nous sommes, à des degrés différents, tous responsables de la situation de dégradation dans laquelle nous demeurons depuis un certain nombre d'années.
A partir de ce constat, pourrait-on présenter à quelqu'un de notre génération un bilan positif concernant sa Cité, en ce Cinquantième anniversaire de notre recouvrement de la souveraineté nationale? Notre réponse est non, malgré le nombre de projets réalisés obscurément et sans goût, car cet individu, qui a le sens de la comparaison, vous demandera d'abord où est la propreté de sa Cité, ensuite où sont ses beaux jardins, ses belles bâtisses - concernant Cherchell -, où sont les légendaires frises, les têtes de colonne, les chapiteaux et pilastres en marbre, tous ces reliefs ornant sa «Place mythique» et témoignant de l'existence de grands palais dans l'antique capitale? Que reste-t-il de la rue Abdelhak (ex-rue Césarée) ou de la rue Sidi-Ali, cette perpendiculaire qui vous mène au marché et qui ne se reconnait plus aujourd'hui à cause de sa décadence et de la disparition de cette culture qui faisait de la ville?
Il vous dira également, toujours concernant Cherchell: qu'avez-vous fait de «Ptolémée» depuis ce geste ô combien maladroit d'un certain responsable, qui a eu cette singulière idée, juste après l'indépendance, de rebaptiser la rue qui portait déjà le nom de ce roi berbère, sans mesurer la gravité de sa décision lorsqu'il s'écriait, passionnément: «Enlevez-moi de là, ce «gawri», ce général de la colonisation!»? (1) Enfin, il vous lancera, dépité et non moins affecté: quel crime encore celui commis par les autorités locales contre un autochtone du nom d'Amokrane ou Marcus Opellius Macrinus, né à Césarée (Cherchell), qui est passé, comme Septime Sévère, des luttes du barreau au métier des armes et, après, aux cimes du pouvoir? Oui, Amokrane ou Macrin dans la langue de Voltaire, a été Empereur de l'Empire romain. Quel abominable crime en effet, perpétré par nos autorités qui, mues par l'ignorance de l'Histoire ou de l'ignorance tout court, l'ont délesté de cette «grandiose» responsabilité du port des destinées d'une simple venelle, en retirant carrément son nom du fronton de celle-ci!! Sont-elles parties sur les traces de la France coloniale qui n'a pas honoré, comme il se devait, ces illustres Juba II, Ptolémée et Macrin, des «berbères», sans majuscules - pour les diminuer - ou carrément des «bicots», dans cette effroyable sémantique qui nous dépréciait depuis l'expédition de Sidi Fredj? (2)... En tout cas, comme expliqué auparavant, nous n'avons pas fait mieux..., hélas.
Alors, et cette intelligence de certains, oui cette «intelligence qui sauvera le monde» comme expliquait une éminente historienne dans l'émission du dimanche «Vivre l'Islam»? Apparemment, elle leur fait défaut car elle n'a pas été présente à Cherchell quand, au lieu de sauver ce qui nous restait de notre patrimoine matériel, les responsables ont laissé faire des prédateurs de tout genre qui en ont fini avec cette Cité pourtant jalouse de son Histoire et de ses richesses!!
C'est ainsi, et à notre grand malheur, que nos villes, sans excès de notre part, sont en train de vivre le même destin que celui des grandes Cités dans l'Histoire. Assurément, elles vivent une situation aussi périlleuse que celle de Troie, Caesarea (Cherchell), Rome et Carthage, qui ont été anéanties par les flammes ou rasées par les catapultes. Mais hier, si les «chefs, qui commandaient ces «machines de guerre», jetaient quand même une larme de compassion devant leurs Cités, témoins d'une grande civilisation, que dévoraient les flammes démentes de leur ivresse, aujourd'hui, en sinistres pyromanes, ils ne s'inquiètent nullement des dégâts qu'ils commettent au détriment de la société et du pays. Ils sont là, pour la plupart - ces autorités de circonstances - pour garantir leur avenir et confirmer la triste prémonition pour le futur de notre pays et de sa société..., en somme ce déclin qui entraînera inévitablement notre ruine.
Alors, Messieurs les nouveaux élus, vous avez du pain sur la planche! «A vos marques...», vos administrés attendent de vous des résultats qui mettront fin à ce malheureux présage... Ne les décevez pas, de grâce, faites de votre mandat un bilan positif.
(1) (Gawri est un mot qui définit le Français colonisateur, mais à l'origine c'est un adjectif d'origine turc qui qualifie l'impie).
(2) La France coloniale, a donné 3 venelles aux 3 rois berbères, mais a donné un boulevard à Amiral Duperré.


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