Cette position a été réitérée, hier, par son président, Noureddine Benissad. Les derniers enlèvements et assassinats d'enfants n'ont pas fléchi la position de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) sur la peine de mort. Alors que certaines organisations s'appuient sur les derniers événements pour réclamer la réhabilitation de cette peine, suspendue depuis 1993, la Laddh plaide pour l'abolition du châtiment. Cette position a été réitérée, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la Ligue et animée par son président, Noureddine Benissad. «Il ne faut pas réagir à chaud. La peine de mort est un débat très profond, la condamnation pénalise le crime, mais elle n'éradique pas les causes des crimes», a indiqué le conférencier. L'avocat souligne que «la peine de mort mérite un débat sérieux», appelant à ne pas tomber dans le piège de la colère et de l'émotion pour émettre des positions et des décisions. Les citoyens appellent à la peine de mort, mais l'Algérie est un Etat civil, il n'est pas question de partir dans ce raisonnement», a expliqué le président de la Laddh qui préfère l'action à la réaction à chaud. Il argumente que le kidnapping a toujours existé dans le monde entier et pas seulement en Algérie. «Cet acte criminel a toujours existé, mais avec les nouvelles technologies et la surmédiatisation, les gens en parlent plus», a-t-il encore expliqué en rendant un hommage aux parents des victimes. Le président de la Laddh a appelé ensuite à la protection des enfants, estimant qu'il était anormal de voir des enfants en bas âge rôder dans les rues ou travailler dans des places publiques, sur l'autoroute... etc. «La place de l'enfant est à la maison, à l'école ou dans des salles de sport», a-t-il souligné. Dénonçant la déperdition scolaire qui touche même les enfants qui ont moins de 16 ans, Me Benissad a appelé les parents et l'Etat à déployer des efforts pour la protection de l'enfance. «La politique doit être changée, les parents, la famille et l'entourage de l'enfant sont tous responsables de sa protection», a-t-il ajouté, précisant que l'enfant n'est pas seulement victime d'enlèvement, mais aussi de l'exploitation, du trafic humain, du trafic de drogue, de la prostitution et autre. Le conférencier a abordé d'autres thèmes dont les protestations sociales au sud du pays et la corruption. «La manifestation du 14 mars à Ouargla s'est déroulée dans des conditions légales, une manifestation pacifique, des revendications légitimes, (le droit à la dignité, travail, logement... et les manifestations sont des droits constitutionnels)». «Il n'est pas normal que les jeunes du Sud restent en marge de la richesse du pays», a-t-il indiqué. Maître Benissad a évoqué aussi les affaires liées à la corruption. «Les grands scandales de la corruption, c'est quand des grosses sommes sont détournées, alors que les routes sont impraticables, le manque des écoles, des hôpitaux, le sentiment d'injustice qui s'installe chez le citoyen quand il ne voit pas de sanctions.», a-t-il dit, ajoutant que «la corruption détruit la société et l'équilibre économique, l'Etat doit être interpellé, et que la justice fasse son travail». Interrogé sur le projet de révision de la Constitution, le conférencier a indiqué que l'avis de sa Ligue n'a pas été demandé.