Un sport national Selon le rapport, 67% des Algériens interrogés dans le cadre du sondage, estiment que les partis politiques sont touchés par la corruption. Le dernier rapport de Transparency International classe l'Algérie à la 105e place des pays les plus corrompus sur une liste de 107 pays concernés par le sondage. Un record jamais égalé en matière de chute libre dans les abysses. Si le rapport a été commenté, analysé et épluché par la presse, il reste que le grand absent des débats est la classe politique. En effet, aucun parti n'a jugé utile de réagir au contenu de ce rapport qui démontre à quel point l'Algérie est dévastée par la corruption et ce, cinq jours, après sa publication. Ce qui est grave. Mais pourquoi ce silence des partis politiques, notamment ceux de l'opposition, censés être les premiers à dénoncer ce phénomène et mettre la pression sur les pouvoirs publics pour les inciter à prendre des mesures radicales à l'encontre des corrompus? Attendent-ils les appels des journalistes pour le faire? Ou tout simplement sont-ils complices pour ne pas dire partie prenante dans la propagation de cette corruption à grande échelle? La réponse à ces questions peut être tirée des résultats du rapport de Transparency International. Selon ce document, 67% des Algériens interrogés dans le cadre du sondage, estiment que les partis politiques sont touchés par la corruption. A ce stade de lecture, la posture des partis devient compréhensible. Surtout lorsqu'un cadre d'un parti de l'opposition est poursuivi en justice pour faux et usage de faux dans une affaire d'argent. Comment donc un responsable corrompu d'un parti peut-il dénoncer la corruption? On a vraiment peur d'être arrivé à la logique de qui dénonce qui et qui demande des comptes à qui. Ce silence ne concerne cependant pas uniquement les partis politiques. Même les organisations de la société civile se sont distinguées, depuis plusieurs années d'ailleurs, par un silence strident. D'une manière générale, c'est la société entière qui adopte la position de spectateur face à la propagation de la corruption et la dilapidation des richesses nationales. Est-il normal qu'une société qui subit de plein fouet les scandales de corruption ne sort, ne serait-ce qu'une seule fois, dans la rue pour dénoncer et demander des comptes aux corrompus de tout bord? Ajouté à l'absence d'une volonté politique de lutter contre la corruption, ce silence est un facteur qui encourage le développement et la prospérité du phénomène. La question qui reste à poser est de savoir par quel miracle ou réforme peut-on substituer à ce cercle vicieux un cercle vertueux? Le ministre de la Justice a annoncé, il y a quelques jours, la révision de loi portant prévention et lutte contre la corruption de 2006. L'objectif recherché serait de «consolider les règles juridiques qui permettent de lutter contre les actes portant préjudice à la communauté nationale, récupérer les deniers dilapidés et protéger les témoins et les dénonciateurs». Cette annonce peut-elle rassurer lorsque l'on sait que l'ancienne loi n'est pas appliquée? Ce qui aggrave la situation, est le fait que le rapport de Transparency International est tombé presque au même moment que le rapport de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), de l'année 2012. Selon le président de cette commission rattachée au service de la présidence de la République, Farouk Ksentini, la corruption gangrène l'économie nationale dans des proportions «extrêmement insupportables». Le rapport a souligné que «la corruption a pris des proportions éminemment dangereuses». Pis encore, ce phénomène, toujours selon le rapport de la commission de la présidence, «risque de devenir un mécanisme ancré dans les rouages de l'appareil étatique».