L'Algérie ferme les vannes aux contrebandiers marocains La disparition de cette économie informelle qui assurait la paix sociale de cette région sensible du Royaume, est désormais une vraie poudrière. Le souverain marocain qui avait déjà fort à faire après avoir accordé sa grâce au pédophile espagnol violeur de 11 enfants marocains, condamné à 30 années de prison, n'avait sans doute pas besoin de ce souci supplémentaire. C'est un retour de manivelle qui risque de faire d'énormes dégâts. La crise du carburant s'est déplacée et a retraversé la frontière. La fièvre monte au Maroc oriental. Elle risque de s'étendre à l'ensemble du Royaume. Les décisions prises par le gouvernement afin de contrecarrer les desseins de la mafia du carburant qui se sont transformés en véritable saignée pour l'économie nationale n'ont pas tardé à produire leurs effets. «Les mesures prises par les autorités algériennes commencent à porter leurs fruits. La pénurie du carburant de contrebande provenant de l'Algérie pousse les usagers vers les stations-service. L'affluence est telle que les stocks de ces dernières étaient épuisés en début d'après-midi ce jeudi (15 août, Ndlr)» rapporte certains médias électroniques marocains. Les hallaba n'ont plus rien à traire. Le carburant pompé, acheminé des stations-service des wilayas de l'Ouest algérien frontalières avec le Maroc, qui se vendait au noir à moitié prix dans ce pays (4 dirhams le litre au lieu de 8,4 dirhams) s'est tari. «Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d'une manière illégale. Cela représente une perte d'un milliard de dinars», avait déclaré, le 22 juillet à El Oued, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. De quoi faire tourner 600.000 véhicules. Quelques jours auparavant, le 14 juillet, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué que près de 25% de la production nationale de carburants «sont exportés illégalement» vers les pays voisins. Il faut souligner que la hausse des prix du carburant, décidée il y a une année par le gouvernement Benkirane, avait jusque-là épargné cette région (Oujda, Taourirt, Berkane, Figuig, Saïdia, Jerrada..., Nador et sa périphérie qui représentent la plus grande zone économique du Nord-Est marocain à 70 km de la frontière algérienne et Al Hoceima) grâce essentiellement à ce trafic qui fait tourner l'économie de cette partie du Royaume marocain. Elle risque aujourd'hui d'en payer le prix fort. Pourquoi? «70% de l'économie de la région du Maroc oriental dépendent de la contrebande et nous estimons le chiffre d'affaires moyen de cette activité à 6 milliards de dirhams par an. Le secteur informel emploie plus de 10.000 personnes et couvre l'essentiel des besoins de consommation», avait fait constater la Chambre de commerce, d'industrie et de services d'Oujda dans une étude qui avait été consacrée à la pratique du commerce illégal. Un business qui n'a pas épargné les grandes villes du Maroc: Rabat, Meknès... «Il existe à Fès des entrepôts quasi officiels de carburants de contrebande et certains souks offrent des rendez-vous hebdomadaires pour se ravitailler, au vu et su de tout le monde», a confié au premier quotidien économique marocain L'Economiste le président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), Adil Ziady. Les prix ont flambé dans les villes frontalières de l'Algérie, véritable place forte du trafic de carburants depuis que le gouvernement algérien a décidé de mettre fin à ce phénomène qui saigne l'économie nationale. L'envolée soudaine des prix du carburant s'est répercutée sur ceux des moyens de transports (collectifs, taxis, marchandises...) et des foyers dont l'alimentation en électricité est assurée grâce aux groupes électrogènes qui commencent de surcroît à souffrir de cette pénurie de gasoil... Une conjoncture devenue explosive. La disparition de cette économie informelle qui assurait la paix sociale de cette région sensible du Royaume, est désormais une vraie poudrière...