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Des banques clandestines au service des dealers
Financement de la contrebande et de la drogue
Publié dans Le Temps d'Algérie le 08 - 06 - 2013

Les moyens et mécanismes de financement de la contrebande avec le Maroc sont un secret de polichinelle qui n'échappe pas aux services en charge de la lutte contre ce fléau qui a pris, avec le trafic de drogue, des dimensions plus qu'alarmantes.
On continue à s'attaquer au phénomène en aval, sans prendre en considération la pyramide de ces réseaux et autres organisations de soutien, qui sont la pierre angulaire de toutes les formes de ce trafic.
Ce sont les sources de financement qui, en amont, régulent, organisent, commandent et contrôlent toutes les transactions des contrebandiers et autres trafiquants. Un cadre clandestin pour financer toutes les marchandises destinées à la contrebande vers le Maroc ou en provenance de ce pays frontalier, où prospère toute l'industrie de la contrebande qui rapporte des milliards de dirhams au royaume chérifien et saigne à blanc notre économie, les préjudices financiers et économiques étant estimés à plusieurs milliards de dinars.
Ces chiffres paraissent, pour les plus avertis, bien en deçà de la réalité, car à Maghnia et dans d'autres villes frontalières, il existe des banques clandestines qui brassent quotidiennement des sommes colossales qui échappent à tout contrôle. Pourtant, elles activent au vu et au su de tous.
Des transactions basées sur la confiance
Lutter contre la contrebande c'est s'attaquer à la source de ces financements. Or, ces banques clandestines, qui activent depuis des lustres, n'ont jamais fait l'objet d'enquêtes ou n'ont été inquiétées, alors que toutes les transactions passent par ces structures qui travaillent en étroite collaboration avec des officines similaires implantées de l'autre côté de la frontière. Comment fonctionnent-elles?
Comment la contrebande est-elle financée? Comment circule l'argent et qui fixe le taux de change entre le dinar et le dirham ? Autant de questions auxquelles l'enquête que nous avons menée tente d'apporter des réponses. Pour ses besoins, nous avons suivi un citoyen qui devait envoyer de l'argent à son beau-frère à Oujda. Nous l'avons accompagné pour comprendre la face cachée de ce trafic.
Depuis une officine à Oujda, le beau frère a communiqué le numéro de téléphone du chargé de change à Maghnia à la personne concernée par l'envoi de la somme d'argent en dinars, à savoir un certain M. Fethi, âgé de 65 ans, commerçant.
A Maghnia Fethi contacte l'agent de change qui lui fixe un rendez-vous aux alentours du centre de radiologie de la CNAS. Fethi l'avise de notre arrivée sur les lieux par téléphone et lui donne le signalement du véhicule. L'attente dure une dizaine de minutes avant qu'un jeune, la trentaine, ne nous accoste et nous lance : «vous avez El-amana, le compte est bon ?»
Fethi lui remet un sachet contenant 150 millions de cts et ce dernier, à l'aide d'une puce marocaine, contacte son homologue à Oujda, en lui disant : «Al-Amana waslat», avant de disparaître dans la nature. Notre ami n'avait pas la conscience tranquille. Pour se rassurer, il contacte son beau-frère à Oujda, qui le rassure à son tour : l'argent lui a été remis.
Un système infaillible
Dans ce milieu, dit-on, la confiance est de mise de part et d'autre de la frontière entre ces officines de change parallèle. Au café nous rencontrons Z. Abdelkader, la quarantaine, une personne très au fait de cette pratique puisqu'il ne vit que de la contrebande, grâce à laquelle il a amassé une fortune. Il a bien voulu nous éclairer sur tous les mécanismes de financement de la contrebande et du change.
«L'Algérien négocie au préalable le prix de la marchandise avec le fournisseur marocain. Une fois l'accord conclu par téléphone, le contrebandier algérien dépose auprès d'une banque clandestine la somme d'argent en dinars. Un coup de fil pour confirmer le dépôt et le contrebandier récupère son équivalent en dirhams à Oujda, sur la base du cours de change, qui varie de jour en jour. Il règle sa marchandise en dirhams, ainsi que les frais de livraison. Ce sont les Karassas, comprendre transporteurs, qui se chargeront ensuite de livrer la marchandise jusqu'à la limite des frontières algéro-marocaines. Là l'Algérien récupère sa marchandise».
Pour Abdelkader, «ce système est très rodé et infaillible. Toutes les transactions passent par ces agents de change qui jouent le rôle des banques, car les deux monnaies ne sont pas convertibles». Et d'ajouter : «Le contrebandier marocain agit de la même sorte pour toutes commandes de marchandises en Algérie. Il dépose la somme en dirhams chez un agent de change à Oujda et récupère la somme en dinars à Maghnia, Bâb El-Assa ou Boukanoun», avant de souligner que «les barons de la contrebande des deux côtés n'ont pas besoin de se déplacer. Ils concluent toutes leurs transactions par téléphone et les «Karassas» se chargent de la livraison».
Tous les contrebandiers ont deux puces, l'une marocaine et une autre algérienne. Ils ne communiquent qu'avec les puces marocaines de peur d'être interceptés par les services algériens.
Qui fixe le taux de change ?
Le dinar est bradé à un taux de change humiliant.1000 DA sont échangés actuellement à 90 dirhams marocains et ce taux de change, d'après toutes les personnes interrogées et très au fait de ces transactions, ne dépasse guère les 100 dirhams. Selon Abdelkader, «ce sont les lobbys juifs, très puissants financièrement à Oujda, qui fixent le taux de change. Toutes les officines clandestines de change leurs appartiennent au Maroc.
Les Algériens prélèvent 5% sur chaque opération de change, tandis que les officines marocaines prélèvent 10% sur chaque somme d'argent échangée en dirham». Pour d'autres «c'est le Makhzen qui impose à ces officines ce taux de change». Mais tout le monde s'accorde à dire que «ce taux de change permet aux contrebandiers marocains d'acquérir les marchandises algériennes au dixième de leur prix».
A titre d'exemple, «un appareil ou autre engin qui coûte au Maroc 100 000 dirhams, coûte en Algérie 300 millions de cts, mais n'est acquis par le contrebandier marocain qu'à 27 000 dirhams, en raison du taux de change, alors que le contrebandier achète le produit marocain à sa juste valeur».
L'on devine alors les préjudices causés à notre économie et les gains générés pour l'économie marocaine, notamment pour toute la région de l'Est marocain qui vit de la contrebande avec l'Algérie. Ces pseudo-banques sont donc le maillon indispensable de la chaîne de la contrebande.
Sans elles, la contrebande ou toutes les autres formes de trafic ne peuvent survivre. L'on se demande alors pourquoi nos services tardent-ils à s'attaquer à cette gangrène qui, non seulement finance toutes sortes de trafic, mais blanchit aussi l'argent de la drogue et de la contrebande, sans que ces narcotrafiquants et barons de la contrebande ne versent le moindre dinar au trésor public.
Le carburant bradé aux trafiquants marocains
Pour nous rendre compte de l'ampleur du trafic de carburant, Abdelkader nous amène à Roubane, une localité frontalière avec le Maroc, relevant de la commune de Béni-Boussaid. Malgré la forte présence des gardes-frontières et le nombre important de postes fixes de surveillance, les hallaba ont fait de ce point de passage leur base arrière. Tous les jours, des centaines d'ânes chargés de jerricans de carburant traversent la frontière.
Ce trafic est lui aussi bien structuré. Chaque baron a ses propres hallaba qui tarissent quotidiennement les stations services de toute la région, sans être nullement inquiété. La marchandise est livrée au baron dans des jerricans de 30 litres qu'il paie 1250 DA au hallab.
Le même jerrican est cédé à la partie marocaine à 1600 DA, à un moment où le gaz oïl au Maroc coûte 30 dirhams le litre, soit plus de 300 DA. La différence est de taille et, ironie du sort, ce sont les trafiquants marocains qui fixent le cours du carburant, alors qu'ils sont les plus dépendants de cette matière.
«La solution pour éradiquer ce trafic réside dans l'augmentation des prix du carburant», remarque Abdelkader «car ce trafic a pris des proportions alarmantes et ce sont les populations frontalières qui en sont les plus pénalisées. A cause de la pénurie de ce produit, elles payent 50 DA le litre d'essence au marché noir.
Il ressort de cette enquête que les barons de la contrebande, même s'ils amassent des sommes colossales grâce à leur trafic, il n'en demeure pas moins qu'ils participent directement au développement de l'économie marocaine et ruinent notre économie nationale, en bradant notre monnaie et nos produits, dont certains sont subventionnés par l'Etat et d'autres acquis à prix fort en devises.


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