Ce qui reste, quand on a refermé ce livre, c'est une déclaration d'amour d'un égyptien à l'Algérie. Il y a d'abord la dédicace qui positionne, dès le départ, ce livre d'entretiens politiques dans l'émotion: «A ma mère que j'ai perdue durant les années du cercle ferme». Le cercle fermé, c'est le titre de l'ouvrage que vient de publier l'écrivain Nacer El Kaffas aux éditions de l'Anep. Si, pour le public algérien le nom de l'auteur ne dit peut-être pas grand-chose, pour celui du pays des Pharaons, de Gamal Abdenasser et d'Oum Kheltoum c'est une manière de référence dès lors qu'il était écrivain et grand reporter au grand quotidien Cairote Al Ahram. Le principe est connu: il n'y a pas de grands journalistes, mais de grands journaux. Mais au vu de la pertinence de ces entretiens, écrits dans une langue relevée, on ne peut nier que le chef du bureau d'El Ahram à Alger est une grande plume. Et ce qui ne gâte rien un grand coeur, car l'homme s'est pris d'amour pour notre pays, pour ses hommes, ses paysages et ses politiques. Dans ce livre de 320 pages, on trouve 21 entretiens de personnalités aussi dissemblables que peuvent l'être Louisa Hanoune et Abdallah Djabbalah, el Hachemi Cherif et Mhafoud Nahnah. Il y a aussi Ahmed Ouyahia, Amar Saïdani, fraîchement élu à la tête de l'APN, Abdelkader Boukhamkam, Boualem Benhamouda, Said Sadi, Rédha Malek, Yacine Turkmane, Miloud Chorfi, Kamel Guemazi, Bouguerra Soltani... Personne ne manque à l'appel? Si, Ali Benflis. Il est présent lui aussi avec des réponses très laconiques. Ces entretiens qui couvrent la période 1999-2002, nous restitue un pan de notre histoire. On retrouve pratiquement les principaux candidats de l'élection présidentielle, hormis Bouteflika et Rebaïne. L'auteur n'a pas essayé d'enjoliver les paroles des uns et des autres, on retrouve les styles directs, le parlé cru, chacun est restitué tel quel, parfois avec sa langue de bois. Nacer El Kaffas expose et ne juge pas, questionne, mais ne harcèle pas. Quand l'interviewé élude la question, l'auteur y revient autrement, parfois avec une pointe d'humour. Ce qui reste, quand on a refermé ce livre, c'est une sorte de déclaration d'amour d'un Egyptien à l'Algérie, car le seul héros du «cercle fermé», c'est l'Algérie. L'Algérie d'hier, meurtrie, ensanglantée, amsi toujours fière et aimante. Il est heureux que cette contribution à l'écriture de l'histoire contemporaine vienne d'un journaliste égyptien qui a choisi l'Algérie comme terre d'écriture. Et surtout comme seconde patrie.