«Faire cesser la gabegie.» C'est l'appel lancé, hier, aux Algériens, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal dans une interview à l'APS. D'où la nécessité «de s'atteler à la rationalisation de la dépense publique» dont a été chargé le gouvernement par le président de la République lors du dernier Conseil restreint tenu le 23 décembre dernier. Pas seulement puisque le terme employé par Sellal englobe également la fraude sous toutes ses formes ainsi que les dépenses inconsidérées et les pertes d'argent causées par les désordres en tous genres. Sur ce chapitre il n'y a malheureusement ni «pénurie», ni secteur épargné. D'ailleurs et pas plus tard que la veille, le Cnis (Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes) nous apprenait que nos importations de poudre de lait et dérivés ont augmenté, en quantité, de 43,5% en 2014 par rapport à 2013. Cet exemple à lui seul illustre la gabegie dont parle Sellal. Par quel phénomène rationnel peut-on expliquer cette extraordinaire hausse? Le seul paramètre de nos besoins en lait se trouve dans la progression de notre démographie. Or, les naissances tournent autour de 900 000/an. Sans même retrancher les décès, on voit bien que cette hausse d'importation est surdimensionnée. Il ne faut pas être sorcier pour se rendre compte qu'il ne s'agit ni plus ni moins que de fuite des capitaux. Même chose pour le sucre dont une partie est réexportée une fois transformée. Mais où allons-nous ainsi avec des importations de produits alimentaires de 60 milliards de dollars annuellement? Youcef Yousfi, notre ministre de l'Energie, nous a appris, à partir de Tamanrasset où il était en visite il y a une semaine, que nos recettes pétrolières, pour 2014, seront de 60 milliards de dollars. Il ne reste plus rien pour les autres dépenses telles que les biens d'équipement et autres intrants indispensables aux autres productions industrielles. Il est urgent de mettre en oeuvre les restrictions quantitatives et le contrôle de l'import et de l'export tel que le prévoit, selon l'APS, le projet de loi adopté par le Conseil des ministres restreint de mardi dernier. Sinon, nous allons droit dans le mur. L'autre gabegie intolérable est le gaspillage de la subvention systématique des carburants. N'est-il vraiment pas possible de mieux encadrer cette subvention? Il faut expliquer aux citoyens que nous importons à coups de devises nos carburants. Que ce n'est pas avec le pétrole brut de nos puits que nous remplissons le réservoir de nos véhicules. Ce manque d'information favorise les excès de consommation de tous ces automobilistes qui roulent sans but précis sur les routes. Pour tuer le temps. D'autre part, il n'est pas juste que le carburant subventionné alimente tous les véhicules qu'ils soient ceux des particuliers, ceux des commerçants ou ceux des sociétés. Sur simple présentation de la carte grise, le tri est possible. Reste juste à mettre en place le mécanisme opérationnel à la pompe. Plusieurs variantes existent, sans faire appel au cerveau d'Einstein. D'autres mesures doivent être prises comme par exemple pour les recettes fiscales ordinaires dont le montant annoncé, lundi dernier par le DG des impôts, Abderrahmane Raouia, ne concerne que l'économie réelle. L'espace ne nous permet pas de tout aborder en une seule fois. Nous ne pouvons qu'être d'accord avec Sellal lorsqu'il met le doigt sur la gabegie. Elle est partout. A tel point que nous avons appris que plus de 2 milliards ont été «explosés» en pétards (importés en devises) durant le Mawlid Ennabaoui. Ce n'est plus du gaspillage, c'est de la folie. Il est temps que les Algériens prennent conscience qu'il n'est plus possible de continuer à vivre au-dessus de nos moyens. Cette pédagogie revient au gouvernement. Sans un sérieux travail de communication, il n'y a pas de miracle à attendre!