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Quand la mort ensevelit les précarités
SIDI GHILÈS SOUS LE CHOC
Publié dans L'Expression le 18 - 11 - 2001

«Cela fait 26 ans que j'habite ici, nous raconte Mohamed appuyé sur sa pelle. Nous leur avons dit que c'était dangereux de vivre dans ces conditions, mais...»
Mohamed aurait survécu à tout, sauf à la perte de ses trois enfants. Debout sur ce qui reste de son gourbi en toub et en buissons, et armé de sa pelle, il tente de dégager les tonnes de boue et de rocs qui ont écrasé sa maison samedi dernier. Son fils et sa fille l'aident en cherchant dans les débris quelques sommaires affaires. La petite tient dans la main un couffin maculé de boue. Son cousin, son voisin de quelques mètres, n'a pas eu sa chance. Hassan Boumaâkel a perdu ses deux enfants, Rafik, 5 ans, et Abdelkrim 3 ans, emportés par la déferlante de cet oued qui s'est brutalement réveillé. «Cela fait 26 ans que j'habite ici, nous raconte Mohamed appuyé sur sa pelle. Nous leur avons dit que c'était dangereux de vivre dans ces conditions, mais...De toute façon, El hamdoulillah, en voyant ce qui s'est passé à Alger, nous, on se dit que le malheur des autres, là-bas, est plus grand».
Dans cette portion de l'ensemble des habitations précaires à la sortie de la commune de Sidi Ghilès, dans la wilaya de Tipaza à une centaine de kilomètres de la capitale, qui a pour nom El Kermoud, ou El Oued, dix personnes ont été emportées par les flots du torrent qui s'est abattu en pleine nuit. Des hauteurs du Daâdaâi en amont, ensemble de monticules aux épais maquis, des milliers de mètres cubes d'eau et de boue, charriant rochers et troncs d'arbres se sont déversés sur les bicoques en toub, en pierre et en parpaing, protégées par de fragiles clôtures de buissons. Creusant un canyon d'environ trente mètres, l'avalanche meurtrière n'a rien trouvé sur son chemin. A quelques centaines de mètres des premières habitations, il y avait bien cette buse géante installée par un privé, qui avait construit une maison tout près. L'obstruction de cette buse par des pierres et de la boue avait, pendant quelques interminables minutes, affaibli le cours diluvien de cette rivière de fin du monde. Mais pas pour longtemps. Explosant sous une terrible pression, les tonnes de boue vaseuse et de pierres caracolantes se libérèrent de la bouche de la buse et fondirent sur les familles abritées, en contrebas, dans leurs refuges de fortune.
Des vagues hautes de plusieurs mètres ont éventré les gourbis et les ont submergés en quelques secondes, emportant hommes, femmes, enfants et bébés sur des centaines de mètres par delà la Route nationale, les champs de serres complètement dévastés jusqu'à la mer haute et déchaînée. Traînées par cette force brutale, peu de personnes réussiront à être sauvées des flots. El-Kermoud a perdu dix personnes. Et huit corps ont été retrouvés, dont trois ont été rejetés par la mer quelques jours après. Il s'agit d'un petite fille et de ses parents. Ce sont les deux autres enfants de cette famille qui restent introuvables. On nous montre leur koukh, ou plutôt ce qu'il en reste: masure tristement précaire ensevelie sous la boue et les pierres. Toute une famille décimée!
Le quartier, si on peut l'appeler ainsi, n'offre à la vue qu'un amas de boue recouvrant tout et des buissons couchés. Entouré par des dépressions d'environ deux mètres, excavées par la folle et terrible déversion des flots, le misérable faubourg se morfond dans cette énième décrépitude. «Nous vivons ici depuis une trentaine d'années, les nouveaux habitants se sont installés ici en 1982», nous indique Abdelkader qui habite - c'est trop dire - une bicoque de terre et de tôle sur les hauteurs du site dans le quartier appelé El-Aârkab.
C'est lui qui nous accompagne de ses hauteurs vers El Kermoud en empruntant le profond couloir au milieu de deux falaises de terre et de cabanes jusqu'au secteur le plus sinistré. «Les gens qui habitent ici vivent pour la plupart de l'agriculture», dit-il en montrant ses voisins occupés à évacuer, encore, l'eau et la boue de l'intérieur de leurs masures perchées sur des centaines de mètres au-dessus du ravin percé par le torrent. «Nous avons aussi beaucoup d'anciens moudjahidine», ajoute-il. Et, nous faisant visiter sa «maison», il nous montre les nombreuses et profondes fissurations qui entaillent les murs frêles en toube.
Des employés de l'APC font la tournée des maisons sinistrées. «Nous établissons des listes en mentionnant les dégâts occasionnés, nous apprend l'un d'eux, plus loquace que son collègue qui, lui, nous a immédiatement orientés vers l'APC. Nous récoltons des informations pour présenter à nos responsables un procès-verbal complet».
«Si vous voulez mon avis, nous dit l'un des habitants d'El-Kermoud, en ouvrant large ses bras balayant les environs des ruines, tout ce quartier devra être rasé et il ne faudra plus construire à cet endroit».
Au niveau du siège de l'APC, des personnes se regroupent, pour voir sous quelle forme elles seront prises en charge. Une seconde angoisse commence. Celle des familles sans gîte et sans couvert en ce Ramadan qui vient d'un coup perdre de son goût.


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