Les dirigeants des pays de la Communauté est-africaine (EAC) tenteront une nouvelle fois lundi de dénouer la crise politique burundaise, une semaine après des élections boycottées par l'opposition, décriées par la communauté internationale et dont les résultats se font toujours attendre. Le sommet se tiendra, comme les deux précédents (13 et 31 mai) à Dar es Salaam, en Tanzanie. «Les chefs d'Etat vont faire une évaluation de la situation dans le pays depuis leur dernier sommet», a simplement dit Othieno Owora, du secrétariat de l'EAC qui regroupe le Burundi, la Tanzanie, le Rwanda, l'Ouganda et le Kenya. Inquiète d'un climat de violences peu propice à l'organisation d'élections crédibles, l'EAC réclamait, comme la quasi-unanimité de la communauté internationale, notamment l'ONU, l'Union africaine et l'organisation intergouvernementale des Grands Lacs, un report des élections générales burundaises à une date unique - le 30 juillet. Mais le pouvoir burundais a refusé, arguant d'un vide institutionnel si les élections n'étaient pas organisées très vite, le mandat du président Pierre Nkurunziza s'achevant le 26 août. Signe de sa volonté de poursuivre coûte que coûte le processus, le chef de l'Etat a tenu hier un nouveau meeting de campagne présidentielle. Ce meeting, organisé à une quinzaine de km de la capitale Bujumbura, dans la province de Bujumbura rural, fief du principal opposant politique Agathon Rwasa, s'est déroulé en à peine 30 minutes sous haute protection policière et militaire. Les scrutins législatifs et communaux de lundi ont ouvert les élections générales qui se poursuivront le 15 juillet avec une présidentielle à laquelle le chef de l'Etat Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, est candidat à un troisième mandat. Cette candidature, jugée anticonstitutionnelle par ses opposants, est au coeur de la crise émaillée de violences meurtrières qui secoue le Burundi depuis fin avril. Le déroulement des législatives et communales a déjà donné lieu à une sévère charge de la Mission électorale de l'ONU dans le pays (Menub), la seule parmi la communauté internationale à avoir maintenu ses observateurs. Dans un document accablant de neuf pages, la Menub a détaillé violences, intimidations, violations des droits de l'homme et restrictions à la liberté d'expression tout au long de la campagne électorale et jusqu'au jour du scrutin. Elle a dépeint «un climat de peur et d'intimidation généralisées dans certaines parties du pays» et rappelé que des violences «ont précédé et parfois accompagné le scrutin», notamment à Bujumbura.