Les partis réunis dans la Cltd cherchent toujours les voies et moyens pour empêcher le pouvoir et sa périphérie de reprendre l'initiative. Ils se dirigent groupés vers un «Mazafran - 2», une sorte de congrès, pour mieux serrer les rangs, avant que le pouvoir ne sorte de sa torpeur, ne dévoile le texte d'amendement de la Constitution et parte en cavalier seul poser les balises de ce que sera fait le champ politique, juridique, médiatique et associatif de demain. Face au discours d'un Saâdani, plus que jamais déterminé à en découdre avec l'opposition, défendant bec et ongles le président pour mieux asseoir son autorité au FLN, les partis se revendiquant de cette opposition savent que le moment de flottement dans la périphérie du pouvoir offre l'opportunité au changement. Ils savent aussi que la crise annoncée depuis la chute du prix du baril a mis à nu les contradictions au sein même du centre de décision. Il n'y a qu'à bien lire les affirmations, suivies de leurs propres réfutations sur la nature de la crise, pour comprendre les tâtonnements. Les partis réunis, pour une fois dans une majorité incertaine, autour d'un même objectif, dans l'Instance de coordination de la Cltd, veulent aller plus loin, après l'annonce de descendre dans l'arène pour faire entendre leurs voix, qui sont devenues inaudibles, tant le pouvoir leur refuse l'accès aux médias lourds. Mais il faudra attendre la fin de l'année pour connaître l'approche de l'opposition, même si elle n'est pas encore parfaitement synchronisée. Il faut dire qu'en face, du côté du pouvoir, il y a autant de fausses notes qui renseignent sur l'état des lieux. Les deux partis de la majorité, que sont le FLN et le RND, ne sont pas sur une même fréquence. Pendant que le premier parle de réanimer l'alliance présidentielle d'antan, en remplaçant le MSP par deux autres partis, le MPA et le TAJ, le second lance un «front» large qui peut contenir et les innombrables partis politiques qui gravitent autour du pouvoir et les associations de tout bois. Et en raison de ces divergences, les alliés se boudent en laissant la voie libre à leurs opposants. Enfin, la nature même de l'initiative du FLN semble relever d'un autre temps, comme si Bouteflika avait vraiment besoin de tant de monde autour de lui pour travailler. Même l'amendement de la Constitution ne posera aucun problème, dans le sens où la machine à voter, qui est entre les mains du pouvoir, va fonctionner à merveille. Il faudra attendre des lustres pour la voir changer de nature, vers plus de crédibilité. A priori, on ne sait les raisons qui font courir Saâdani, si ce n'est le fait de prouver qu'il sert à quelque chose, en occupant le devant de la scène médiatique, jusqu'à faire de l'ombre à ses proches partenaires. Sinon, rien ne justifie autant de gesticulations, puisque le mandat du président n'arrive à son terme qu'en 2019. D'ici là, les partis de l'opposition auront tout le temps devant eux pour travailler ensemble, si les «zaâmat» ne viennent freiner la cadence. D'autant que la profusion de chaînes TV privées et les réseaux sociaux offrent une opportunité inouïe de faire entendre leurs voix, sans recourir à la rue, qui leur est interdite, même pour apporter leur soutien aux enfants de Ghaza et El Aqsa, qui subissent un génocide bien réel.