Derrière le Front de mer se dresse un géant de misère regorgeant toutes les incidences des travaux bâclés pour lesquels des milliards de dinars ont été mobilisés. Oran, cette ville appelée à se tailler le titre de métropole méditerranéenne, fond comme neige au ciel. Ses soubassements sont tellement fragiles qu'ils se fragilisent davantage au moindre changement climatique comme les petites précipitations. Le dernier en date remonte à la fin de la semaine dernière lorsqu'un affaissement de la chaussée a frappé de plein fouet la somptueuse cité Djameldine, plongeant ses habitants dans le désarroi, la crainte, la panique et une colère indescriptible. Ledit glissement, qui fait une cinquantaine de mètres, a atteint dans certains lieux une profondeur avoisinant les deux mètres, dénaturant totalement la rue principale donnant accès à l'intérieur de ladite cité à partir du rond-point. Les habitants n'en reviennent pas dans leurs appréhensions notamment en ce qui concerne la suite des événements, du fait que plusieurs habitations sont menacées d'être... englouties par les cratères pouvant être provoqués par la réplique des affaissements. L'effet renard ou coup de bélier? Derrière le Front de mer et à quelques encablures de la somptueuse Place du 1er Novembre (ex-Place d'Armes) se dresse un front géant de misère regorgeant de tous les coups engendrés suite à des travaux bâclés pour lesquels des milliards de dinars ont été mobilisés et alloués. Si les écroulements du vieux bâti continuent à faire leur affaire, les affaissements des chaussées ne sont plus en reste. Le glissement de la cité Djamel en est un exemple concret. Que s'est-il réellement passé? Les spécialises parlent de l'éventuel effet renard. Celui-ci aurait été provoqué suite à une fuite d'eau en profondeur. Ne trouvant plus d'accès, ces eaux forment des espaces et passages avant de stagner pour former une sorte de petits lacs souterrains, appelés cavités. Cet effet manifeste ses premiers symptômes à la faveur des pluies torrentielles se joignant en grandes charges aux eaux enfouies dans ces cavités. Et les dégâts ne tardent pas à sévir. D'autres parlent du coup de bélier qui aurait été provoqué par la rupture subite de l'alimentation en eau potable et le retour négatif dans les canalisations de l'eau pompée à l'aide des grandes pompes hydrauliques. A la cité Djameldine, le coup de bélier n'est pas à signaler tant qu'aucune canalisation d'eau potable n'a lâché ni aucun retour négatif de l'eau pompée n'a été relevé. Les habitants, eux, pointent du doigt les centaines de poids lourds et autres camions de gros tonnage sillonnant à longueur de journée les rues de leur cité. Ces camionneurs y trouvent un espace idéal pour stationner en attendant d'être appelés en vue de se rendre dans le port d'Oran en vue de débarquer des milliers de tonnes des différentes marchandises arrivant des quatre coins du monde. «Il se peut que cette chaussée ait cédé aux fortes pressions des passages quotidiens des poids lourds», dira un habitant. Officiellement, aucune explication n'a été avancée hormis l'engagement pris et annoncé par la directrice des travaux publics de la wilaya d'Oran. Se rendant sur les lieux en vue de s'enquérir de la situation tout en constatant de visu, la directrice des travaux publics n'a pas trop tardé à annoncer que ses services ouvriront une enquête en vue de procéder à une expertise devant tirer au clair une telle situation et déterminer avec exactitude les causes de rupture de la chaussée. «Les responsabilités de tout un chacun sont à délimiter», dira une source proche de la wilaya d'Oran. Aucun des Oranais n'oubliera de sitôt l'affaissement de la rue des Jardins survenu en 2006 et l'éboulement de Sidi El Houari. La rue des Jardins, restaurée reliant Sidi El Houari au centre-ville d'Oran, n'a été réouverte à la circulation que récemment. Après donc les effondrements, l'eau. Cette autre problématique, qui n'est pas nouvelle, constitue ces derniers jours, le sujet principal des débats locaux et des inquiétudes des populations d'Oran en particulier celles habitant les immeubles du centre-ville. L'eau qui coule de partout s'infiltre dans la quasi-totalité des habitations situées au rez-de-chaussée des bâtiments. «Cela fait plusieurs mois que des camions vidangeurs sont sollicités en vue de vider des caves de plusieurs immeubles du coeur d'Oran», dira un résident d'un immeuble situé dans la rue Khemisti. Une autre cave, située dans la rue Khemisti, est vidée au quotidien. Elle était jadis exploitée en tant que bain. Elle est actuellement à l'abandon depuis la fermeture dudit hammam. Seuls les riverains et les occupants de l'immeuble continuent à faire face à une situation dont la solution est contre toute attente renvoyée aux calendes grecques. Et les effondrements...? Un résident du quartier populaire de la rue des Aurès, ex-La Bastille, d'ajouter en affirmant que «notre parking souterrain est, la plupart du temps, inondé par les infiltrations récurrentes des eaux dont on ne connaît pas la provenance». Autant de questions ont été posées. Peu de réponses ont été apportées, faute d'études géologiques devant passer au peigne fin le mouvement de l'eau dans les soubassements de la ville d'Oran. Une chose est sûre, la ville d'Oran, qui est bâtie entre deux oueds, risque de perdre facilement et sans résister son aplomb et son équilibre au moindre mouvement souterrain. Le premier fleuve géant souterrain traversant la capitale de l'Ouest, n'est autre que le ravin Blanc tandis que le deuxième est l'oued Rouina s'étendant à partir de la wilaya de Chlef. Fin de semaine. Une famille, résidant dans la rue Benalou Abdelkader dans le secteur urbain El Maqari, a été déclarée sinistrée suite à l'effondrement du plancher de son habitation située dans le premier niveau. Aucune perte humaine ni de blessés n'ont été enregistrés. La construction du bâtiment remonte à l'époque coloniale. Ledit écroulement s'ajoute aux plusieurs dizaines enregistrés cette année. Le phénomène, qui nécessite un traitement de choc, est devenu récurrent ces dernières années. Il sévit un peu partout dans tous les quartiers composant la ville d'Oran. Les bâtisses de Derb, Saint-Antoine et Sidi El Houari sont, dans leur totalité, entièrement éventrées. La même situation est à relever à Plateau, Medioni, El Hamri, Cité Bel Air, Gambetta, Carteaux, La Bastille, Cavaignac, Saint-Pierre, etc. L'ensemble des quartiers et cités composant la ville d'Oran est en décrépitude...avancée. Un petit changement climatique pourrait être l'élément déclencheur de l'alerte maximale. Dans le tas, les occupants du vieux bâti sont, notamment pendant l'hiver, contraints de dresser des dizaines de tentes un peu partout dans les rues transformant la ville d'Oran en une oasis en plein centre urbain. El Bahia n'est donc plus cette belle carte postale aux couleurs chatoyantes d'antan. Elle regorge de près de 2000 immeubles constituant une véritable menace pour leurs occupants. La réhabilitation, lancée ces dernières années, n'a concerné que 600 bâtiments, soit un tiers des bâtisses classées dans la zone de l'extrême danger, la case rouge. Une telle mesure a été décidée par le président de la République lors de ses visites de travail et d'inspection qu'il a effectuées à Oran aux mois d'août 2007 et décembre 2008. Les travaux n'ont été lancés qu'après plusieurs années de retard inexpliqué. La majeure partie de ces immeubles a, telle que décrite et déplorée par leurs occupants, subi des coups de colmatages et maquillages sans pour autant juger utile d'aller dans les profondeurs de cette réhabilitation en consolidant leurs assises.