La psychose des parents est à son paroxysme La famille souhaite oublier ce qui s'est passé pour vivre une fête de mariage à laquelle elle est venue assister. La population de Didouche Mourad est encore sous le choc après la tentative d'enlèvement d'un enfant âgé à peine de 10 ans. Le gosse à été sauvé grâce à la vigilance des citoyens, notamment un proche de la famille qui n'était pas loin de la scène du «crime». Il était 17 heures quand nous sommes arrivés sur les lieux, au niveau même de la mosquée du centre-ville où le drame a été avorté. Des dizaines de citoyens étaient encore là. Un seul sujet: «le kidnapping», beaucoup pensent sincèrement qu'il s'agit d'une organisation et il y a forcément un lien, d'autres croient à des rituels sataniques, mais aussi des vengeances et des règlements de comptes. La vérité personne ne la détient. Questionnés sur ce qui s'est réellement passé, nos interlocuteurs se sont adonné à plusieurs versions, «elle a réussi à prendre la fuite», nous confie un vieux, «elle s'est terrée dans la mosquée après avoir lâché le petit, et s'est mêlée aux femmes à la sortie de la mosquée», ajoutent-ils. Pourtant, d'autres témoignages confirment que la mosquée a été quadrillée aussi bien par la police que par la Gendarmerie nationale dont le siège était en face de la mosquée. Comment a-t-elle pu prendre la fuite? Plutôt aurait - elle été aidée? C'est un autre témoin qui raconte: «La police et la Gendarmerie nationale se sont aussitôt mobilisées, l'alerte a été donnée par d'autres citoyens.» Notre interlocuteur poursuit: «Ça s'est passé au moment de la prière, la ville était presque déserte, quelques enfants jouaient dehors, la situation permettait donc d'accomplir cet acte heureusement avorté.» Il nous oriente ensuite vers une école à côté de laquelle se trouve la maison de la victime. Sur le chemin deux policiers nous interpellent: «Vos cartes professionnelles», nous martèle l'un d'eux, les cartes ont été présentées; «ce n'est pas suffisant, présentez vos autorisations et vos or-dres de mission»! Les deux policiers ne se sont pas rendu compte que la presse n'a pas besoin d'autorisation pour accomplir ses missions, mais insiste pour dire: «Il n'y a rien de toute façon, ce n'est pas dramatique et on ne peut pas vous donner des informations, il faut attendre un communiqué.» Ce communiqué n'est jamais arrivé dans la mesure où l'information sur la fuite de la mise en cause se confirme. Enfin, après insistance on nous laisse enfin poursuivre notre reportage. A la maison de la victime, un homme d'un certain âge se tenait debout devant la porte, après s'être présenté, il répond à nos questions: «Les parents sont à l'intérieur, je vais les avertir de votre présence. Quelques minutes après, c'est un proche qui vient nous demander de partir. Pour lui, le moment est mal choisi. La famille souhaite oublier ce qui s'est passé pour vivre une fête de mariage à laquelle ils sont venus assister. C'est à ce moment que nous avons compris que les parents de la victime habitent à Djebel El Ouahche. Malgré notre persévérance, aucun membre ne voulait faire une déclaration, même le proche de la victime qui avait soupçonné la femme auteure de la tentative d'enlèvement a préféré s'éclipser. Un autre proche nous ramène le petit. Au visage bien beau, sourire angélique avec de grand yeux bleus à la couleur du ciel, il s'approche à petits pas. Nous avons quand même réussi à lui arracher quelques mots malgré le refus de sa famille. «Je m'appelle Djoudi Hodni, j'ai 10 ans et je n'habite pas ici», avait -il répondu. Le petit ne connaissant pas la femme, il ajoute: «Elle m'a pris par la main, avec force et m'a entraîné, elle marchait trop vite.» Le petit ne réalise pas encore la gravité de l'acte, dont il a été victime quand il ajoute: «Ensuite elle m'a lâché.» L'auteure du crime a été démasquée par un jeune proche de la famille qui était en compagnie d'autres personnes, en voulant interpeller la femme, cette dernière prend la fuite et s'introduit à l'intérieur de la mosquée, elle n'a jamais été identifiée. C'est une histoire étrange, surtout que personne de la famille n'a voulu en dire plus. On nous invite à aller se renseigner à la police. Curieux quand même qu'un acte aussi grave soit autant banalisé, surtout que la plupart des enlèvements ont abouti à des drames irrévocables. La liste est de plus en plus longue. La dernière victime, après la petite Nihal qui a été décapitée, est celle du petit Anès Berdjem, disparu le 15 septembre dernier et retrouvé mort la semaine dernière. En neuf jours seulement, cette ville a été assommée par trois tentatives d'enlèvement. Si les cinq dernières tentatives enregistrées, à Constantine, Batna et Tizi Ouzou ont connu un aboutissement moins douloureux, les enlèvements de Nihal, Brahim, Haroun, Chaïma, Salah et Yacine, pour ne citer que les noms de ces victimes innocentes ont été un choc pour la société. Un phénomène nouveau qui ronge la société. La tentative d'enlèvement est considérée par la loi comme un acte criminel. Il est clairement stipulé que les coupable d'un enlèvement de mineur ou tentative d'enlèvement encourt une peine à perpétuité Les peines contre les enlèvements d'enfants prévues dans ce projet de loi, s'annoncent dans l'article 293 bis1: «Quiconque, par violences, menaces, fraude ou par tout autre moyen, enlève ou tente d'enlever un mineur de moins de 78 ans, est puni de la réclusion à perpétuité.» Il est également stipulé: «Si la personne enlevée a été soumise à des tortures corporelles ou si l'enlèvement avait pour but le paiement d'une rançon ou si la victime décède, le coupable est passible de la peine de mort.» L'article 294 stipule: «Le coupable ne bénéficie pas des circonstances atténuantes prévues par le Code pénal.» L'acte de la coupable est donc très grave pour qu'il soit sous-estimé aussi bien par la famille de l'enfant que par les hommes qui représentent la loi.